JOURDAIN Claude, Albert.

Par Maryse Willem

Né 28 décembre 1926 à Fourmies (Nord), mort le 29 juin 1984 à Fourmies ; mécanicien de four à la verrerie de Fourmies « la Société Française Nord-Verre » ; militant de l’ACO, de la CFTC puis permanent de la CFDT ; militant socialiste.

Claude Jourdain était originaire d’un milieu ouvrier de la région de Fourmies. Son père, Albert, Raoul né en 1900 à Saint-Hilaire-sur-Helpe fut d’abord menuisier puis représentant de commerce en salaison jusqu’à sa mort en 1929. Sa mère, Marie-Madeleine Maillard née en 1903 à Fourmies, était ouvrière en filature et catholique pratiquante. Son grand-père paternel fut maître de carrière puis charpentier. Claude Jourdain était fils unique jusqu’au remariage de sa mère qui lui donna un frère et une sœur. Il obtint son CEP en 1938, puis après un intermède du à la Seconde Guerre mondiale, il reprit ses études en 1943, en cours du soir et obtint un CAP d’électricien en 1944 et un CAP de menuisier en 1946.

Il épousa en juin 1952 Thérèse, Marguerite Hardy née en 1928 à Trélon, ouvrière en bonneterie pendant neuf ans puis tresseuse en manufacture de corde pendant trois ans, toujours à Trélon. Son épouse était militante jociste (JOCF) et syndicaliste CFTC puis CFDT. Elle était la fille d’une fleuriste et du jardinier des comtes de Mérode, châtelains de Trélon. De ce mariage naquirent quatre enfants (trois fils en 1955, 1956, 1959 et une fille en 1962). Tous deux, après leur mariage, militèrent à l’Action catholique ouvrière (ACO) à Fourmies.

Jourdain entra vers l’âge de seize ans dans la vie professionnelle. Il fut un temps apprenti pâtissier en attendant de trouver un emploi qui lui convint. Son premier poste, en avril 1943, fut mécanicien dans l’entreprise Meunier (mécanique de précision) qui dépannait, réparait, modernisait, à la demande des usines du secteur. Ce fut là, dès 1944, qu’il adhéra à la CFTC. Il y resta jusqu’en 1947 date à laquelle il fut appelé au service militaire. De retour en avril 1948 Jourdain fut embauché par la société Nord-Verre. Claude Jourdain avait été un syndicaliste actif dès 1944. Alors qu’il était à la verrerie, il se rendait tous les quinze jours à Paris pour participer à l’élaboration de la convention collective pour le verre et la chimie. Il fut le délégué syndical CFTC de son entreprise jusqu’à sa fermeture en novembre 1958. Les six mois suivants le virent sur les routes car il fut employé en qualité de-, mortaiseur aux Ateliers de constructions mécaniques de Maubeuge. Puis il retrouva du travail à Fourmies, il était régleur dans une fabrique de bas Nylon, les Établissements Bouly qui le licencièrent en septembre 1962. Son militantisme syndical gênait ses employeurs qui cherchèrent à le dissuader de le poursuivre puis lui reprochèrent de mauvais réglages. Ce fut l’affrontement entre le patron Bouly et Jourdain soutenu par l’inspecteur du travail qui demandait sa réintégration qui lui fut refusée. L’affaire fut devant les Prud’hommes pendant près de deux ans. Le 30 juin 1964, Bouly campant sur ses positions fut condamné à lui payer son salaire depuis le licenciement. Mais Jourdain ne toucha pas ce qu’il aurait dû car la firme se déclara en faillite. Le taux de cotisation syndical de Claude Jourdain lui garantissait 80 % de son salaire en cas de licenciement abusif ; cependant ne voulant pas profiter de ses indemnités syndicales sans contrepartie, il vint aider E. Leduc alors permanent à Fourmies.

Dans les années 1960-1973 il s’investit dans les actions de formation syndicale sur l’ensemble du secteur Maubeuge-Fourmies qui manquait de volontaires pour suivre ces stages (essentiels pour l’extension des sections d’entreprises CFDT) : Jourdain devint permanent à temps complet en juillet 1964 en remplacement d’E. Leduc, soit un an après le départ de celui-ci pour Maubeuge. Il le resta jusqu’en mai 1973, mais à mi-temps les trois dernières années assurant surtout des permanences. Parallèlement, il était à mi-temps (à partir de mai 1970) employé à l’Institution de Retraites Complémentaires Interprofessionnelles de la Région Nord (IRCI-Nord) ; puis à plein-temps de 1973 à fin 1977. Le 1er janvier 1978, il se fit mettre en préretraite rémunéré par les ASSEDIC.

À ce moment, il avait déjà orienté son énergie vers l’action politique dans laquelle il allait s’investir de plus en plus. Il avait pris ses premiers engagements lors des élections municipales de 1953 à Trélon, il a été élu sur une liste d’intérêt communal dont la tête de liste était SFIO (G. Mailly).
Cette victoire SFIO était un cas un peu spécifique dans la région puisque en 1958 pour les dix communes urbaines de la 21e circonscription du nord, dont faisait partie Trélon, les gaullistes étaient prépondérants avec A. Moulin comme député ; en 1962 et 1968 également. D’ailleurs en 1962 le canton de Trélon avait lui aussi une majorité gaulliste (cela malgré le désistement de la SFIO en faveur du PC) avec M. Beaumez qui devint maire de la commune en 1965 (et le resta jusqu’en 1989). Il fallut attendre les législatives de 1973 pour voir la gauche avec C. Naveau (PS) conquérir le siège de député de la circonscription. En 1978, c’est le communiste Marceau Gauthier qui lui succéda grâce au retrait de Naveau entre les deux tours. En 1976, Jourdain fut élu conseiller municipal à Fourmies. En effet, le socialiste G. Lassalle, maire de Fourmies, démissionna pour laisser sa place à M. Moreau (PS) Les élections qui s’en suivirent virent la victoire de C. Jourdain et d’A. Dupont (PC). Le renouvellement des mandats municipaux avait lieu l’année suivante, Jourdain devint l’un des adjoints du nouveau maire communiste F. Pêcheux, de 1977 à 1983. Puis en juin 1981, aux élections législatives, Marcel Dehoux (PS) fut élu dans la 21e circonscription avec Jourdain comme suppléant. Enfin, s’impliquant plus encore dans la vie locale, en mars 1982 Jourdain devint conseiller général du canton de Trélon, succédant à M. Gauthier qui, après trois mandats consécutifs à partir de 1964 avait décidé de ne pas se représenter. En 1976, Gauthier avait fait son meilleur score à Fourmies où il était adjoint au maire. Cependant malgré cette pérennité du PCF, en 1982 Jourdain devança cette fois le candidat communiste A. Dupont. Il consacra toute la fin de sa vie à l’action politique. Alors député suppléant il fut dès 1981 administrateur de la CAF de Fourmies, de l’hôpital de Liessies, puis en tant que conseiller général, il devint administrateur du « Syndicat mixte pour le développement de la Thiérache ».

Ses concitoyens l’ont honoré en donnant son nom à une place de Fourmies, à l’intérieur de la résidence Malakoff (cette place était autrefois le siège d’une filature du même nom), et à Trélon un foyer « Claude Jourdain » accueille des handicapés adultes (rue R. Salengro).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136841, notice JOURDAIN Claude, Albert. par Maryse Willem , version mise en ligne le 3 mai 2011, dernière modification le 3 mai 2011.

Par Maryse Willem

SOURCES : Témoignage de Mme Thérèse Jourdain, l’épouse de Claude, et les différents documents familiaux et professionnels qu’elle détient. — Archives de l’IUB-CFDT de Maubeuge. —. Archives de La Voix du Nord. — Bulletin du conseil général du Nord. — Ouvrage de J. Mossay sur l’arrondissement d’Avesnes (1959).

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