BECHLER Auguste

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 18 janvier 1935 à Wittelsheim (Haut-Rhin) ; aide-chimiste aux Mines de potasse d’Alsace ; militant de la CGT ; membre du Parti communiste ; membre de l’ARAC ; secrétaire fédéral du Haut-Rhin du parti communiste de 1965 à 1994 ; membre du comité central de 1976 à 1994 ; conseiller municipal de Mulhouse de 1983 à 1989, puis de 2001 à 2008 ; membre du CN de l’ARAC depuis 1994.

Auguste Bechler naquit dans une famille de mineurs de dix enfants, dans le bassin potassique alsacien. Son père, Antoine (né en 1899 à Houssen, Haute-Alsace annexée, mort en 1985 à Wittelsheim, Haut-Rhin), était mineur de fond au puits Joseph Else puis au puits Amélie. Il était syndiqué à la CGT. Sa mère, Marie Fuchs, (née en 1905 à Masevaux, Haute-Alsace annexée, morte en 1981 à Wittelsheim) était ménagère. Comme Antoine Bechler avait divorcé d’un premier mariage, le nouveau couple fut excommunié de l’Église catholique, ce qui le rendit indifférent aux questions religieuses. La famille n’était pas francophone. Auguste fit ses études à l’école primaire de Wittelsheim puis au collège Lambert de Mulhouse jusqu’au bac. Il entra dans la vie active comme garçon de bureau. Il se maria avec Georgette Schaeffer en 1955 mais dut partir au service militaire un mois après la naissance de son premier enfant, le 12 décembre 1955. Il fit ses classes en RFA, à Fribourg-en-Brisgau, dans le 40ème bataillon des transmissions puis fut envoyé en Algérie en mai 1956. Il fut affecté à la 634ème compagnie des câbles hertziens, dans l’ouest oranais puis dans la région côtière de Nemours (aujourd’hui Ghazaouet). Il comprit sur place que c’était la guerre. Il témoigna plus tard avoir rencontré un parachutiste de la Légion étrangère, tortionnaire qui collectionnait à son ceinturon les oreilles de ses victimes. Il resta en Algérie jusqu’à fin décembre 1957. Le retour fut difficile. Il trouva un emploi dans une société d’assurances, puis dans la société de transports Danzas, à la Gare du Nord de Mulhouse. Il passa le concours de l’École des Mines de Pulversheim en 1959 et entra ainsi aux Mines domaniales de potasse d’Alsace (MDPA). Il devint aide-chimiste à la mine Amélie. Il travaillait au laboratoire d’analyse du sel. Il y resta 9 ans.
Dès son arrivée aux MDPA, au contact de Romain Lieby*
, qui avait participé aux luttes syndicales autour de la construction du Grand canal d’Alsace, il adhéra à la CGT, puis au parti communiste, l’année suivante, en 1960. Il quitta alors Cernay, où il habitait, pour s’installer dans la cité minière de Grassegert à Wittelsheim avec sa famille. Il s’engagea dans le militantisme politique par choix personnel, en sachant qu’il n’était pas issu du sérail. C’est auprès d’Eugène Luttringer* qu’il se forma Il suivit plusieurs écoles, élémentaire puis fédérale en 1962, d’un mois à Bobigny en 1967 et plus tard une école de 4 mois en 1970.

Il fut d’abord élu membre de la commission de contrôle financier de la fédération du Haut-Rhin, de 1961 à 1964. Il fut ensuite élu directement au bureau fédéral, en 1964 et dès l’année suivante, il passa au secrétariat fédéral. Il devint premier secrétaire de la fédération en 1969, en remplacement de Jean-Paul Steiblé*. Léon Tinelli* l’avait poussé à prendre des responsabilités à la fédération et avait tenté d’obtenir un détachement des Mines, mais la demande n’aboutit pas. Auguste Bechler décida donc de rompre son contrat de travail pour devenir permanent du parti, le 1er janvier 1969. Il resta dans cette fonction jusqu’en 1994, année de sa retraite. En 1976 il fut appelé à participer aux travaux du Comité central. Au congrès suivant, le XXIIIème, il en devint membre titulaire, jusqu’en 1994.

Il accompagna plusieurs missions parlementaires en Alsace, conduites par François Billoux* et Pierre Villon*, pour défendre les vins d’Alsace et obtenir pour eux l’appellation d’origine contrôlée et faire interdire les coupages que les industriels voulaient introduire.

En 1976 il co-organisa avec Gilbert Hugel* secrétaire fédéral du Bas-Rhin le voyage de Georges Marchais* en Alsace. Ce fut un événement qui marqua les mémoires : le secrétaire du parti communiste en visite dans les entreprises alsaciennes, rencontra des militants et s’adressa aux chrétiens. Le PCF annonça officiellement qu’il reconnaissait les « Malgré Nous » comme victimes du nazisme.

En 1979 Auguste quitta Wittelsheim pour s’installer à Mulhouse. Il s’engagea dans la vie de la cité. Il fut élu conseiller municipal de la liste d’opposition au maire Joseph Klifa, de 1983 à 1989. Aux élections suivantes, en 2001, il fut le seul élu communiste de la liste d’Union de la gauche conduite par le socialiste Jean-Marie Bockel. Il fut délégué à la jeunesse et à la voirie. Il fit avancer, au conseil municipal et au CA des syndicats communaux la cause des transports en commun. Pour cela, il participa à un colloque européen à Strasbourg où il s’informa auprès des élus de Barcelone et de Karlsruhe des questions d’intermodalité pratiquée dans ces deux villes. A la fin de son mandat, en 2008, il ne souhaita pas se présenter pour un nouveau mandat, Jean-Marie Bockel s’engageant dans un itinéraire politique de droite.

Depuis le 35e congrès du parti communiste, il était élu au conseil départemental, ainsi qu’au conseil régional des nouvelles instances. Il fut chargé des questions de la formation de la jeunesse et des militants.
Il avait effectué plusieurs voyages dans les démocraties populaires, à des titres divers. Un premier séjour l’avait conduit, à titre syndical, dans les mines de Potasse de Sondershausen en RDA où il constata que les Soviétiques s’étaient emparés du matériel des infrastructures au titre des dommages de guerre et que les mineurs étaient sous-équipés. Il se rendit deux fois en villégiature en URSS, à Sotchi et Yalta en 1976 et 1988. En 1980, le Comité central l’envoya en Pologne, où il retourna deux fois à titre personnel et fut reçu chaleureusement dans des familles.

Son travail dans la fédération fut lié à la défense de l’emploi du secteur métallurgique et des Mines de potasse, où les cellules d’entreprise étaient fortes. A la Manurhin, il soutint un projet de développement de la branche machine-outil en vue d’équiper les ateliers des lycées techniques, issu des réflexions des camarades de la base, Paul Svec* et René Haas*, que le P-D-G Lagardère refusa. A la SACM, un projet de recyclage dans la machine textile fut mis sur pied, mais là encore la proposition ne fut pas retenue. Aux Mines domaniales de potasse d’Alsace, la proposition fut faite de traiter les résiduels de l’extraction de la potasse, en vue de produire du sel de cuisine mais ce fut, cette fois, l’entreprise Solvay, en Lorraine, qui s’opposa à ce qu’elle considérait comme une concurrence redoutable. Toutes ces entreprises disparurent ensuite, provoquant une grave crise de l’emploi dans le département, autrefois cœur économique industriel de l’Alsace.

Auguste Bechler fut candidat aux élections cantonales de 1970 à Cernay et candidat aux élections législatives de 1973 dans la circonscription de Thann-Altkirch.

Après son départ à la retraite, il prit des responsabilités nationales au sein de l’ARAC, au titre des mois passés en Algérie. En 2000, il accompagna une délégation de 135 jeunes du Mouvement de la Paix à l’ONU, à New-York porteur de propositions visant à démocratiser la représentativité au Conseil de Sécurité ainsi que son fonctionnement. En 2005, il fut représentant de la CCIPPP (Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien) comme délégué à Jérusalem-Est, lors des élections qui amenèrent Mahmoud Abas au pouvoir en Palestine.

En 1980, il avait épousé Aline Parmentier, coiffeuse, militante communiste depuis 1975, qui devint secrétaire fédérale du Haut-Rhin en 2006 et membre du comité national en 2008. Le couple eut une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137128, notice BECHLER Auguste par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 19 juin 2011, dernière modification le 30 août 2021.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. du comité national du PCF, section montée des cadres. — Entretien du 11 avril 2011. — SOURCE : Témoignage d’Auguste Bechler dans L’Algérie, nous y étions, Éditions du Réveil des combattants, Pop’com, 2001, p. 25-35.

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