LAUVERGNAT Georges

Par Jacques Girault

Né le 23 janvier 1916 à Yzeure (Allier), mort le 10 juillet 2005 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; instituteur dans le Puy-de-Dôme ; militant syndicaliste départemental et national du SNI et de la FEN, membre du bureau national du SNI ; militant socialiste.

Congrès syndical
Congrès syndical
Délégation du SNI, de gauche à droite G. Lauvergnat, Robert Dernelle*, Denis
Forestier*, Clément Durand*, Jean Daubard*

Fils unique d’un employé de la compagnie de chemins de fer du PLM et d’une couturière qui habitaient Nevers (Nièvre), eux-mêmes descendants d’agriculteurs, Georges Lauvergnat naquit dans la famille de sa mère et reçut les premiers sacrements catholiques, ses parents étant croyants et non pratiquants. Il fréquenta l’école publique à Nevers puis à partir de 1925 à Saint-Eloi où ses parents demeuraient. Boursier, élève de l’école primaire supérieure de Nevers, il réussit en 1933 le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Varzy, mais, en raison du manque de place, effectua ses trois années de scolarité dans l’École normale d’instituteurs de Clermont-Ferrand.

Pendant son service militaire commencé à Sarreguemines (Moselle) en octobre 1936 dans les Hussards, sous-officier, Lauvergnat se maria uniquement civilement en avril 1938 à Thiers (Puy-de-Dôme) avec Marguerite Roddier, institutrice qui partageait ses convictions syndicales et politiques. Le couple eut une fille.

Georges Lauvergnat exerça, avec son épouse, à partir d’octobre 1938 à Escoutoux. Mobilisé le 25 août 1939, comme chef de peloton dans les Groupes de Reconnaissance des Divisions d’Infanterie (GRDI) motorisés, qui connurent la défaite, le 10 juin 1940, à Taillefontaine (Aisne). Aussi, chaque année, par la suite, allait-il avec ses compagnons d’armes sur les lieux du désastre. Démobilisé, il reprit son poste d’instituteur à Escoutoux. En 1943, à la suite d’une suppression de poste, il fut muté à l’école du lieu-dit « Les Sarraix » de la commune de Celles-sur-Durolle où il enseigna, avec son épouse, jusqu’en 1953. Il fut alors nommé à Estandeuil en classe unique. En 1959, devenu directeur de l’école Jean Macé du quartier Saint-Jacques à Clermont-Ferrand, il dirigea l’école de Lachaux à Aubière, à la suite de la remise des écoles Michelin à l’Éducation Nationale. Cette école, qui comportait des classes de cours complémentaire, fut transformée en collège d’enseignement général dont il anima l’Amicale laïque. Il conserva son poste de directeur jusqu’à sa retraite en 1971. Son épouse dirigea l’école maternelle Ferdinand Buisson à Montferrand de 1959 à 1971.

Georges Lauvergnat adhéra au Syndicat national des instituteurs en 1938 sous l’influence du directeur de l’école, trésorier de la section départementale du SNI. Après la guerre, élu au conseil syndical de la section départementale, en accord avec la majorité nationale, il en devint le secrétaire de 1949 à 1954. Entre 1948 et 1950, la section connut une scission, la minorité « cégétiste » sortant du SNI pour rejoindre la FEN-CGT. La réunification se produisit en 1950. Il intervint régulièrement dans les réunions des instances nationales du SNI. Lors des réunions du conseil national, par exemple le 27 décembre 1950, il demanda que le SNI soit solidaire des normaliens de Clermont-Ferrand dans leurs luttes sur la durée du service militaire. Lors de la réunion du conseil national qui précédait le congrès national de Saint-Malo, le 17 juillet 1951, il fut un des deux assesseurs. Le 11 octobre 1951, il donna son avis sur l’action de défense de l’école laïque.

Dans les congrès nationaux, Georges Lauvergnat intervint, le 19 juillet 1950, pour proposer des améliorations dans la présentation de L’École libératrice. Le 19 juillet 1952, après le rapport pédagogique de Roger Denux, il critiqua des cégétistes qui pensaient, selon lui, que l’orientation dépendait de la demande des dirigeants des milieux économiques. Le 17 juillet 1953, à Pau, il afficha son hostilité à la CFTC au nom de la laïcité.

Lauvergnat, lors de l’élection du bureau national, le 27 décembre 1951, figurait en 19e position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » conduite par Henri Aigueperse*. Placé en 13e position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » qui eut 14 élus en décembre 1953, il arrivait en 10e position. Réélu en décembre 1955 en 6e rang sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » conduite par Denis Forestier*, placé en 11e position en décembre 1957, 13e en décembre 1958, en 1959 (12e), en 1960 (13e), en 1961 (11eme) sur les listes « pour un syndicalisme indépendant, réaliste et constructif », à nouveau candidat en 1961, il fut le premier battu de la liste sortante. Candidat sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant, réaliste et constructif », réélu en décembre 1963 (11e), il fut désigné comme le responsable de liaison pédagogiques, avec le Conseil supérieur de l’Éducation nationale et les sections permanentes et comme membre des commissions pédagogiques, des affaires extra-métropolitaines et des finances. Il fut réélu au bureau national du SNI en décembre 1965 et 1967. Il ne fut pas candidat en 1970.

Georges Lauvergnat faisait partie des membres du bureau national gravitant autour du secrétariat permanent et continuant à enseigner. Dans la répartition des responsabilités affichées en 1956 après la réunion du 12 janvier, secrétaire de la commission « classes primaires, rurales et urbaines, direction d’école, adjoints », il figurait aussi parmi les membres des commissions des jeunes, de la propagande, de la culture populaire, des finances. Quand Denux quitta la responsabilité de la commission pédagogique, il prit sa succession restant en 1960 secrétaire de la commission de l’enseignement spécialisé, des classes primaires, de l’enseignement en milieu rural et membre de la commission des finances. Il resta membre de la commission pédagogique pendant toute la période où il siégea au bureau national. A partir de décembre 1967, il fut aussi responsable du comité de spécialisation s’occupant des classes de transition et des classes terminales.

Dès lors ses interventions dans la presse syndicale ou dans les réunions plénières portèrent avant tout sur les questions pédagogiques. Il rapportait lors des journées pédagogiques précédant les congrès nationaux (ainsi le 16 juillet 1956 à Grenoble sur l’examen d’entrée en 6e, le 16 juillet 1957 sur « Programmes et méthodes du cours moyen », « Les programmes du cycle terminal de l’enseignement obligatoire. Les programmes d’enseignement général » en juillet 1961). Lors des congrès, deux ou trois demi-journées étaient consacrées à diverses questions relevant du secteur pédagogique où souvent il rapportait (coordination des enseignements en 1954, formation des maîtres en juillet 1955, « Les responsabilités de l’école et de l’université face aux problèmes que leur impose le devenir de la jeunesse » en juillet 1958, les classes rurales en juillet 1959, le cours moyen en juillet 1962). Il animait aussi les journées nationales du SNI consacrées aux classes rurales, les 19-20 février 1960, les 17-18 février 1961 consacrées aux « incidences de la réforme de l’enseignement sur l’enseignement en milieu rural » où il présentait de longs rapports publiés dans L’École libératrice. En outre, il fit souvent partie de la commission des congrès chargée des résolutions (1957, 1958). Lors des journées d’ études du SNI, les 14 et 15 février 1963 sur l’enseignement en milieu rural, il présenta deux rapports introductifs et, lors de la séquence consacrée aux écoles annexes, il traita des conditions de travail des maîtres assurant la formation professionnelle des instituteurs. Lors de la session générale et syndicale d’études sur le thème "L’école dans la société contemporaine", les 31 mars-2 avril 1966, il animait le premier groupe sur "Observation continue et orientation de l’enfant".

Georges Lauvergnat représentait le SNI, dans le collège des chargés d’école du Conseil d’enseignement du premier degré en 1954, en 1958. A partir d’octobre 1954, il fut choisi par ce conseil pour siéger dans la section permanente du Conseil supérieur de l’Éducation nationale. Il entra peu après à la section disciplinaire qui exerçait le rôle de juridiction d’appel chargée de réexaminer, à la demande des recteurs, les enseignants jugés par les conseils académiques. Il participa à l’amélioration du « barème » pour l’avancement, les mutations et les promotions.

Lauvergnat affirma ses choix en signant la motion d’orientation présentée par la majorité pour le congrès du SNI de Paris en 1961. Il participa à des congrès des organisations enseignantes internationales. Il prit part au congrès de Belgrade sur la liberté de la culture et l’avancement des sciences. En 1962, en tant que rapporteur pour l’UNESCO, il rédigea une synthèse des résultats obtenus à la suite d’un questionnaire envoyé dans différents pays d’Europe et portant sur l’éducation des enfants âgés de 12 à 14 ans.

Localement, la position de Lauvergnat demeurait forte. Le conseil syndical de la section départementale du SNI eut à se prononcer en mai 1958 sur la proposition de former un comité de coordination des organisations démocratiques pour la défense des libertés. Il se prononça contre en raison de la présence de la CFTC et parvint à faire repousser l’adhésion du SNI par 9 voix contre 4. La défense de l’école laïque fut essentielle pour lui. Il participa à toutes les actions du Comité national d’action laïque notamment contre la loi Debré en 1959-1960. Il soutenait les activités de la Fédération des œuvres laïques.

Entre 1953 et 1957 puis à nouveau de 1961 à 1969, Lauvergnat, membre suppléant de la commission administrative nationale de la Fédération de l’Éducation nationale, participait aux travaux de la commission pédagogique. En 1966, il devint secrétaire général de la section départementale de la FEN. En raison de la forte pression du courant « Bouches-du-Rhône », il démissionna en janvier 1970, mais accepta de rester membre du secrétariat collectif de la section. En juin 1971, il était toujours membre du bureau de la section. Il était alors devenu membre du Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale depuis l’assimilation des directeurs de CEG au grade des principaux.

A l’école normale, en 1934, Lauvergnat participa aux manifestions du 12 février 1934 et adhéra aux Jeunesses socialistes puis au Parti socialiste SFIO. Il en resta membre après la guerre. En désaccord avec le soutien au général de Gaulle de son parti, il n’adhéra pas au Parti socialiste autonome. Refusant toute responsabilité politique par respect de l’indépendance du syndicalisme, il rejoignit en 1970 le Parti socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136925, notice LAUVERGNAT Georges par Jacques Girault, version mise en ligne le 5 mai 2011, dernière modification le 8 février 2021.

Par Jacques Girault

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Délégation du SNI, de gauche à droite G. Lauvergnat, Robert Dernelle*, Denis
Forestier*, Clément Durand*, Jean Daubard*
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Congrès syndical
la délégation du bureau national du SNI, de gauche à
droite, Pierre Chevalier*, Jeanne Lordon*, G. Lauvergnat, Clément Durand*.

SOURCES : Presse syndicale. — Presse nationale et locale. — Entretiens avec l’intéressé en avril 1999 et notice rédigée par Natacha Moreau et Virginie Bresson, sous la direction de Pascale Quincy-Lefebvre (Université de Clermont-Ferrand). — Sources orales. — Renseignements fournis par la fille de l’intéressé. — Notes de Guy Putfin et de Jean Lagarde*.

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