MICHEL Henri [Drôme]

Par Gilles Vergnon

Né le 18 novembre 1922 à L’Isle-sur-Sorgue (Vaucluse), mort le 30 septembre 2001 à Suze-la-Rousse (Drôme) ; viticulteur, militant conventionnel, puis socialiste ; président départemental de la Convention des institutions républicaines (1965-1968) et de la FGDS (1966-1968) ; député de la Drôme (1971-1993), vice-président du conseil général (1964-1989), conseiller général du canton de Saint-Paul-Trois-Chateaux (1958-2000), maire de Suze-la-Rousse (1959-1995).

Issu d’une famille de vignerons, Henri Michel, après des études au collège de Bollène (Vaucluse), travailla au côté de son père, Marius, gérant de la cave coopérative vinicole « La Suzienne », à Suze-la-Rousse, dans le Tricastin, où la famille s’était installée en 1926.

Réfractaire au STO, résistant, il participa au ravitaillement des maquis du sud de la Drôme en arraisonnant les citernes de vin de la région. À la suite du décès brutal de son père en 1945, il prit, avec son frère Paul, la direction de la cave, qui devint l’une des plus importantes de la Drôme. Aux élections cantonales d’avril 1958, les maires des villages du canton l’encouragèrent à se porter candidat. Très connu des électeurs, souvent adhérents ou clients de la cave coopérative, il arriva en tête au premier tour, alors qu’il n’était officiellement pas candidat, et fut élu au second tour, sous la bannière de la « Défense des intérêts du Tricastin » avec 1 474 voix, contre le candidat communiste Elie Ripert (1 039), et le candidat radical Pommier (947). En mars 1959, il était élu maire de Suze-la-Rousse. Au conseil général, chargé des affaires agricoles, il s’inséra rapidement dans le « système Pic* », et s’associa aux motions présentées par les élus socialistes. En mars 1964, il fut ainsi réélu conseiller général dès le premier tour avec 2 753 voix sur 3 490, avec le soutien de la fédération SFIO et devint vice-président du conseil général, poste qu’il occupa jusqu’en 1989. Adhérent en 1964 à la Convention des institutions républicaines (CIR), à la suite d’une réunion de François Mitterrand* à Lyon, celui-ci le désigna le 7 novembre 1965, comme son délégué de la Drôme pour les élections présidentielles. Henri Michel présida la FGDS de la Drôme de 1966 à 1968, aux côtés du radical Jean Perdrix et du socialiste Maurice Pic et organisa le « parachutage » de Georges Fillioud à Romans en 1966. Il participa à la commission exécutive de la fédération du « Nouveau parti socialiste » créée le 3 mai 1969 et, à la différence d’autres conventionnels comme Georges Fillioud, à son congrès départemental du 14 décembre. Tous se retrouvèrent le 26 juin 1971, au congrès départemental qui suivait Épinay, Henri Michel demeurant membre de la commission exécutive.

En décembre 1971, après une élection partielle consécutive à l’élection de Maurice Pic comme sénateur, Henri Michel fut élu député au second tour, avec une large majorité (67,56 % des suffrages exprimés). Il fut à nouveau réélu, en mars 1973, puis mars 1978, contre le gaulliste Jean Escoffier, avec une avance toujours confortable (57,15 puis 55,04 %). Le 14 juin 1981, il fut élu dès le premier tour avec 50,51 % des suffrages et reçut à son domicile François Mitterrand, dont il était l’ami, lors de son premier voyage officiel comme chef de l’État.

C’est dans ces années qu’il développa une activité locale importante. Pendant son second mandat (1973-1978), Henri Michel fut à l’initiative d’un « groupe vini-viticole » à l’Assemblée nationale, au départ une simple amicale qui devint un inter-groupe. Localement, il créa en 1965, avec J.-M. Valayer, le chai intercoopératif « Le Cellier des Dauphins », qui fédérait les principales caves coopératives du sud de la Drôme et du nord du Vaucluse (quatre au départ, onze en 2002). Président du Syndicat général des vignerons des Hautes Côtes du Rhône, il eut l’idée de créer, dans les murs du château de Suze-la-Rousse, racheté par le conseil général à son initiative, une « Université du Vin » qui fédérait des services techniques pour la profession (laboratoire d’analyses œnologiques, salle de dégustation) et des activités culturelles (bibliothèque, conférences) et de formation. L’université, qui regroupait trente-sept organisations (Chambres d’agriculture, organisations agricoles, etc...), et louait ses locaux au conseil général, ouvrit ses portes en 1978.

Battu, comme l’ensemble des députés socialistes de la Drôme, le 28 mars 1993, par l’UDF Hervé Mariton qui l’emporta avec près de 55 % des voix, il se retira à l’issue du premier tour des élections municipales, le 11 juin 1995, qui vit sa liste « Volonté et Dynamisme » mise en difficulté. Il termina sa carrière politique avec son mandat de conseiller général. Souvent appelé le « député des Côtes-du-Rhône » ou « le député du vin », Henri Michel s’était acquis une large popularité locale par la défense et la promotion des vins de son terroir, en particulier des Côteaux-du-Tricastin. Chaleureux et d’apparence débonnaire, peu engagé dans les débats politiques nationaux, tenant « à l’ancienne » d’une politique des interventions locales, il avait décliné en 1981 un poste de secrétaire d’État pour ne pas s’éloigner de ses terres.

Henri Michel, marié en novembre 1945 avec Denise Bicilli, avait trois enfants. Titulaire de la Croix de réfractaire au STO et de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, il était aussi commandeur du Mérite agricole et chevalier de la Légion d’honneur et fut membre du « Comité des chasses présidentielles » de 1981 à 1988. Un jardin ampélographique, le « jardin des vignes Henri Michel », inauguré en novembre 1990, porte son nom, au pied du château de Suze-la-Rousse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137157, notice MICHEL Henri [Drôme] par Gilles Vergnon, version mise en ligne le 28 mai 2011, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Gilles Vergnon

SOURCES : Archives OURS (dossier personnel et 2 APO 12). — Arch. Dép. Drôme, 125 J 13 et 14. — Notes de Jean-François Robert. — Entretiens avec Mme Payan et M. Bourdarel (octobre 2002). — Le Dauphiné libéré (1959-2001). — La Tribune de Montélimar, 4 octobre 2001. — Drôme demain-La Volonté socialiste, 1971-2000. — Robert Xueref, Deux siècles d’histoire des associations agricoles en terre drômoise, Valence, Société des agriculteurs de la Drôme, 1987.

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