LAUROUA Marcelle [née TARDY Marcelle, Germaine, Espérance]

Par Jacques Girault

Née le 29 novembre 1899 à Arçais (Deux-Sèvres), morte le 6 novembre 2000 à Niort (Deux-Sèvres) ; institutrice ; militante syndicaliste du SNI des Deux-Sèvres ; militante communiste.

Marcelle Lauroua en 1955
Marcelle Lauroua en 1955

Ses parents, cultivateurs dans le Marais poitevin, avaient trois filles. Son père, Eugène Tardy, socialiste, participait au mouvement coopératif. Marcelle Tardy reçut les premiers sacrements catholiques. Boursière, élève de l’école primaire supérieure de Saint-Maixent, elle entra à l’École normale d’institutrices de Niort en 1916 puis devint institutrice dans les Deux-Sèvres à partir d’octobre 1919. Elle enseigna jusqu’en 1926 à Saint-Hilaire-la-Palud, puis obtint un poste à Arçais.

En 1920, influencée par son père, Marcelle Tardy s’engagea très vite sur les plans politiques et syndicaux. Membre de l’amicale, elle fit partie de celles et ceux qui prirent parti pour sa transformation en syndicat auquel elle adhéra dès sa formation. Membre du Syndicat national des instituteurs et institutrices (CGT), elle participa dès sa naissance, en 1925, au groupe de jeunes animé par des militants du syndicat affilié à la Fédération unitaire de l’enseignement. Elle participa aux réunions nationales en 1927, à Tours, où elle rencontra Jean Lauroua, instituteur communiste des Basses-Pyrénées. Ils se marièrent uniquement civilement en août 1928 à Arçais. Ils eurent deux enfants. Ils enseignèrent à Saivres de 1928 à 1946 et animèrent la société d’éducation populaire, organisant des cérémonies, des pièces de théâtre, des fêtes, des défilés de chars, des repas, en associant la population.

De 1928 à 1930, Marcelle Lauroua, fut secrétaire du comité central des Groupes de jeunes. Elle adhéra au Syndicat unitaire de l’enseignement laïc jusqu’à la réalisation de l’unité. Trésorière de la section départementale de 1928 à 1930, elle fut candidate au Conseil départemental de l’enseignement primaire. Elle relata une année de son travail dans L’École émancipée. Comme son mari, membre de la Coopérative de l’enseignement laïc, elle pratiquait des méthodes de Célestin Freinet notamment l’imprimerie à l‘école et visita son école à Vence en 1937 avec son mari. Elle participa aux mouvements des années 1930 et, comme son mari, fit grève le 12 février 1934. Ils militèrent dans le mouvement Amsterdam-Pleyel puis au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.

Elle rejoignit le Syndicat national des instituteurs à la fin de 1935, mais fut hostile à ses analyses pacifistes. Elle participa, avec son mari, à l’aide aux républicains espagnols, milita contre la non-intervention. Ils organisèrent l’accueil des réfugiés espagnols, hébergèrent eux-mêmes un enfant de douze ans et, dans les locaux libres de l’école, deux familles de Bilbao en 1938. Elle fit grève le 30 novembre 1938 et fut frappée par une suspension de traitement de huit jours.

Marcelle Lauroua adhéra au Parti communiste en 1931. Elle milita dans de nombreux mouvements antifascistes, féministes et d’opposition à la guerre. De 1933 à 1937, elle fut secrétaire départementale du Comité Amsterdam-Pleyel et, peu avant le Front populaire, elle était membre du Comité national des femmes contre la guerre et le fascisme et adhéra au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Dans un document joint au rapport au bureau politique du Parti communiste, le 28 juillet 1938, sur le trotskisme, elle était indiquée comme ancienne secrétaire départementale de Paix et Liberté et soupçonnée de faire plus « de travail pour les Pelletanistes que pour Paix et Liberté et le PC ».

Pendant la guerre, surveillée, Marcelle Lauroua s’occupa de la solidarité avec les communistes arrêtés.

Institutrice à Niort de 1946 à sa retraite en 1955, membre du bureau de la fédération du Parti communiste français en 1946, Marcelle Lauroua fut secrétaire départementale de l’Union des femmes françaises de 1945 à 1955. En « rupture totale » avec la politique du PCF (Budapest, affaire Servin-Casanova) et localement avec l’attitude des communistes vis-à-vis de la MAIF, elle quitta le PCF après l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie en 1968. Par la suite, suivant « de très près l’engagement mutualiste de son mari », elle restait « fidèle à ses engagements de gauche ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136923, notice LAUROUA Marcelle [née TARDY Marcelle, Germaine, Espérance] par Jacques Girault, version mise en ligne le 5 mai 2011, dernière modification le 22 mai 2021.

Par Jacques Girault

Marcelle Lauroua en 1955
Marcelle Lauroua en 1955

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, II M 8/5. — RGASPI, 517 1 1884. — Bulletins du syndicat unitaire et du SNI des Deux-Sèvres. — DBMOF, notice par Jacques Blanchard. – Anne-Marie Sohn, thèse, op. cit. — Renseignements fournis par l’intéressée en 1976 et par son fils en 2011.

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