LAPORTE Fernand, Paul

Par Claude Collin, Jacques Girault

Né le 3 octobre 1921 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 29 juillet 2014 à Grenoble (Isère) ; professeur ; militant syndicaliste du SNETP-CGT ; militant communiste en Isère, conseiller municipal de Fontenay-aux-Roses (Seine)

Fils unique d’un conducteur de travaux, ayant « presque le statut d’ingénieur », (indiqué « dessinateur » sur le registre de naissance) dans une entreprise de travaux publics, Fernand Laporte eut « un minimum d’éducation religieuse ». Après avoir obtenu, en 1939, le baccalauréat préparé au lycée des Jacobins à Toulouse, il suivit les cours de première supérieure, et parallèlement, entama des études d’Histoire à la Faculté des Lettres de Toulouse où il obtint des certificat de licence. Il voulait s’orienter vers l’histoire du Moyen-Orient et avait commencé des études d’assyro-babylonien.

Fernard Laporte fréquentait depuis 1939 un cercle de discussion, le « cercle du Vendredi » animé par des étudiants communistes. Devenu étudiant communiste à Toulouse en décembre 1940, en rapport avec André Barjonnet*, puis avec Jean Suret-Canale*, en 1941-1942, il participa à l’hébergement de militants clandestins, à la rédaction et à la diffusion de tracts en liaison avec Arthur Giovoni qui avait été déplacé à Rodez (Aveyron). Il fut arrêté puis libéré lors de la manifestation patriotique du 14 juillet 1942. Il tenta de rejoindre l’Afrique du Nord par l’Espagne et fut arrêté en novembre 1942. Emprisonné à Miranda de Ebro, près de Bilbao, jusqu’en juillet 1943, libéré, il rejoignit, par le Portugal, Casablanca et s’engagea dans l’armée. Avec l’accord d’André Marty, dirigeant communiste en Algérie, en septembre 1943, désertant l’armée régulière, il participa avec le « Bataillon de choc » au débarquement en Corse, retrouva Giovoni et adhéra au Parti communiste à Ajaccio à la fin de novembre 1943. Après avoir reçu une formation militaire en janvier-mars 1944, devenu sergent puis sous-lieutenant dans un régiment de spahis, en avril, il suivit une école de cadres militaires sous la responsabilité du général de Lattre de Tassigny. Il s’agissait de préparer la libération de la métropole en assurant des liaisons fortes avec les maquis. Formé par l’armée britannique, au début de juillet, parachuté près de Dieulefit (Drôme), il demanda à rejoindre les FTPF. A la tête d’une compagnie FTPF, il participa à la libération de Montélimar. Intégré dans les FFI, muté à l’école militaire d’Uriage en septembre 1944 dans le cadre de la préparation de l’intégration des cadres de la Résistance dans l’armée régulière, adjoint du responsable du bureau d’études élaborant la doctrine de l’amalgame, il fut chargé d’encadrer des stages de formation destinés aux cadres résistants. Lieutenant, il prit part à la campagne d’Alsace. Resté dans l’armée active à partir de janvier 1946, affecté sur le terrain d’aviation d’Aix-les-Bains puis dans un caserne de Chambéry, il la quitta en avril 1947.

Fernand Laporte se maria en juillet 1945 à Saint-Martin-d’Uriage (Isère) avec Edwige Bellino, fille d’un comptable, militante communiste, résistante qu’il avait connue au centre d’Uriage, ambulancière sur le front d’Alsace. Le couple eut un enfant, habita Clamart puis Fontenay-aux-Roses en banlieue Sud.

Sa licence étant incomplète, Fernand Laporte devint maître auxiliaire d’histoire au lycée technique d’Annecy (Haute-Savoie). A Uriage, il avait rencontré des futurs dirigeants de « Peuple et Culture ». Il devint instructeur dans ce mouvement avec lequel il encadra des stages d’étude du milieu et des questions du tourisme. Il forma ainsi des animateurs de PEC. Il resta membre du bureau de « Travail et Culture » tout en restant membre du PCF, situation devenue difficile quand Dumazedier et Cacérès s’éloignèrent du PCF. Il quitta PEC en 1951. Après avoir donné des cours dans une école dépendant du ministère du ministère de l’Armement, il dirigea un établissement pour enfants caractériels à Senlis (Oise) où sa femme enseignait. Puis il entra à l‘Ecole normale nationale d’apprentissage de Paris en 1952-1953 et fut nommé professeur de lettres dans un centre d’apprentissage de Montrouge (Seine). Après avoir réussi au concours, il devint en 1959 inspecteur de l’enseignement technique dans l’académie de Grenoble (Isère) où ses conceptions pédagogiques avancées rencontrèrent des hostilités.

Fernand Laporte, ayant rejoint « Peuple et Culture », milita à partir de 1947 au syndicat CGT des personnels de l’éducation populaire et fit partie de son conseil d’administration national en 1948. Entré dans l’enseignement technique, membre du Syndicat national de l’enseignement technique CGT, il fut membre du secrétariat de l’organisation pour la région parisienne en 1950-1951. En Isère, secrétaire départemental du SNET-Formation professionnelle de 1975 à 1978, il fut membre du conseil syndical académique.

Fernand Laporte fut secrétaire de la cellule communiste de l’ENNA, rue de la Roquette, dans le XIeme arrondissement de Paris en 1952-1953. Après avoir été secrétaire d’une cellule communiste du Petit Clamart, Laporte, habitant Fontenay-aux-Roses, devint membre du secrétariat de la section communiste de 1950 à 1959, animant la commission « éducation et presse ». Il fut élu conseiller municipal de Fontenay-aux-Roses en 1953. Son épouse travaillait à la mairie de Bagneux comme directrice du secteur de l’enfance.

Habitant Grenoble, Fernand Laporte devint membre du secrétariat de la section communiste de Grenoble-centre. Son épouse devint la collaboratrice du comité d’entreprise de Merlin-Gérin à Grenoble. Ayant suivi le stage central d’éducation, il entra au comité de la fédération communiste en 1963. Responsable fédéral de l’éducation, après avoir suivi l’école d’un mois, il fut membre du bureau fédéral de 1965 à 1982 et fut responsable de la commission des intellectuels et de l’enseignement.

Candidat au Conseil général dans le canton Grenoble-Nord en 1970, Fernand Laporte arriva en deuxième position avec 2 364 voix et fut battu au deuxième tour avec 4 371 voix. Élu au conseil municipal de Grenoble sur une liste d’Union de la gauche en 1977, il fut l’adjoint à l’éducation de Hubert Dubedout de 1977 à 1983.

Fernand Laporte dirigeait l’Université nouvelle à Grenoble et fut aussi président de Travail et culture en Isère.

Redevenu membre du seul comité fédéral, Fernand Laporte quitta le PCF en 1987 (« ou fut quitté par lui ! » selon ses propos) après avoir soutenu la candidature de Pierre Juquin aux élections présidentielles. Il vécut cette situation très douloureusement, mais il déclarait en 2010 garder un « attachement aux communistes, notamment ceux connus dans la Résistance, en dépit des aléas de [ma] vie militante. »

Fernand Laporte adhéra à l’Association Démocratie Écologie Solidarité, regroupement grenoblois d’écologistes et d’anciens militants d’extrême-gauche largement responsable de la chute d’Alain Carignon. Par ailleurs, il garda des responsabilités à Travail et Culture et, à la Ligue de l’enseignement, anima un groupe d’aide au développement de la lecture chez les personnes âgées. Il s’investit surtout l’Association sportive du troisième âge, créée dans les années 1960 avec le soutien de la municipalité Dubedout, animant le secteur « marche en montagne ». (« C’est ce qui m’a aidé à surmonter le coup de bambou qu’a constitué ma rupture avec le PC. » estimait-il). Il devint très vite membre du conseil d’administration, puis du bureau et enfin président. Il organisa la formation des « commissaires de marche », veilla à ce que des femmes prennent des responsabilités dans l’association, planifia des sorties pour les plus apte. Quand il ne put plus poursuivre physiquement ses activités au sein de l’ASTA, il consacra du temps à l’évocation de la Résistance auprès de publics scolaires, tant dans le cadre de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance que dans celui de la Ligue de l’enseignement (« Résistance en chemin »).

Mort 29 juillet 2014, ses obsèques eurent lieu dans la stricte intimité familiale. L’annonce parue dans le Monde du 5 août 2014 le disait père de trois fils : Pierre, Lionel et François.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136874, notice LAPORTE Fernand, Paul par Claude Collin, Jacques Girault, version mise en ligne le 4 mai 2011, dernière modification le 25 août 2021.

Par Claude Collin, Jacques Girault

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — « De la Résistance aux Forces françaises libres », (témoignage recueilli par Claude Collin), Guerres mondiales et conflits contemporains n° 240, octobre-décembre 2010, p. 113 à 139. — Entretien de Claude Collin avec Fernand Laporte (29 mars 2011). — Note de Gérard Montant.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable