ANGELARD Lucien

Par Daniel Grason

Né le 20 septembre 1911 à La Charité (Nièvre), mort le 4 avril 1945 à Ellrich (Allemagne) ; infirmier ; militant communiste ; résistant FTP ; déporté.

Lucien Angelard
Lucien Angelard

Fils de François Angelard, ferblantier, et d’Henriette, née Robillet, lingère, Lucien Angelard se maria en 1933 avec Jeanne Bedut à Pavillons-sous-Bois, ils eurent un enfant. Ils habitaient 14, avenue Eugène Fromentin à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). Titulaire du certificat d’études primaires, serrurier de profession, il travailla dans différentes entreprises. Le 12 février 1935, il entra à l’asile de Ville-Evrard situé dans la ville où il demeurait et y fut infirmier. En 1937, il donna son adhésion au parti communiste à la cellule d’entreprise, sans y occuper de fonction. Syndiqué à la CGT, il collectait les timbres des adhérents.

Jeanne Angelard, était née le 18 août 1909 à Crèvecœur-sur-Escaut (Nord), de Edmond et Eugénie, née Prince. Infirmière de profession, elle travaillait à Ville-Evrard et n’avait pas d’activité syndicale ou politique.

Dépendant du centre de recrutement de Cherbourg (Manche), Lucien Angelard fut mobilisé le 18 septembre 1939 dans la Marine à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), puis démobilisé le 27 juillet 1940, à Toulon (Var). Il reprit son travail d’infirmier, s’occupa de la propagande syndicale clandestine dans l’établissement, repéré, il fut suspendu de son emploi, puis révoqué. Il dut pour faire vivre sa famille aller travailler dans des fermes, dans l’Oise et le Cher jusqu’en 1943.

À la fin avril 1943, de retour, par l’intermédiaire d’anciens camarades, il entra au parti communiste clandestin. Il devint adjoint au commissaire politique régional de la banlieue Est de Paris, il prit le pseudonyme de Hove. Sa tâche principale consistait à proposer à des membres du Front national d’entrer dans les FTP.

À la suite d’une série d’arrestations, Lucien Angelard par mesure de précaution fut envoyé fin août 1943 en Sologne. Louis Chapiro dit Lagarde et Lucien Angelard étaient chargés d’organiser un maquis dans le secteur de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). Ils allèrent finalement à une vingtaine de kilomètres de là, à Brinon-sur-Sauldre (Cher), ils prirent contact avec un châtelain patriote qui mit ses bois à leur disposition. Ils y construisirent des abris, des habitants tentèrent de recruter des maquisards, ce fut un échec. De plus Chapiro et Angelard ne disposaient d’aucun matériel permettant d’armer des jeunes réfractaires au STO.

En décembre, il rentra à Neuilly-sur-Marne et retrouva Henriette, sa femme. Il prit contact avec Adolphe Legeay, pseudonyme Mariel, commissaire aux effectifs interrégional. Il devint son adjoint, chargé de contrôler quatre régions, puis commissaire aux effectifs à l’inter région 31.

En mars 1944, lors d’un rendez-vous qu’il avait avec un commissaire militaire interrégional, des inspecteurs de police firent irruption, tirant en leur direction. Lucien Angelard riposta, tira deux balles de 7,65 m/m et s’échappa. Il ne rentra pas à son domicile, mais dans une chambre 24, voie Monsigny, à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) qu’il avait loué, depuis février au nom de Lavergne. Il se rendit en vain à plusieurs rendez-vous de repêchage.
Il rencontra deux mois après, un camarade, Lucien Angelard devait être nommé commissaire aux effectifs dans une région. Le contact devait être rétabli dans une rue de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), il s’y rendit. Il remarqua un véhicule Citroën en stationnement et plusieurs personnes aux alentours qui lui paraissaient suspectes. Craignant d’avoir affaire à des policiers, il ne resta pas sur place. Méprise… ceux qui lui avaient paru suspects étaient des FTP dirigés par Georges Schlepp* et Albert Mansion*.

Des policiers se présentèrent à plusieurs reprises au domicile de Neuilly-sur-Marne demandant Lucien Angelard. Henriette ignorant l’essentiel de son activité craignait son internement. À la mi-juin, le couple quitta Neuilly-sur-Marne pour un pavillon meublé, 4, rue du Cap à Créteil (Seine, Val-de-Marne).
Le vendredi 7 juillet 1944, quatre policiers de la brigade spéciale n° 2 surveillaient dès cinq heures du matin, le moindre mouvement dans le pavillon. Vers neuf heures trente, alors qu’il était dans le jardin et s’apprêtait à franchir la grille de sortie, il fut interpellé. Il prit la fuite dans la rue, une course poursuite s’engagea sur six cent mètres, accompagnée d’échanges de coups de feu, ni Lucien Angelard, ni les policiers ne furent blessés, il se rendit.
Il fut désarmé, son pistolet 7,65 m/m Eibar contenait trois cartouches, sa femme Henriette également arrêtée. Rien ne fut trouvé ni sur lui, ni sur elle, ni au domicile de Créteil, pas plus qu’à celui de Vitry-sur-Seine. Ils furent emmenés dans les locaux des brigades spéciales. Les policiers annoncèrent à Lucien Angelard qu’il était recherché depuis un an pour son activité de commissaire aux effectifs. Sa femme fut considérée comme complice ayant à deux reprises demandé à une amie de prêter son pavillon qui servit à des réunions de résistants.

Lucien et Jeanne Angelard furent déportés le 15 août 1944. Le convoi partit de la gare de Pantin, les installations de la gare de l’Est ayant été détruites par la Résistance. Lucien Angelard arriva le 20 août à Buchenwald (Allemagne), il fut transféré à Dora, et décéda à Ellerich, le 4 avril 1945. Son acte de naissance porte Nordhausen comme lieu de décès. Jeanne Angelard prit la direction de Ravensbrück, puis Schönefeld, elle fut libérée en avril 1945.
Le ministère des anciens combattants accorda la mention « Mort pour la France » à Lucien Angelard, il a été homologué membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et Déporté, interné, résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136886, notice ANGELARD Lucien par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 mai 2011, dernière modification le 1er juillet 2020.

Par Daniel Grason

Lucien Angelard
Lucien Angelard

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 16, 77 W. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Bureau Résistance GR 16 P 13607. – JO n° 60 du 11 mars 1988. – Site GenWeb. – État civil, La Charité.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 190.

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