LANDRÉA Ali, André, Jean.

Par Jacques Girault

Né le 21 mai 1920 à Paris (XIVe arr.), mort le 14 octobre 1985 à La Madeleine (Nord) ; journaliste puis instituteur ; militant syndicaliste ; militant communiste dans le Nord, conseiller municipal de Lille puis de La Madeleine.

Son père, jardinier-arboriculteur aux usines de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), puis ouvrier à la cimenterie de Feuchy (Pas-de-Calais), délégué du personnel sous le Front populaire, adhéra au Parti communiste à la fin des années 1930. Sa mère, femme de ménage, était, selon son fils, une « communiste acharnée ».

Ali Landréa passa sa jeunesse à Pelves (Pas-de-Calais). Pendant six ans, il fut pensionnaire à l’école primaire supérieure d’Arras. Avec Jacques Estager, il découvrit le marxisme puis entra à l’École normale d’instituteurs d’Arras en 1939. Lecteur de l’Humanité, membre fondateur d’un groupe de jeunes communistes, diffuseur de l’Avant-Garde, il organisa des quêtes pour aider les républicains espagnols. Il aida aussi des ouvriers en grève à rédiger leurs revendications et le projet de convention collective.

Il adhéra à l’organisation clandestine communiste en février 1941. Nommé instituteur à Douai, il participa à la rédaction et à la distribution de tracts à Douai. Inscrit à la faculté des lettres de Lille, il obtint le certificat d’histoire moderne et contemporaine. En contact avec Roger Pannequin, il fut le responsable du Front national en 1942 et 1943 dans le secteur de Lens sous le pseudonyme d’« Antoine » et fut un des dirigeants du FN et des jeunesses communistes dans la région de Douai. En 1942, requis pour le STO, plutôt que partir en Allemagne, il travailla comme manœuvre dans la cimenterie de Biache-Saint-Vaast. Il obtint en 1943 d’enseigner l’histoire au collège de Douai et continua son activité clandestine.
Landréa effectua en mai 1945 et pendant cinq mois son service militaire dans l’infanterie comme soldat de deuxième classe.

Il se maria en mai 1948 à Lille avec une future employée, Denise Lenain, fille d’un ouvrier métallurgiste et de Madeleine Devernay, directrice d’école maternelle, tous deux communistes. Le couple eut deux enfants puis divorça. Il se remaria en juillet 1959 à Lille.

Ali Landréa fut un des rédacteurs de la presse clandestine dans le Nord (La Pensée française). À la Libération, il demeura journaliste et rédacteur à Liberté, quotidien communiste du Nord. Membre du bureau du syndicat CGT des journalistes, il suivit les cours de l’école des journalistes d’Arcueil (8-24 avril 1946). La direction dans son appréciation indiquait : « très travailleur, touffu, abstrait, coupe les cheveux en 4, ne semble pas très doué pour le journalisme ». Il suivit en décembre 1946 une école centrale de politique extérieure à Viroflay. Il conserva son activité journalistique jusqu’en 1947.

Ali Landréa entra alors au secrétariat permanent de la fédération communiste et y resta du début de 1947 jusqu’en janvier 1948. Il indiquait plus tard avoir été sanctionné pour avoir « contribué à renforcer les courants sectaires ». Il fut condamné en 1952 après la manifestation contre Ridgway.

En février 1949, il devint secrétaire permanent de France-URSS dans le Nord. Il fit cette année-là un premier voyage en URSS. Il perdit cette responsabilité en 1952 pour devenir membre du bureau national de France-URSS, chargé de la revue et du centre culturel et économique. Il connut des difficultés avec les autres militants de ce secteur mais conserva cette fonction jusqu’en 1954 tout en suivant l’activité de l’association dans la région (Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Somme et Ardennes). Il devint alors simplement membre du comité national de l’organisation tout en demeurant secrétaire départemental de France-URSS.

Landréa reprit alors un poste d’instituteur en novembre 1954 à la demande du secrétariat national du PCF. Il adhéra au Syndicat national des instituteurs et, parallèlement, il militait dans le bureau de l’amicale laïque. Instituteur en collège d’enseignement général, du milieu des années 1960 au milieu des années 1970, animateur du courant « Unité et Action », il devint membre du conseil syndical et du bureau syndical de la section départementale du SNI. Pour l’élection du bureau national du SNI en décembre 1965, il figurait en onzième position sur la liste "Pour un SNI toujours plus uni, toujours plus fort" conduite par Alfred Sorel. Il fut à nouveau candidat en 1967 en vingt-deuxième position sur la liste “Pour l’unité , l’action, l’efficacité du SNI“. Lors du congrès national du SNI , il intervint dans la discussion du rapport moral, le 22 novembre 1968 pour critiquer “la volonté de destruction de l’appareil” de certains militants. A la fin des années 1960, il fut élu comme délégué syndical dans les instances paritaires. Il occupait alors les fonctions de professeur d’enseignement général des collèges.

Ali Landréa habitait Fives-Lille jusqu’en 1950 puis Lille où il fut élu conseiller municipal le 19 octobre 1947 en seizième position dans l’ordre du tableau. Il fut membre des commissions de l’Instruction publique, des bibliothèques, musée, conservatoire et de Caisse des écoles. Réélu le 5 juin 1953, en 36eme position dans l’ordre du tableau, il fut membre de plusieurs commissions (Instruction publique, bibliothèques, Beaux-arts, théâtres, Sport et éducation physique) du conseil d’administration de l’institut Pasteur et du conseil de perfectionnement du collège technique Baggio. A nouveau réélu, le 8 mars 1959, en 30eme position, il fut membres de plusieurs commissions (Instruction publique, bibliothèques, Beaux-arts, théâtres, Sport et éducation physique, Familles, contrôle de la gestion financière des théâtres municipaux), du conseil de perfectionnement du collège technique Baggio, du conseil d’administration de l’école de plein air Désiré Verhaeghe, et suppléant de la commission paritaire du personnel communal. Il ne fut pas élu en 1965 en septième position sur la liste communiste et en 1971 en quatrième position. En 1977, il était le chef de file des candidats communistes sur la liste de gauche à La Madeleine où il habitait désormais. En 1983, il fut un des six élus communistes sur la liste d’union de la gauche à La Madeleine et siégea dans les commissions « Éducation », « Famille » et « Logement ». Lors de l‘installation du nouveau conseil municipal, le 13 mars 1983, il s’exprima au nom de ses camarades communistes qui entendaient opposer à la gestion municipale de la droite une politique de « défense de l‘emploi », de lutte « contre le chômage » et « être constamment à l’écoute de la population ».

Landréa fut candidat aux élections pour le Conseil général dans le canton de Lille-Sud, puis à Lille-Sud-Ouest en 1961, à Lille-Nord en 1976 (1 851 voix, troisième position), en 1982 à Lille-Nord. Il avait été candidat aux élections sénatoriales en mai 1958. Il fut candidat aux élections législatives en novembre 1958 dans la deuxième circonscription (sur 51 575 inscrits, il obtint 5 922 voix puis 5 506 voix au deuxième tour), en 1962 (indiqué « Landrie » dans la presse, 5 470 voix sur 45 742 inscrits). En 1967, candidat communiste dans la première circonscription, il obtint, sur 45 741 inscrits, 5 153 voix. Resté seul candidat face au député UNR sortant, il obtint 11 066 voix. A nouveau candidat en 1968, il réunit 4 831 voix sur 45 473 inscrits. Il fut le suppléant d’Alain Bocquet, candidat communiste, dans la troisième circonscription en 1973.

Il devint membre du comité de la fédération communiste en 1956. Responsable de la commission de l’enseignement, il en demeura membre jusqu’en 1974 tout en étant membre du comité de la section communiste de Lille. Il fut membre du secrétariat de cette section au début des années 1980 puis de la section communiste de La Madeleine.
Il animait l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance et en devint le secrétaire général de la section départementale.

Après son décès, le maire de La Madeleine, le 21 octobre 1985, ouvrit la réunion du conseil municipal en rendant hommage au « militant politique sincère » qui avait « toujours fait preuve d’un esprit de tolérance » et qui était apprécié « lorsqu’il faisait parti [sic] de commissions extra-municipales »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136848, notice LANDRÉA Ali, André, Jean. par Jacques Girault, version mise en ligne le 3 mai 2011, dernière modification le 25 mai 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. mun. Lille et de La Madeleine (Benoît Jacquart). — Archives du comité national du PCF. — Presse locale et nationale. –— Presse syndicale. — Notes d’Alain Bocquet, d’Odette Hardy-Hémery.

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