LE LAY Jean

Par Jacques Girault

Né le 12 novembre 1891 à Pontivy (Morbihan), mort le 1er décembre 1971 à Locquirec (Finistère) ; inspecteur général ; militant des œuvres laïques.

Son père, François, Marie Le Lay (1859-1937), professeur d’histoire-géographie au lycée, soutint une thèse à la faculté des lettres de Rennes, publiée en 1911 (rééditée en 2006) sous le titre, Histoire de la ville et communauté de Pontivy au XVIIIe siècle : essai sur l’organisation municipale en Bretagne. Sa thèse complémentaire parut sous le titre Le paysan et sa terre sous la seigneurie de Coetanfao, paroisse de Séglien au XVIIIe siècle. Il devint maire de Locquirec (1928-1935). Deux autres ouvrages furent réédités : Attendez la fin du cours, Pantin, Le temps des cerises, 1999, Bilzig (en breton), Morlaix, Skol vreih, 2003)

Jean Le Lay obtint le baccalauréat en 1910. Boursier, il prépara une licence de lettres qu’il obtint en 1912 à la faculté des lettres de Rennes. Après avoir été reçu au diplôme d’études supérieures en 1914, boursier pour préparer l’agrégation à Lyon, il fut mobilisé en août 1914 et fut démobilisé, comme officier des services de santé en mars 1919. Après avoir échoué à l’oral du concours spécial organisé pour les démobilisés, il fut reçu à l’agrégation de grammaire en 1924.

Jean Le Lay, alors mobilisé, indiqué « officier d’administration » sur le registre d’état civil, se maria en mars 1917 à Rennes. Le couple eut cinq enfants.

il entra dans la carrière enseignante dès sa démobilisation comme répétiteur au lycée Montaigne à Paris, puis devint maître répétiteur à l’école primaire supérieure Lavoisier en 1923. Il fut nommé professeur agrégé au lycée de Pontivy en 1924. Il opta alors pour l’inspection académique et fut nommé dans les Hautes-Alpes en 1928, puis dans les Côtes-du-Nord en 1928 et fut particulièrement actif dans l’œuvre des pupilles de l’Éducation nationale. Le journal Dinan républicain, le 26 septembre 1935, le critiqua pour avoir reçu des instituteurs catholiques, l’accusant de n’avoir « pas attendu les encouragements officiels pour saboter l’enseignement laïc ». Mais le recteur de l’académie de Rennes prit sa défense, tout en ne mettant pas d’obstacle pour qu’il obtienne la mutation qu’il demandait, appuyé par des interventions de parlementaires de toutes les tendances. En 1936, il fut nommé en Ille-et-Vilaine. 

La section départementale du Syndicat national des instituteurs se montrait satisfaite du fonctionnement des commissions et tout particulièrement du comité consultatif que Le Lay présidait.

Mobilisé de septembre 1939 à mars 1940 comme capitaine, Jean Le Lay géra pendant quelques mois un hôpital qui devint l’hôpital de la faculté des lettres de Rennes tout en continuant son travail d’inspecteur d’académie.

Au début de la guerre, le préfet d’Ille-et-Vilaine, le 17 décembre 1940, demanda son déplacement. Il développait les raisons : « interrogé par moi sur les instituteurs ayant sympathisé avec le milieu communiste, il n’a su donner que des renseignements très vagues et imprécis, en me faisant remarquer que l’inspection académique n’a aucun moyen de connaître avec précision les tendances de chaque maître ». Il ajoutait qu’il avait protégé un professeur communiste. Le recteur, interrogé par le ministère, le 28 décembre, indiqua qu’il était d’un « grand loyalisme » et qu’il avait le « sens de la justice ». Il précisait aussi qu’il venait de proposer à des « écoles libres d’être hébergées dans des locaux laïques » en cas d’occupation par les troupes allemandes. L’inspecteur général Drouin, en janvier 1941, prit aussi sa défense. À la fin de l’année Le Franciste, le 6 décembre, dénonçait un « Nouveau scandale à l’académie » à propos du congédiement d’une secrétaire. Le Lay réagit vivement contre la presse qui s’en prenait « à un service public » et il indiquait que cette mesure disciplinaire intervenait après plusieurs avertissements. De tels faux renseignements provenaient, selon lui, d’une institutrice du lycée de Rennes, qu’il avait la charge du diriger, dont le mari travaillait pour ce journal. Le 15 octobre 1942, l’inspecteur d’académie reçut un blâme ministériel pour n’avoir pas signalé des poursuites contre un élève de l’école pratique de commerce et d’industrie de Rennes suspecté « d’agitation communiste ». Ouest-Eclair, le 6 août 1943, dans un article intitulé « Une belle œuvre sociale du temps de guerre. Les centres de repliement et les placements familiaux », indiquait que leur fondateur, l’inspecteur La Lay, à l’issue de la visite, avait remercié le gouvernement et l’administration préfectorale.

À la Libération, président de l’œuvre des petits réfugiés à la Libération, Jean Le Lay fut suspendu de ses fonctions en août 1944. Son cas fut examiné par le Conseil d’enquête de l’académie de Rennes. Aucun grief ne fut retenu. Outre la protection de son personnel, il avait fait vivre les œuvres périscolaires et travaillé « activement à l’éducation morale et sportive de la jeunesse par la voie clandestine des éclaireurs de France ». Réhabilité, il demanda seulement à quitter l’académie de Rennes.

Jean Le Lay fut promu inspecteur général des écoles primaires élémentaires en août 1945 en mission dans les académies de Caen, de Grenoble, de Lille, de Poitiers et de Rennes. Élevé en décembre 1948 à la fonction d’inspecteur général de l’instruction publique pour l’enseignement de premier degré, il fut mis à la disposition en 1951 des territoires d’Outre-mer avec des missions permanentes en Tunisie et dans la métropole, fonction qu’il exerça jusqu’à sa retraite, en novembre 1962.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136995, notice LE LAY Jean par Jacques Girault, version mise en ligne le 12 mai 2011, dernière modification le 20 mai 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F17/ 28166. — Arch. mun. Pontivy. — Catalogue de la BNF. - Presse syndicale.

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