LAURÉ Georges, Marius, Dominique

Par Alain Dalançon

Né le 17 février 1906 à Gèdre (Hautes-Pyrénées), mort le 6 mars 1984 à Paris (VIe arr.) ; professeur de l’enseignement technique ; militant syndicaliste, secrétaire général adjoint (1948-1949) puis secrétaire général du SNET (1949-1956), secrétaire général de la FEN (1956-1966).

Georges Lauré
Georges Lauré

Georges Lauré resta toujours attaché à ses Pyrénées natales, où son père était douanier et sa mère vendeuse d’eau minérale à la buvette de Cauterets (Hautes-Pyrénées). Il en avait gardé l’accent et une chaleur particulière.

Après l’école primaire, il fréquenta l’école primaire supérieure de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées), entra à l’École normale d’instituteurs d’Auch (Gers) en 1922, où il suivit la préparation militaire supérieure. Après avoir été instituteur dans son village natal en 1925-1926, il prit l’année suivante un poste de maître d’internat à l’école nationale professionnelle de Tarbes pour préparer le concours d’entrée à l’École normale de l’enseignement technique auquel il fut reçu dans la section EF (lettres-histoire-géographie) de la promotion 1927-1929. Georges Lauré eut l’occasion d’y compléter une solide culture et de nouer de durables relations avec certains de ses condisciples, dont Philippe Rabier, son cadet d’une année, élève de la promotion 1928-1930.

Après son service militaire, commencé en octobre 1929 à l’école de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) et terminé en mars 1931 à Auch avec le grade de sous-lieutenant, il épousa à Cauterets, le 20 septembre 1930, Marguerite Lacoste, ancienne élève de l’École normale d’institutrices de Tarbes (Hautes-Pyrénées), qui, après avoir été institutrice dans ce département, exerçait dans le Gers. Ils eurent deux enfants.

Alors que son épouse était en congé pour maladie pulmonaire, Georges Lauré demanda l’ENP de Tarbes, mais il fut nommé professeur de lettres en mars 1931 à l’ENP de Voiron (Isère) où il demeura en poste jusqu’en 1947.

Mobilisé en 1939 dans un régiment de Pionniers coloniaux comme lieutenant, il resta dans cette unité non combattante jusqu’en juillet 1940. Après sa démobilisation, il reprit son poste à Voiron tandis que son épouse était, depuis 1938, institutrice à Saint-Cassien où ils habitaient.

Il fut ensuite muté, en octobre 1947, au collège technique de Puteaux puis, à partir de 1948, à l’ENP de Saint-Ouen (Seine). Dispensé de service en raison de ses responsabilités syndicales à partir du 19 avril 1948, il fut « affecté pour ordre » en 1950, dans le même établissement, transféré et transformé en lycée technique du boulevard Raspail à Paris, où il termina sa carrière en 1966.

Selon ses rapports d’inspection et de nombreux témoignages, Georges Lauré s’imposait d’emblée, aussi bien auprès de ses collègues que de ses élèves, par son intelligence, la rigueur de ses démonstrations, son sens pédagogique, une grande présence, sa chaleur humaine : des qualités qui lui servirent beaucoup par la suite dans le syndicalisme enseignant, dont il fut une des principales figures pendant plus de deux décennies après la Seconde Guerre mondiale.

Membre dès le début de sa carrière professionnelle du Syndicat du personnel de l’enseignement technique, il avait été le responsable de la section de « la Nat » de Voiron dans les années 1930. Comme d’autres enseignants de l’école, il animait en outre une université populaire s’adressant notamment aux ouvriers des filatures. À la Libération, il redevint secrétaire de la section du nouveau Syndicat national de l’enseignement technique. Comme beaucoup de militants, il s’engagea avec enthousiasme dans l’œuvre de reconstruction et de rénovation démocratique de la France, esquissée dans le programme du Conseil national de la Résistance, dont les travailleurs unis dans la CGT devaient être des acteurs essentiels. Il saluait aussi le rôle de l’Union soviétique dans la victoire et pour la réconciliation des peuples et fit partie localement de l’association France-URSS.

Georges Lauré ne tarda cependant pas à prendre ses distances vis-à-vis de l’URSS de Staline, dénonça le coup de Prague et le rôle du Parti communiste français en France. Entré au bureau national du SNET au congrès de Pâques 1947, il critiqua l’attitude de la CGT lors des grèves de la fin de l’année et celle de la direction de son propre syndicat, dont Rabier, militant communiste, était redevenu le secrétaire général à son retour de captivité en 1945. À l’automne, il manifesta dans les réunions du BN ses sympathies en faveur du courant Force ouvrière, puis, au début de l’année 1948, il s’engagea passionnément en faveur du choix de l’autonomie du SNET et de la FEN, invitant les partisans du passage à la CGT-FO à se rallier à l’autonomie. Il était en effet partisan avant tout du maintien de l’unité du SNET, comme Rabier : en janvier 1948, les deux militants avaient en effet rédigé un texte signé par l’ensemble des membres du BN et voté à l’unanimité par la commission administrative, « Restons unis », paru dans Le Travailleur de l’enseignement technique.

Les résultats du référendum de 1948, dans le SNET, donnèrent une courte majorité à l’autonomie (46,9 % pour, 43,39 % en faveur du maintien à la CGT et 9,71 % pour le passage à la CGT-FO). Lauré s’affirma alors comme le principal militant « autonome » du syndicat, désormais réduit à sa branche écoles et services, en raison du maintien à la CGT de sa branche apprentissage. Lors du congrès national de Pâques 1948, il accepta cependant le partage de la direction du SNET entre cégétistes et autonomes, Rabier demeurant secrétaire général et lui, devenant secrétaire général adjoint. Il vécut mal les conséquences du système des tendances et s’opposa au nom du SNET à l’homogénéisation du bureau fédéral au congrès de la FEN de 1949. L’hétérogénéité de l’exécutif du SNET persista donc jusqu’en 1956. Mais, en raison de la progression de la liste autonome aux élections à la CA nationale, les équilibres se modifièrent : Lauré devint en 1950 co-secrétaire général avec Rabier, puis seul secrétaire général en 1951, son camarade cégétiste rétrogradant alors à la responsabilité d’adjoint. Du même coup, Lauré fut élu membre de la section permanente du Conseil de l’enseignement technique aux élections de 1950, membre du Conseil de l’enseignement du Second degré et du Conseil supérieur de l’Éducation nationale, où il demeura élu jusqu’à la fin de ses mandats syndicaux. Déjà membre de la CA de la FEN depuis 1948, il entra au bureau fédéral en 1949 ou en décembre 1951.

Georges Lauré engagea alors résolument le SNET dans le Comité d’action universitaire en 1951 et, dans les années qui suivirent, fut favorable à l’unité d’action dans l’Éducation nationale et la Fonction publique, allant jusqu’à prendre position, avec Albert-Claude Bay, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement secondaire, contre l’exclusive lancée par Denis Forestier, secrétaire général du Syndicat national des instituteurs, à l’égard des organisations non-laïques (CFTC et SGEN). Au début des années 1950, alors que l’on craignait l’éclatement d’une troisième guerre mondiale, il prit une part déterminante à l’élaboration de la motion adoptée à l’unanimité par le congrès de la FEN de 1950, qui fut présentée par Rabier et lui-même dans les colonnes du Travailleur sous le titre « Au seuil de l’abîme ». Il prit aussi une part importante dans l’adoption de la motion générale sur la paix adoptée à l’unanimité au congrès de 1952.

En 1954, dans une atmosphère de tension politique sur fond de guerre froide, et après la disparition de fait de la FEN-CGT à double affiliation individuelle, la majorité du SNET décida de mettre un terme au partage du secrétariat général. Pourtant, dans ce syndicat où persistait une très forte solidarité professionnelle pour la défense et la promotion de l’enseignement technique, le rapport d’activité en 1955 et 1956 fut présenté au nom du bureau national unanime. Puis, au congrès de Pâques 1956, la majorité autonome décida d’imposer l’homogénéité du secrétariat « pour mettre un terme à une confusion savamment entretenue […] à la suite de concessions dangereuses consenties aux cégétistes ». A l’automne, Lauré se montra très vigoureux contre l’intervention soviétique à Budapest et contre tous ceux qui la soutenaient, mais refusa d’enfermer les débats syndicaux dans les conflits idéologiques.

Le 13 décembre 1956, il succéda à Adrien Lavergne comme secrétaire général de la FEN. Il était le militant autonome le plus connu et le plus capable pour diriger la fédération, en dehors de ceux du SNI et du SNES, qu’une règle tacite avait écartés de cette responsabilité, en raison des désaccords profonds entre ces deux syndicats et surtout du poids du SNI dans la fédération. Lauré s’évertua donc, tout au long de ses mandats, à favoriser une entente entre les deux principaux syndicats pour dégager une politique fédérale cohérente et affirmer l’autorité de la FEN. Il n’en continua pas moins à suivre de très près la vie de son propre syndicat, défendant toujours avec énergie la place et la valeur de l’enseignement technique public et joua un rôle déterminant dans le choix de ses successeurs, Bernard Roulet puis Louis Astre à partir de 1961.

En raison de ces responsabilités syndicales, Lauré devint administrateur national en 1957, puis membre du bureau national et vice-président de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale de 1959 à 1967.

Si Lauré partageait les idées des dirigeants du SNI (Denis Forestier) et du SNES (Pierre Dhombres et Robert Chéramy) pour définir les orientations de la majorité fédérale sur les grandes questions politiques, en revanche, il ne réussit pas à imposer un compromis fédéral dans le domaine revendicatif.

Ainsi, il fut partisan de la stratégie du PUMSUD (Pour un mouvement syndical uni et démocratique), lancé en juin 1957 principalement à l’initiative de Forestier (avec Roger Lapeyre->137518], secrétaire général de la fédération des transports Force ouvrière, et d’Aimé Pastre, secrétaire général du syndicat du personnel pénitentiaire CGT). dont le texte fut publié intégralement dans l’Enseignement public d’octobre sous le titre « Recherche de l’unité syndicale ». Lors du congrès fédéral de novembre, il consacra toute la conclusion de son rapport d’activité à la réunification syndicale. Dans L’Ecole libératrice du 14 février 1958, parut un appel sous le titre « Pour un mouvement syndical uni et démocratique » signé par neuf dirigeants nationaux de syndicats dont Lauré au nom de la FEN. En novembre 1958, un numéro spécial de l’EP publia un « Appel au monde ouvrier de 240 000 enseignants et personnels de l’EN, groupés dans la FEN » pour « bâtir un regroupement syndical indépendant, réaliste, constructif sur les principes énoncés par la déclaration du PUMSUD ». Lauré écrivait en outre des articles dans la revue Commune où se retrouvaient beaucoup de personnalités politiques et syndicales non-communistes favorables à cette stratégie. Mais il se rendit assez vite compte que la FEN ne pourrait pas être le « pont utile » entre la CGT et la CGT-FO.

En mai 1958, Lauré déborda d’activité pour que la FEN défende la légalité républicaine contre le coup de force des factieux et le pouvoir personnel, en étant le lieu de convergence des partis et surtout des syndicats. La fédération joua donc un rôle décisif dans le succès de la manifestation parisienne du 28 mai. Mais elle lança seule, avec le SGEN, l’appel à la grève générale le 30 mai, reprenant une proposition du SNI. Cette grève connut un immense succès, révélateur d’une culture et d’une idéologie identitaires du corps enseignant. Cependant, ces actions n’atteignirent pas les résultats espérés par la FEN, puisque l’Assemblée nationale investit le général de Gaulle avec les pleins pouvoirs, et le référendum constitutionnel du 28 septembre, auquel elle avait appelé à voter non, fut approuvé à une confortable majorité. Lauré déplora que « l’alliance provisoire mais sans exclusive », que la FEN avait souhaitée, n’ait pas pu se réaliser ; il désapprouva la démarche des responsables socialistes SFIO partis négocier leur ralliement à Colombey et estima que « le péril communiste n’était pas alors le péril immédiat ». Il partageait de ce point de vue les positions des socialistes dissidents qui avaient fondé le Parti socialiste autonome puis le Parti socialiste unifié en 1960, formations politiques dont il était membre comme de nombreux militants de toutes les tendances de la FEN.

Au sujet de la guerre d’Algérie, Lauré partagea d’abord la demande d’une « Table ronde » lancée par le SNI en 1955 puis s’en détacha, préférant la position de son syndicat émise lors de son congrès de 1958, demandant une négociation avec « les responsables politiques et militaires de l’insurrection algérienne ». Mais dans sa position de secrétaire général de la FEN, il chercha surtout à éviter les ruptures dans le monde enseignant et la fédération, rejetant les extrémismes dos-à-dos et appelant au « sang-froid et à la raison ». Il évolua ensuite, après l’approbation de l’autodétermination, vers la négociation « avec ceux qui se battent » en 1960. Au début de l’année, la FEN avait été en effet le ferment de l’unité retrouvée avec la CGT, la CFTC et l’UNEF pour condamner les émeutiers d’Alger. Unité qui fit long feu. Pour se démarquer de l’appel à l’insoumission du « Manifeste des 121 », la FEN lança « l’Appel à l’opinion pour une paix négociée » ; le meeting du 27 octobre organisé à la Mutualité par la FEN, l’UNEF, la CFTC, la CGT-FO, mais sans la CGT, qui avait organisé ses propres manifestations, raviva des vieilles fractures : Lauré s’en prit violemment à ceux qui, dans la FEN, « font leurs, les thèses du PCF et de la CGT ». S’il s’était rallié à l’idée de la négociation avec le GPRA, il précisa en 1961 qu’il faudrait un « deuxième temps de la négociation […] avec tous ceux qui sont intéressés au problème algérien ». L’unité se ressouda cette année-là dans la condamnation du putsch des généraux et dans la lutte contre l’OAS, « l’implacable adversaire à abattre » selon Lauré. Mais en janvier 1962, la FEN et le SNI se retirèrent de la constitution d’un « comité national pour la paix négociée et la lutte contre l’OAS », désengagement qui révéla des divergences entre Forestier qui estimait impossible « la délibération » avec le PCF, et Lauré qui était d’accord avec le PSU pour rechercher l’unité d’action avec lui.

Lauré fut aux avant-postes de « l’opposition de tout un peuple » contre la loi Debré, « triomphe du jésuitisme », pour qu’elle « s’enlise dans le cimetière des lois-mortes ». Mais il dût reconnaître dans son rapport d’activité de la fin de l’année 1960 que la pétition du Comité national d’action laïque (près de 11 millions de signatures) et la manifestation nationale de Vincennes du 19 juin 1960 n’avaient pas empêché les décrets de sortir, si bien que « bon nombre d’établissements vont demander à passer contrat ». Si Lauré pouvait se féliciter néanmoins de l’unité du camp laïque, il ne put faire le même constat au sujet des autres grands domaines revendicatifs du syndicalisme enseignant.

Le reclassement était le gros dossier qui traînait sans solution satisfaisante depuis des années. Lauré en fit une priorité de son action, mais il eut beaucoup de mal à concilier les revendications du SNI et des syndicats du second degré (SNES, SNET et SNETAA). Certes, il réussit à passer par-dessus les oppositions du SNI et du SNES à propos des Instituts préparatoires aux enseignements de second degré (IPES) pour faire décider la grève fédérale tournante par groupe d’académies de mai-juin 1957, afin de mettre un terme au déclassement des enseignants, après le « coup de force » du gouvernement de Guy Mollet, concernant l’intégration de l’indemnité de hiérarchie dans le traitement indiciaire. Mais aucune autre action fédérale de grande envergure ne put réellement être décidée avant celle du printemps 1961. Celle-ci fut levée en raison de la sortie du plan gouvernemental instituant de nouvelles échelles de traitement, que Lauré et la FEN acceptèrent, suscitant de forts désaccords à l’intérieur de la fédération. Non seulement le courant Bouches-du-Rhône y vit une « capitulation en rase campagne » mais Dhombres fut dans l’embarras pour expliquer que le SNES ne portait que 50 % de ses mandats en faveur du rapport d’activité fédéral, tandis qu’Astre s’en faisait le défenseur au nom du SNET et que resurgissaient les conflits d’intérêts entre les personnels du premier et du second degré.

Lauré eut encore plus de difficultés au sujet du projet éducatif et de la formation des maîtres. La FEN fut dans l’incapacité d’établir un terrain d’entente solide entre le SNI et le SNES qui s’étaient durement opposés sur le projet de réforme Billères au début de son mandat de secrétaire général de la FEN. Il tenta de rétablir une vision commune en repartant des bases du Plan Langevin-Wallon que la FEN republia en 1963 mais il ne put aller au-delà d’un ralliement aux conclusions générales du colloque du CNAL de 1964.

Lauré fut toujours partisan de l’unité d’action des fédérations de fonctionnaires, mais la stratégie du PUMSUD choisie à la fin de la IVe République limita considérablement cet objectif. L’opposition manifestée au pouvoir politique de la Ve République, surtout après le référendum constitutionnel de 1962, l’élan donné par la grève des mineurs de 1963 (pour laquelle la FEN appela à la solidarité financière), le vote de la loi de juillet 1963 réglementant le droit de grève, la mise en place du plan de stabilisation de l’automne 1963, puis celle des procédures Toutée-Grégoire dans la Fonction publique en 1964, furent autant de facteurs qui permirent de ressouder l’unité d’action après l’élection présidentielle de 1965. Lauré joua un rôle important pour vaincre les réticences du SNI, afin que la FEN se joigne à la grève des fédérations de fonctionnaires et des secteurs publics, semi-publics et nationalisés du 17 mai 1966, qui devait avoir « la double signification d’un refus à la morne résignation et d’une manifestation vivante de solidarité pour l’avenir ». Il ne souhaitait pas en effet que l’unité d’action syndicale gravite autour du seul axe CGT-CFDT.

L’année 1966 vit la fusion du SNES et du SNET, vieux projet datant de la Libération, dont Lauré avait toujours été partisan et dont son successeur à la tête du SNET, Astre, fut un des principaux artisans. La constitution du nouveau SNES était dans son esprit un moyen de renforcer le poids du second degré dans la FEN, de la rééquilibrer face au poids dominateur du SNI, qu’il s’était efforcé de contenir mais sans y parvenir. Aussi, quelque temps avant la fin définitive de son mandat (puisqu’il prenait sa retraite professionnelle en septembre), décida-t-il, après mûre réflexion, d’annoncer à la CA du 19 septembre 1966 sa démission de sa responsabilité de secrétaire général de la FEN, en indiquant que son geste visait à remettre en cause « une structure et des habitudes nous condamnant trop souvent au silence, à l’absence ou à l’inaction ». Ce message s’adressant en priorité aux responsables du SNI ne fut pas entendu, puisque ces derniers imposèrent, le jour même, son remplacement par l’un des leurs, James Marangé, élection sur laquelle Lauré s’abstint comme les deux nouveaux secrétaire généraux du SNES (Astre et Mondot).

Cet acte fut considéré par la majorité fédérale comme une sorte de rupture. Dès lors Lauré entra dans une sorte de solitude. On le vit réapparaître, presque fortuitement, en tête de la manifestation organisée par la CGT le 29 mai 1968, invité par Georges Séguy. Il manifestait ainsi clairement son désaccord avec la stratégie de sa fédération qui, l’avant veille, se trouvait représentée au meeting de Charléty. Il siégea cependant au bureau de la Fédération générale des retraités de la fonction publique de 1969 à 1982. il avait refusé la Légion d’honneur qui lui avait été proposée.

Déprimé, Georges Lauré mit fin à ses jours au début du mois de mars 1984 ; son corps fut retrouvé le 6 mars. Il fut enterré dans son pays natal à Cauterets.

Un hommage lui fut rendu par la direction de la FEN lors de la levée du corps, le 10 mars 1984 à l’Institut médico-légal de Paris, des articles parurent dans l’Enseignement public, dans l’École libératrice et le Courrier du retraité, une page entière lui fut consacrée dans l’Université syndicaliste sous la plume d’Etienne Camy-Peyret, qui écrivit par la suite une biographie publiée dans Points de repères.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136907, notice LAURÉ Georges, Marius, Dominique par Alain Dalançon, version mise en ligne le 5 mai 2011, dernière modification le 22 mai 2021.

Par Alain Dalançon

Georges Lauré
Georges Lauré
Congrès de la fen 1962
Congrès de la fen 1962
Collection IRHSES

SOURCES : Arch. Nat., F17/28725. — Arch. FEN (ANMT, Roubaix). — Arch. IRHSES (SNET, fonds Rabier, Le Travailleur de l’enseignement, L’Université syndicaliste, L’Enseignement public . — Arch. MGEN. --- E. Camy-Peyret, A. Dalançon, « Portrait de Georges Lauré », Points de repères n° 6, décembre 1991 ; « Le SNES et le SNET face au choix de l’autonomie », Points de repères n° 22, octobre 1999. — Dalançon (Alain), Histoire du SNES, t.1, IRHSES, 2003. — Brucy (Guy), Histoire de la FEN, Belin, 2003. — Notes de René Crozet, de Jacques Girault et de Guy Putfin.

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