LAVERON Jean, Raymond

Par Jacques Girault

Né le 10 septembre 1919, à Verdun-sur-Garonne (Tarn-et-Garonne), mort le 1er septembre 1980 à Verdun-sur-Garonne ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste dans le Tarn-et-Garonne, conseiller municipal et adjoint au maire de Verdun-sur-Garonne ; militant associatif.

Fils d’instituteurs, Jean Laveron reçut les premiers sacrements catholiques. Il obtint le baccalauréat ès lettres et commença des suppléances d’instituteurs avant le début de la guerre.

Trésorier de la section locale des jeunesses socialistes SFIO avant 1939, au début de la guerre, en poste à Verdun-sur-Garonne où il était secrétaire de mairie, il s’engagea dans la Résistance, notamment par la délivrance de faux renseignements d’état civil. Il adhéra au Parti communiste clandestin en juin 1943. Il s’engagea alors dans la lutte armée. Franc-tireur et partisan, il devint le responsable politique (« polo ») de la section communiste sous le pseudonyme de « Michel ». Il était aspirant FFI. À la Libération, il commença son service militaire comme soldat de deuxième classe dans un régiment d’infanterie et suivit les cours de l’école de cadres FFI à Castres. Il fut démobilisé en juin 1945 comme maréchal des logis.

Laveron reprit son emploi d’instituteur intérimaire à Verdun-sur-Garonne qu’il conserva jusqu’en 1958. Nommé à l’école de Villebourbon à Montauban, il la dirigeait à sa retraite.

Jean Laveron se maria religieusement en août 1945 à Verdun-sur-Garonne, avec une employée de mairie. Le couple eut deux enfants.

Membre du Syndicat national des instituteurs, Laveron fut élu au conseil syndical de la section départementale en 1962. Très actif dans son village pour la jeunesse, il présidait des organisations sportives (Football club de Verdun-sut-Garonne notamment) et l’amicale laïque du hameau de Notre-Dame-de-la-Croix, affiliée à la Fédération des œuvres laïques, à la fin des années 1950. En janvier 1954, quand le bureau politique du Parti communiste français demanda aux instituteurs communistes de ne militer qu’au SNI, il affirma son désaccord en estimant que seulement quelques instituteurs devaient militer dans le SNI, ce qui selon la fédération communiste « aboutissait en fait au refus au travail de masse parmi le corps enseignant ».

Jean Laveron devint membre du comité de la fédération communiste à la fin des années 1940. Il ne fut pas réélu en 1957 mais retrouva cette responsabilité en 1959, suivant les organisations sportives au début des années 1960 et les élus communistes à la fin des années 1960.

Selon les rapports de Fernand Grenier et de Jean Llante qui suivaient la fédération communiste, Laveron, qui dénonçait le culte de la personnalité depuis 1951 symbolisé, selon lui, par l’« immense portrait de Maurice Thorez présidant les journées d’études des instituteurs communistes d’Ivry », avait été « désorienté » par le XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique. Il fallait, selon lui, choisir « la voie pacifique au socialisme », donc ne plus renforcer l’armée rouge, reprendre des contacts avec la Yougoslavie, revenir sur la condamnation par le PCF du « birth control », revoir la rigidité de l’appareil communiste. En revanche, il se félicitait du travail des municipalités communistes. Il considérait aussi que « les voyages en URSS des dirigeants socialistes ne servent pas la bonne cause car ils développent leur calomnie », ce qui amenait Llante à noter sa « conception étroite de l’unité ». En octobre 1958, Hubert Ruffe dans son rapport rappelait ses désaccords passés, car, à propos de la Hongrie, « nous ne devrions pas nous occuper des partis frères ». Le PCF, selon lui, aurait dû prendre position plus tôt sur les revendications du Front de Libération nationale en Algérie sans pour cela continuer à faire peur, peur qui était à l’origine de la défaite de 1958. Trois ans plus tard, selon le rapport de Paul Balmigère, il se déclara « assez impressionné par la décision de l’URSS concernant la reprise des expériences nucléaires » et se demanda « s’il ne fallait pas lancer une pétition condamnant le premier qui utiliserait les armes atomiques ». En décembre 1961, lors d’une réunion du comité fédéral, il aurait proclamé « nous avons besoin de faire notre autocritique sur le culte de la personnalité » et « qu’il ne fallait pas sous-estimer les désaccords exprimés par les communistes chinois ». Il se plaignait par la suite de l’absence de réponse du secrétariat du PCF à ses lettres. En 1970, partageant certaines conceptions de Roger Garaudy, il n’approuva pas son exclusion.

Jean Laveron fut élu conseiller municipal de Verdun-sur-Garonne en 1957. Réélu en 1959 et en 1965, il devint premier adjoint du maire communiste. Candidat communiste au conseil général dans le canton de Verdun-sur-Garonne en avril 1958, il arriva en deuxième position avec 782 voix. Il fut à nouveau candidat en 1964 et en 1970 (troisième au premier tour avec 636 voix). Sa candidature au deuxième tour des élections cantonales en 1970 ayant été remplacée à la demande de la cellule locale du PCF par celle du maire communiste de Verdun-sur-Garonne, il décida de quitter le Parti. Lors des élections municipales de 1971, la question se posa de ne pas le représenter sur la liste du maire sortant, communiste. Il fut maintenu en deuxième position mais la liste fut battue. La même situation se reproduisit en 1977 où il figura en deuxième position sur la liste soutenue par le PCF.

Pionnier dans le département à partir de 1955 des Maisons de la jeunesse et de la culture, Laveron présida leur fédération jusqu’en 1974. Il fut aussi administrateur des sections départementales de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale et de la MRI-FEN. Président depuis 1956 de l’Association de pêche et de pisciculture de Verdun-sur-Garonne, en 1961, il devint administrateur et, en 1972, vice-président de la fédération départementale. Il fut élu en février 1977 président départemental. Fut alors réalisée l’extension de la pisciculture de Montech avec la création de deux étangs. Outre sa lutte contre les pollutions, il présida à l’extension du droit de pêche sur de nombreuses rivières et à la création du lac de Beaumont. En outre, il fut membre de la commission des gravières et de la commission d’hygiène du département.

Au milieu des années 1970, Jean Laveron, proche des analyses du CERES, adhéra au Parti socialiste.

Ses obsèques furent civiles au cimetière de Notre-Dame-de-la-Croix à Verdun-sur-Garonne en présence de nombreuses personnalités, dont des élus.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136932, notice LAVERON Jean, Raymond par Jacques Girault, version mise en ligne le 5 mai 2011, dernière modification le 1er septembre 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé.

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