LAVERGNE Adrien [LAVERGNE Firmin, Adrien]

Par Alain Dalançon

Né le 23 juin 1896 à Paris (XVIIIe arr.), mort le 26 avril 1971 à Eaubonne (Val d’Oise) ; instituteur puis professeur ; militant de la SFIC ; militant syndicaliste du SNI, de la FGF, du Syndicat national des EPS, du SNCM (collèges modernes), secrétaire général de la FGE-CGT puis de la FEN (1944-1956).

Réunion du bureau de la FEN en 1946, lors de la réception de délégués étrangers
Réunion du bureau de la FEN en 1946, lors de la réception de délégués étrangers
Lavergne (au centre), assis à côté de Marie-Louise Cavalier, debout derrière lui, de gauche à droite : Fernand Canonge, Georges Petit*, Paul Delanoue.

Adrien Lavergne était le fils de Firmin, garçon de recettes et de Marie Théoline Julien, marchande de vins, domiciliés à Paris, 8, rue de Clignancourt. Titulaire du brevet supérieur, il enseigna quelques mois comme instituteur suppléant à Asnières à partir d’octobre 1914 puis dans une école du XVIIIe arr. de Paris avant d’être mobilisé le 7 avril 1915. Blessé, immobilisé pendant une longue période, il fut pensionné à 80 % d’invalidité. Toute sa vie, il garda dans sa chair les marques de cette terrible épreuve : des rhumatismes précoces l’handicapèrent et il perdit un œil en 1934 à la suite d’un zona.

Le 12 juillet 1919, il épousa à Saint-Ouen (Seine), Geneviève, Lucienne Naudin, institutrice à Saint-Ouen, puis directrice d’une école de filles à Saint-Denis après la Deuxième Guerre mondiale.

Adrien Lavergne reprit un poste d’instituteur à Saint-Ouen entre 1919 et 1921 puis enseigna à Bolbec (Seine-Maritime) de 1921 à 1924 avant de revenir dans la Seine, instituteur à Saint-Denis de 1924 à 1930. Au cours de cette dernière période, il reprit ses études, passa avec succès le baccalauréat en 1927, ce qui lui permit de suivre les cours à la Sorbonne où il obtint les certificats de littérature française, d’histoire du Moyen Age, d’histoire moderne et contemporaine et de géographie et un diplôme d’études supérieures d’histoire-géographie en 1929. Il enseigna alors comme instituteur délégué dans le cours complémentaire Saint- Marcel de Paris (IIe arr.) de 1930 à 1933, au CC annexé à l’école primaire supérieure de Courbevoie (Seine) puis à l’EPS elle-même, de 1933 à 1946. Promu dans le corps des professeurs d’EPS en 1938, il fut ensuite chargé des fonctions de surveillant général en 1940-1941.

Jeune militant, il se trouva parmi les majoritaires du Parti socialiste SFIO qui décidèrent d’adhérer à la IIIe Internationale, au congrès de Tours de 1920. En octobre 1921, il siégeait au conseil national de la SFIC comme délégué de la fédération de la Seine où il était, avec Maurice Heine, un des animateurs de la tendance « syndicaliste révolutionnaire », se réclamant des « conceptions fédéralistes et soviétistes ». Malgré la faible audience de leur courant, ils préparèrent pour le deuxième congrès national de 1922 un « Manifeste de l’extrême-gauche du Parti communiste » et une « motion sur le devoir syndical du Parti communiste français ». A leurs signatures s’ajoutèrent celles de L. Corrot (Paris, 14e section), Deleplanque (Asnières), Dodat (20e section), Géhot (9e section), A. Heine et Latouche (14e section). Mais la « Résolution sur la question française » adoptée au IVe congrès de l’Internationale communiste (novembre-décembre 1922) condamna sans appel « la position nettement erronée de l’aile soi-disant d’extrême-gauche » et, citant nommément les « camarades Heine et Lavergne », invita le comité directeur à en « tirer toutes les conclusions politiques et d’organisation qui en découlent ». Le passage de Lavergne au Parti communiste fut donc de courte durée mais il garda au cœur les idéaux prolétariens de sa jeunesse et en conçut une durable animosité contre le PCF.

Sur le plan syndical, Adrien Lavergne milita d’abord au Syndicat national des instituteurs, dont il fut secrétaire général de la section de la Seine, participant à toutes ses luttes dans les années 1930, notamment à la manifestation unitaire du 12 février 1934 et au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. A la fin des années 1930, il devint responsable de la section de la Seine de la Fédération générale des fonctionnaires et, à ce titre, siégeait à la commission exécutive de l’union des syndicats de la région parisienne. Dans l’Élan syndicaliste, il invitait à l’action unitaire des fonctionnaires, pour leur pouvoir d’achat, contre la politique du gouvernement Daladier-Reynaud imposant de choisir entre « le social et l’économique ». Après sa nomination comme professeur à l’EPS de Courbevoie (Seine) en 1938, il milita au Syndicat national des EPS et au congrès national d’avril 1939, auquel il assistait pour la première fois, il se fit remarquer par un plaidoyer en faveur du maintien de son syndicat à la FGF et donc à la CGT.

Sous l’Occupation et le régime de Vichy, Adrien Lavergne participa très tôt au courant de la résistance animé par des militants « ex-confédérés » de la CGT notamment de la FGF (Charles Laurent, Pierre Neumeyer, Robert Lacoste, Christian Pineau, Louis Saillant…) et de la CFTC (Gaston Tessier, Maurice Bouladoux), qui signèrent dès le 15 novembre 1940 le manifeste du Comité d’études économiques et syndicales. Parallèlement il apporta sa contribution à la mise sur pied du réseau Libération-Nord. Il participa ensuite à la reconstitution d’une FGE clandestine en 1941-1942, aux côtés de Maurice Janets, René Bonissel, Jean-Auguste Sénèze, Juliette Harzelec, en étant désigné par Neumeyer comme secrétaire général, représentant la fédération à la CA clandestine de la CGT, après les accords établis en mai 1941 avec la tendance ex-unitaire de la « Vie ouvrière ». A ce titre, il contribua à la préparation des accords du Perreux d’avril 1943 qui permirent de reconstituer l’unité confédérale. Après l’arrestation et la déportation de Georges Lapierre, secrétaire général de la FGE clandestine désigné en 1943, remplacé par Joseph Rollo, lui aussi arrêté et déporté en mars 1944, Lavergne leur succéda. L’unité d’action se scella alors, assez difficilement, entre ce courant de la résistance universitaire et celui animé par des militants ex-unitaires, notamment communistes, qui s’étaient organisés autour de l’Université libre et de l’École laïque et qui furent à l’origine de la création du Front national universitaire.

Adrien Lavergne fut l’un des organisateurs de la grève insurrectionnelle des fonctionnaires, dont l’appel fut lancé le 18 août 1944, et il vint s’installer au 10, rue Solférino, siège de la Maison des fonctionnaires, devenue celui de la Milice et du ministère de l’Information. Celle-ci fut libérée par une petite équipe dirigée par René Girard, responsable de l’IB 11 de l’union départementale des syndicats de la région parisienne. Or, ce dernier ne remit l’ancien siège de la FGF à Neumeyer et Lavergne que le 30 août et il y eut toujours polémique entre eux pour savoir qui avait été le premier dans l’initiative de l’appel à la grève insurrectionnelle. Toutefois, le temps passant, le souvenir de leur combat commun scella entre les deux militants une considération réciproque que Lavergne rappela dans un courrier à Girard, quand il quitta ses fonctions de secrétaire général de la FEN en 1956.

Dans l’atmosphère de la fin de l’été 1944, il participa donc au grand élan fraternel de la Libération, tout en affirmant nettement son appartenance au courant de la résistance universitaire et non-communiste. Il était d’ailleurs membre du comité de rédaction de Résistance ouvrière, lors de la parution du n°1 de novembre ; cet hebdomadaire du Comité d’études et de documentation économiques et sociales se transforma en Force ouvrière en décembre 1945, exprimant un courant d’idées à l’intérieur de la CGT opposé aux orientations des communistes. Lavergne continua d’y écrire des articles jusqu’en décembre 1947.

Montrant cependant sa conviction de la nécessité du rassemblement de la classe ouvrière dans la CGT, Adrien Lavergne fut confirmé dans sa fonction de secrétaire général de la FGE par la CA réunie le 19 septembre 1944, lors de laquelle les deux courants issus de la résistance décidèrent de s’entendre, en créant un nouvel organe, l’Enseignement public. Il devint en même temps secrétaire général adjoint dans le bureau provisoire de la FGF aux côtés de Neumeyer, Alain Le Léap et René Bonissel avec Charles Laurent comme secrétaire général, suivant une configuration identique à celle d’avant-guerre. Il conserva cette responsabilité dans la FGF puis sa continuatrice, l’Union générale des fédérations de fonctionnaires, jusqu’en 1947, écrivant des articles dans la Tribune des fonctionnaires.

En outre, il fut nommé, dès le 26 octobre 1944, membre du Conseil supérieur d’enquête, d’épuration et de révision et participa, avec Louis Barrabé, Eugène Cossard, Edmond Lablénie, Gabriel Le Bras et Sénèze aux réunions de la section A de la 1ère commission, concernant les recteurs, inspecteurs généraux et inspecteurs d’académie de Paris.

Pour faire face à ces diverses responsabilités, Adrien Lavergne fut d’abord détaché auprès de la FGF, d’octobre 1944 à décembre 1944, puis obtint un congé durant le reste de l’année scolaire au titre de membre du Conseil supérieur d’enquête. Nommé surveillant général du collège Colbert, il bénéficia ensuite d’un service réduit de six heures puis finit par obtenir une décharge de service complète en novembre 1946. Il conserva cette situation après avoir été nommé censeur du collège Colbert à partir de février 1948.

Outre les problèmes posés par le ravitaillement et l’épuration, il fallait penser à l’avenir et notamment l’organisation du syndicalisme enseignant et sa place dans la CGT. Ces questions furent tranchées au mois de mars 1946, lors du premier congrès d’après-guerre de la FGE. Dans les débats, Adrien Lavergne se montra partisan du maintien du statu quo : primauté des syndicats nationaux et maintien de l’adhésion à la FGF. Il fut cependant contraint de se rallier au compromis de la transformation de la FGE en Fédération de l’Éducation nationale, fédération d’industrie de la CGT, adhérant directement à la confédération, se coordonnant avec les fédérations de fonctionnaires dans le cadre de l’UGFF. Il accepta également que les syndicats nationaux soient invités à se regrouper et que les syndicats départementaux soient incités à se développer. Un tel compromis permit que la CA de la FEN du 29 mars 1946 le réélise à bulletin secret secrétaire général, flanqué d’un secrétaire permanent, Paul Delanoue, tandis que les autres responsabilités étaient partagées suivant un savant dosage des différentes sensibilités et secteurs de syndicalisation, mais sans céder aux prétentions du SNI, dont il tenta toujours de limiter l’influence dans la direction de la fédération.

Adrien Lavergne aida dès lors les syndicats de non-enseignants à s’organiser. Il encouragea l’union des syndicats du second degré, même si, sur ce sujet, les plus grandes préventions vinrent de son propre syndicat, le Syndicat national des collèges modernes, dont il fit partie du bureau de 1944 jusqu’à la fin de son existence en 1949. Il encouragea les syndicats départementaux à se développer en province pour équilibre le poids du SERP (Syndicat de l’enseignement de la Région parisienne) dirigé par des militants communistes (Marcel Bonin). Il s’appuya sur tous ces équilibres pour renforcer l’unité et la représentativité de la fédération, afin qu’elle pèse d’un poids plus lourd dans la CGT suivant une orientation syndicale « moderne, constructive et réaliste », de nature à limiter l’influence communiste.

Deux dossiers lui tenaient particulièrement à cœur, celui du statut des fonctionnaires et celui du reclassement. Dans ces deux domaines, il disposait d’une grande compétence. En avril 1946, il fut le seul secrétaire de fédération à s’opposer nettement au projet de statut général des fonctionnaires préparé par le ministre de la Fonction publique, Maurice Thorez ; il dénonça un projet « inapplicable aux personnels enseignants » qui leur apporterait « plus de brimades que d’avantages » et il demanda pour eux un statut dérogatoire qui fut obtenu peu après, avant le vote de la loi en octobre.

Adrien Lavergne justifiait inlassablement la nécessité de la revalorisation de la fonction enseignante comme celle des constructions scolaires et refusait qu’au nom des sacrifices imposés par la crise financière et économique, le budget de l’Éducation nationale soit mutilé car « marchander les crédits à l’école publique, ce serait paralyser le relèvement français ». Aussi entraîna-t-il sa fédération dans les manifestations du 23 décembre 1945 pour la revalorisation des traitements et il fut en tête de la manifestation du SERP du 27 juin 1946. Il batailla ensuite, à la fois contre les gouvernements, à l’intérieur de l’UGFF pour que les fonctionnaires de l’Éducation nationale ne soient pas déclassés par rapport aux autres, et tenta de faire la synthèse entre les revendications des instituteurs du SNI et ceux des professeurs du Syndicat national de l’enseignement secondaire. Il joua donc un rôle important dans l’établissement de la grille unique de la Fonction publique de 1948. Mais restait à obtenir sa traduction concrète pour le reclassement des différentes catégories de l’Éducation nationale. La FEN soutint donc la grève des examens lancée par le SNES en juin 1948, appela à la première grande grève de tous les fonctionnaires de novembre 1949 pour obtenir enfin la réalisation de la fin du plan décidé par le gouvernement en 1948.

Par ailleurs, il fut élu membre du conseil d’administration de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale lors de sa constitution, le 10 décembre 1946, avec Marcel Rivière. Il fut réélu lors de la première assemblée générale en juillet 1947 et en devint le vice-président. Sur ce sujet, il dut s’employer à convaincre des membres du bureau de son propre syndicat qui restaient attachés à leur propre mutuelle chirurgicale et maladie fondée par le SNEPS avant guerre.

Pendant cette période, il s’employa aussi à reconstituer les organisations internationales d’enseignants. En novembre 1945, il accepta de faire partie du comité d’honneur de l’association France-États Unis destinée à organiser une meilleure connaissance des deux pays et à permettre des échanges culturels. Le 1er juillet 1946, il présidait la conférence internationale de l’enseignement où cinquante représentants appartenant à divers pays, à la Fédération internationale des travailleurs de l’enseignement et au Secrétariat professionnel international de l’enseignement.

Militant de l’orientation Force ouvrière dans la CGT, Adrien Lavergne, prévu pour présider la séance d’ouverture de la conférence nationale des groupes FO, le 8 novembre 1947, refusa et présida seulement la séance de l’après-midi. Il fut le seul enseignant élu à la commission administrative des groupes FO désignée le lendemain. Il signa avec 38 autres militants, la déclaration de Léon Jouhaux et de ses amis, lors du CCN du 13 novembre 1947, refusant de souscrire à la décision de la majorité de consulter l’ensemble des travailleurs sur l’opportunité d’une grève générale. En revanche, il intervint le 19 décembre, lors de la 2e journée de la seconde conférence des amis de FO pour s’opposer à la décision de la scission et du choix de la création d’une nouvelle confédération, en soulignant qu’il avait été mandaté pour la constitution d’un « cartel d’action laïque » où figuraient « des forces qui s’opposent actuellement ». Il reprit la parole, après une remarque d’un participant sur la politisation des grèves, pour récuser l’idée que la grève dans l’enseignement avait été politique, « elle a été une grève exclusivement professionnelle », ce qui confirma sa divergence sur la scission projetée.

Dans les débats qui suivirent la scission confédérale, il se garda de manifester un choix personnel, en insistant sur la nécessité de sauvegarder l’unité de la FEN, à la fois pour la défense de la laïcité dans l’unité des « travailleurs des villes et des champs, parents d’élèves, démocrates et républicains » et parce que la bataille du reclassement était primordiale. Il se rallia donc à la « solution de sagesse » de l’autonomie de la FEN sur les bases de la motion Bonissel-Valière votée au congrès du SNI, tempérée par la double affiliation. Il fut réélu en avril 1948 secrétaire général dans un bureau qu’il ne souhaita pas homogène (10 membres, dont 6 autonomes, 3 cégétistes et un FO) mais en novembre 1949, il accepta la règle de l’homogénéité exigée par le SNI et votée à une faible majorité par le congrès fédéral.

Dans les années 1950, Adrien Lavergne rencontra des difficultés pour maintenir la cohésion de la FEN, en raison de l’opposition permanente des tendances plus ou moins structurées mais aussi des conflits d’intérêts entre les catégories de personnels et partant les syndicats nationaux, notamment le SNI et le SNES. Si le combat contre les lois anti-laïques Marie et Barangé, mené dans le cadre du Comité national d’action laïque, put se poursuivre sans trop de divergences et continuer à être le meilleur ciment de l’unité, il n’en alla pas de même pour les autres sujets d’intervention syndicale. Ainsi la FEN, après avoir soutenu le Comité d’action universitaire constitué en juillet 1951 pour obtenir la revalorisation des traitements, prit à son égard, sous la pression du SNI, de plus en plus de distances, pour finalement s’opposer à son existence même, débouchant ainsi sur une situation de quasi-rupture. Les représentants du SNES, y compris autonomes, refusèrent de voter le rapport d’activité fédéral tandis que Lavergne contestait au SNES le droit de « déclencher seul une action générale », faisant ainsi le jeu de ceux qui « seraient tentés d’utiliser le syndicalisme à des fins extra-syndicales ». Il n’eut pas plus de succès pour rapprocher le point de vue des deux principaux syndicats d’enseignants au sujet de la réforme de l’École et de la formation de ses maîtres, en dépit de la référence commune au Plan Langevin-Wallon dans la motion pédagogique de la FEN, votée à l’unanimité au congrès de 1950. Ces divergences éclatèrent un peu plus à propos du projet Billères en 1956, au moment de son départ.

Dans le domaine des affaires internationales, Adrien Lavergne n’occupa jamais le premier plan comme dans les affaires corporatives. La FEN n’ayant plus d’affiliation internationale depuis 1949, Emile Hombourger fut la cheville ouvrière du Comité d’Entente et représenta le plus souvent la fédération à l’UNESCO. Dans les débats sur la décolonisation, il fut également relativement discret. Au début de la guerre d’Algérie, le SNI donna le ton pour définir la position fédérale majoritaire en se prononçant pour la « conférence de la Table ronde ». Cependant en mars 1956, il manifesta l’émotion de la FEN devant l’annonce des pouvoirs spéciaux au gouvernement de Guy Mollet et l’augmentation des effectifs militaires en Algérie, et exprima la crainte que cette politique « n’engage la France dans une nouvelle guerre d’Indochine, sans autre issue qu’un Dien-Bien-Phu algérien ».

Le congrès fédéral de novembre 1956, son dernier avant sa prise de retraite, marqué par de violentes oppositions sur l‘affaire de Suez et l’intervention soviétique à Budapest fut l’occasion pour lui de retrouver les accents de sa jeunesse en baptisant son éditorial de l’Enseignement public : « Un grand congrès prolétarien ! » La FEN avait apporté selon lui la preuve de sa démocratie interne en donnant la possibilité à tous de s‘exprimer sans exclure personne, de son indépendance en prenant position à la fois sur les guerres d’Algérie et d’Égypte et en dénonçant l’intervention russe en Hongrie : elle était donc une sorte de modèle qui la mettait en position favorable pour être une force motrice de la réunification syndicale. Il fut, dès sa création le 19 décembre 1956, le trésorier du Comité d’aide aux réfugiés hongrois qui regroupait seize organisations gravitant autour de la FEN, d’associations d’éducation populaire et de syndicats (Fédération générale autonome des fonctionnaires, Banque de France, correcteurs), dont le siège était 10 rue de Solférino.

Adrien Lavergne passa le témoin de secrétaire général de la FEN à Georges Lauré, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement technique, qui fut élu officiellement par la CA du 13 décembre 1956.

Il prit sa retraite peu après, sans reprendre son poste de censeur et resta membre du Syndicat national des personnels de direction des collèges classiques et modernes (FEN). Après avoir habité dans le logement de fonctions de son épouse à Saint-Denis, le couple résida alors à Montmorency (Seine-et-Oise).

Il n’abandonna pas l’intérêt qu’il portait à la coopérative d’éditions « La fenêtre ouverte » créée en 1952 et annoncée par la presse syndicale en mai 1952, où il figurait parmi les onze militants de l’enseignement appelant à souscrire. Il devint aussi le trésorier de la Ligue de l’Enseignement.

Un court article parut dans l’Enseignement Public, un autre dans le Bulletin de la MGEN, après son décès survenu à l’hôpital d’Eaubonne, à la suite d’une congestion pulmonaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136931, notice LAVERGNE Adrien [LAVERGNE Firmin, Adrien] par Alain Dalançon , version mise en ligne le 5 mai 2011, dernière modification le 24 octobre 2022.

Par Alain Dalançon

Marie-Louise Cavalier, debout derrière lui, de gauche à droite : Fernand Canonge, Georges Petit*, Paul Delanoue. "> Réunion du bureau de la FEN en 1946, lors de la réception de délégués étrangers
Réunion du bureau de la FEN en 1946, lors de la réception de délégués étrangers
Lavergne (au centre), assis à côté de Marie-Louise Cavalier, debout derrière lui, de gauche à droite : Fernand Canonge, Georges Petit*, Paul Delanoue.
Manifestation du SERP de juin 1946
Manifestation du SERP de juin 1946
Lavergne à droite avec le chapeau, à côté de Pierre Giraud*, Louis Guilbert, Marcel Bonin, à l’extrême-gauche, Edmond Breuillard.

SOURCES : Arch. Nat, F1a/ 3256, 3359, F17/ 26574. — Arch. FEN, ANMT de Roubaix. — APPO, dossier des Renseignements généraux Baude, 639205. — Arch. IRHSES (SNEPS, SNCM, FGE, FEN, L’Enseignement public) — Arch. OURS, réunions des groupes Force ouvrière. — Alain Dalançon, « Portait d’A. Lavergne », Points de repères n° 12, juillet 1993, p.2-9. — Guy Brucy , Histoire de la FEN, Belin, 2003. — DBMOF, notice par Jean Maitron et Claude Pennetier. — Notes de Jacques Girault, d’André Lainé, de Guy Putfin, d’Emilie Willemin.

ICONOGRAPHIE : 2 photos en 1946, fonds IRHSES

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