SAVINKOV Lev Borissovitch

Par Daniel Grason

Né en 1912 à Paris ; chauffeur de taxi ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Il était le fils d’Evguenia Silberberg et de Boris Viktorovitch Savinkov, dirigeant des Socialistes révolutionnaires russes, responsable de plusieurs attentats contre le régime tsariste. Lev (Lion) ne fut pas reconnu par son père. Celui-ci vivait sous une fausse identité, craignant du fait de l’alliance franco-russe, l’extradition.
En 1917, Boris Savinkov père de Lev, né en 1879 à Kharkiv fut l’assistant de Kerenski, ministre de la défense. Il organisa après la fuite de Kerenski une armée populaire russe pour se battre aux côtés des troupes du dirigeant polonais Piłsudski contre les bolcheviks et aux cotés de Kornilov.
Après la consolidation du pouvoir des bolcheviks, il prit le chemin de l’exil en France. Il fut attiré dans un piège en Union soviétique, arrêté, jugé lors d’un procès à huis clos le 29 août 1924. Boris Savinkov était l’instigateur de l’attentat commis par Fanny Kaplan contre Lénine. Il fut condamné à mort, sa peine fut commuée en peine de dix ans d’emprisonnement à la Loubianka, la prison du NKVD. Les journaux soviétiques annoncèrent le 7 mai 1925 le suicide de Savinkov, il se serait jeté du quatrième étage dans la cour intérieure de la prison. En fait, il a été suicidé par des agents du NKVD.
Son fils Lev Borissovitch Savinkov vivait en France, il habitait 60, avenue Aristide-Briand, à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Il adhéra au Secours rouge en 1933 et à l’association des Amis de l’Union soviétique (AUS). Chauffeur de taxi, en 1934, il adhéra à la CGT, fut en relation avec Léon Depollier dit Girault. Il partit combattre en Espagne, le 20 octobre 1938, il adhéra au parti communiste. En étant adhérent au parti communiste, voulait-il éloigner les pressions des autorités soviétiques en France qui ne manquaient pas de s’exercer sur lui ?
En 1939, lors de la déclaration de guerre, Lev Savinkov s’engagea dans l’armée française. Selon l’écrivain Jacques-Francis Rolland : « En 1940, Lev Borissovitch Savinkov raccompagna Ilya Ehrenbourg à la gare de l’Est. Il porta la valise de l’écrivain qui prenait le train pour Moscou où il allait commencer son roman, La chute de Paris. Tous deux parlèrent de beaucoup de choses, de l’Espagne notamment. Lev Borissovitch avait dû sortir son revolver pour ne pas être rapatrié de force sur un cargo à destination d’Odessa ».
En mai 1944, un tract intitulé : « Adresse des travailleurs immigrés au Comité National de la Résistance » était rendu public. Un très long texte où les organisations signataires déclaraient : « En luttant pour la libération de la France, [nous préparons] un avenir de liberté [qui rendra] toujours plus étroits les liens d’amitié et de confiance avec le peuple français ». Les quatorze organisations signataires dont L’Union des patriotes russes en France, étaient toutes liées au mouvement communiste, la nouvelle association avait pris la suite de l’Union pour le rapatriement. Lev Savinkov fut chargé du travail parmi les russes de l’armée Vlassov et ceux qui étaient incorporés parfois de forces dans des unités qui combattaient aux côtés des nazis contre les résistants et les armées alliées.
En août 1944 avec un détachement de l’Union des patriotes russes, Lev Savinkov plantait le drapeau rouge au-dessus de l’entrée de l’ambassade Soviétique, rue de Grenelle à Paris. L’Union des patriotes russe joua un rôle actif pour le rapatriement en Union soviétique des prisonniers russes qui étaient sur le territoire français.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136887, notice SAVINKOV Lev Borissovitch par Daniel Grason, version mise en ligne le 12 mai 2011, dernière modification le 25 juillet 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. RGASPI 545.6.1554, BDIC mfm 880/42. – Arch. PPo, PCF carton 26. – Jacques-Francis Rolland, L’homme qui défia Lénine. Boris Savinkov, Éd. Grasset, 1989. – Georges-Henri Soutou & Emilia Robin (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, Presse universitaire de la Sorbonne, 1970. – Gaston Laroche (Boris Matline), On les nommait des étrangers. Les immigrés dans la Résistance, ÉFR, 1965.

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