COUVRI Marcel

Par Daniel Grason

Né le 30 mars 1893 à Laval (Mayenne) ; chaudronnier ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; déporté.

Marcel Couvri se maria en 1919 avec Emilie Vincente, à Toulon (Var), ils eurent deux enfants. Le couple habitait 30, avenue de la Redoute, à (Asnières, Hauts-de-Seine). Marcel Couvri fut volontaire en Espagne républicaine, il partit à une date inconnue, fut rapatrié le 24 juin 1937 pour des raisons de santé et en raison de son âge, quarante-quatre ans.

En 1940, il était chômeur, Marcel Couvri fut arrêté le 27 novembre par trois policiers de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat d’Asnières. Des tracts et des papillons du parti communiste furent découverts à son domicile. Il fut inculpé pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, détention de tracts en vue de leur distribution. Tous les jours, les policiers perquisitionnaient, parfois sur dénonciation. Deux militants d’Asnières et un de Gennevilliers furent appréhendés dans la même période : Louis Regobis le 27, Bernard Jugault le 29 et Martial Barbary le 26.

Dans son rapport hebdomadaire du 2 décembre 1940, la Direction des renseignements généraux indiquait que dans la semaine écoulée cinq militants communistes spécialisés dans la diffusion des tracts et l’apposition de papillons à Asnières et à Gennevilliers étaient mis en état d’arrestation. Depuis juillet 1940, il y eut près d’un millier d’arrestations.

Marcel Couvri fut conduit au dépôt où il resta quinze jours. Condamné à quatre mois de prison, il fut incarcéré à Fresnes. Sa libération était prévue le 1er mars 1941, il fut maintenu au dépôt, puis dirigé sur le camp d’internement d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), où il resta avant d’être transféré à celui de Voves (Eure-et-Loir) qu’il quitta le 10 mai 1944 pour Compiègne. Le 21 mai un convoi prenait la destination de Neuengamme (Allemagne), il arrivait à destination le 24.

Emilie Couvri témoigna, le 28 mars 1945 devant la commission d’épuration de la police, face au commissaire d’Asnières. Elle fit part de ce qu’elle avait enduré depuis l’arrestation de son mari : « J’avais une place de concierge, j’ai été mise à la porte. Nous avons traîné la misère pendant deux ans avec ma fille. Ensuite, à chaque instant il venait des policiers à la maison. J’ai eu une autre perquisition. J’ai été hospitalisé à [l’hôpital] Trousseau pendant deux ans et demie ; ma fille marchait pieds nus. Nous sommes tombés si bas que des amis ont eu la gentillesse de nous faire rentrer à l’hôpital où nous avons pu nous remonter un peu ».

Elle gardait espoir quant au retour de son mari : « Mon mari est très estropié. La dernière fois que je l’ai vu à Voves, il était très mal. Quand il reviendra, il sera incapable de travailler. Le jour du procès, il avait la tête tellement enflée, que je ne l’ai reconnu qu’à ses vêtements » Le commissaire affirma qu’il n’avait pas eu connaissance de tels faits dans son commissariat.

Très courageuse, elle rapporta face à deux des inspecteurs responsables de l’arrestation de son mari de l’état dans lequel il était : « Il m’a dit avoir été frappé par les inspecteurs. Lorsque je l’ai vu, il avait la tête enflée par les coups reçus » ; « Il a été frappé au commissariat d’Asnières, le jour du jugement, mon mari était méconnaissable, ce n’est que grâce à ses vêtements que je l’ai reconnu ».

L’armée britannique libéra le camp de Neuengamme le 4 mai 1945. Marcel Couvri, matricule 30387 disparut dans l’enfer concentrationnaire, sur deux mille quatre hommes de ce convoi, il y eut 50 % de morts, 11 % dont le sort resta inconnu, 39% rentrèrent. Son nom fut gravé sur le monument aux morts de la ville d’Asnières, à la mémoire des asniérois morts au combat, en captivité ou en déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136856, notice COUVRI Marcel par Daniel Grason , version mise en ligne le 3 mai 2011, dernière modification le 17 juin 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : RGASPI 545.2.112, BDIC mfm 47. – Arch. PPo, BA 2374, BA 2397, CB 81 24, PCF carton 10, KB 61, KB 64, KB 100. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Site Internet GenWeb.

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