LE FUR Bernard, Marie

Par Jean Limonet

Né le 15 mai 1933 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé de commerce ; fédéral JOC ; délégué syndical CFDT et au CE puis secrétaire fédéral CFDT de la FGM-FGMM (1980-1994) ; membre de la FGDS et du PSU.

Bernard Le Fur
Bernard Le Fur

Fils d’un Breton, Louis Le Fur, et de Charlotte Pasdeloup, originaire du Morvan, qui s’étaient mariés en novembre 1922 à Paris (VIIe arr.), Bernard Le Fur fut élevé par des parents imprégnés de la pensée de Marc Sangnier et attentifs aux questions politiques et sociales. Catholiques pratiquants, ils lisaient L’Aube, Le Figaro, Témoignage Chrétien et La Vie catholique. Son père, né le 10 avril 1898 à Brandivy (Morbihan), avait travaillé comme valet de chambre au château de Cagny (Calvados) jusqu’à la Première Guerre mondiale qui l’avait mobilisé de 1917 à 1920. En 1922, il entra comme personnel horaire (ouvrier payé à l’heure) jusqu’en 1939 date à laquelle il fut nommé technicien troisième échelon (payé mensuellement) chez Michelin. Il avait adhéré à la CFTC. Élu délégué du personnel à partir de 1937, il avait fait partie de la commission paritaire de sa branche après la guerre. Il avait été grand électeur de l’Assemblée constituante élue en 1945. Sa mère, née le 7 avril 1898 à Château-Chinon (Nièvre), était arrivée à Paris en 1919 et avait été vendeuse à la maison de commerce des publications F. Tédesco (Journal des ouvrages de dames, La femme chez elle) puis dans un commerce de lingerie et de broderie, 39 boulevard Raspail (VIIe arr.) à Paris.

Bernard Le Fur fut scolarisé en fonction de la guerre : quatre ans à l’école Saint-Pierre de Courbevoie qui fut endommagée lors du bombardement de septembre 1943, un an à l’école Saint-François de Sales à Paris, à l’école Michelin à Escolore (Puy-de-Dôme) car il avait été évacué, et à l’école Rouget de l’Isle à Courbevoie en octobre 1944. Il fréquenta ensuite le collège Paul Lapie de Courbevoie, où il obtint le BEPC en 1950. Il suivit alors des cours du soir de comptabilité-gestion pendant un an. Il entra dans la vie professionnelle le 15 décembre 1952 à la CMA (Caisse mutuelle des agriculteurs), 47 rue de Miromesnil à Paris (VIIIe arr.), comme « grouillot » puis rédacteur de production premier degré.

Durant toute sa jeunesse, Bernard Le Fur avait participé aux activités du patronage catholique (« Œuvres ouvrières de Courbevoie » ou « Communauté des jeunes chrétiens de Courbevoie »), boulevard Saint-Denis. Il y rejoignit les Cœurs Vaillants (1941-1945) puis s’inscrivit à la pré-JEC comme « Iroquois », puis à la JEC comme « Sioux » jusqu’en 1952. La fréquentation du « patro », où se retrouvaient des mouvements divers et des participants d’âges différents, fut déterminante dans sa formation, ses amitiés et ses engagements. Il adhéra à la JOC en 1954 et y resta jusqu’en 1958, devenant responsable fédéral des apprentis à Courbevoie puis fédéral à la fédération de la Boucle de la Seine dont les aumôniers étaient Auguste Le Toullec et Barbier.

Incorporé en mai 1955 à Toulouse, à la caserne Cafarelli, réformé, il fut embauché le 1er août 1955 chez Richier, rue Galvani (XVIIe arr.) puis porte de Passy et enfin, en avril 1974, à la Défense. Il débuta comme employé de commerce jusqu’à la qualification d’agent technico-commercial N5E2, à la date de son licenciement en 1980, lorsque son entreprise, qui avait été rachetée par Ford, disparut. Ce fut au siège social, rue Galvani, que Bernard Le Fur adhéra à la CFDT. Il fit la connaisssance d’Alain Fages*, Christian Gaume*, Robert Nice*, Jean-Pierre Thidet* et Méry Vervoux* avec lesquels il créa une section syndicale. Il fut ensuite élu délégué du personnel et entra au comité d’établissement. Grâce aux actions engagées, de nouveaux adhérents vinrent compléter l’équipe du démarrage : Bodemer*, Christine Chevallier*, Liliane Bernardès*, Jean Pierre Collard*, Jacqueline Fages*, Raymond Gicquel*, Claudine Gloc*, René Haplik*, Jean-Yves Lesueur* et Jean-Marie Menguy*.

Le groupe possédait des établissements à Charleville-Mézières et à Sedan (Ardennes), à Villeurbanne et Lyon (Rhône), Lhorme (Loire), Pont-de-Claix (Isère), Gennevilliers et Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine). L’ensemble rassemblait près de 3 000 salariés auxquels s’ajoutait un effectif équivalent de sous-traitants. La CFDT était représentée au comité central d’entreprise par François Malègue*, André Racodon*, André Poujoulat*, Edouard Pilarek* et Chritian Herbillon*, mais était minoritaire face à la CGT.

Bernard Le Fur participa à de nombreuses actions, notamment la sauvegarde de l’emploi qui devint le souci majeur des années qui suivirent Mai 1968. Il fut élu membre de la commission exécutive du syndicat de la métallurgie 92 centre et participa au conseil de l’Union parisienne des syndicats de la métallurgie (UPSM). Il fut désigné par son syndicat pour participer aux travaux du XXXVIIe congrès de la Fédération générale de la métallurgie (FGM) à Strasbourg, du 24 au 27 novembre 1977.

En 1980, lors de la fermeture de l’établissement du siège parisien de Ford (Richier), à la Défense, où il travaillait, une commission de reclassement, créée sous la pression syndicale, eut pour but de rechercher des propositions d’emplois pour les salariés concernés. Bernard Le Fur, très mobilisé, trouva un reclassement à la Fédération de la Métallurgie, grâce à son expérience acquise grâce à ses responsabilités syndicales. Il devint secrétaire fédéral, le 1er septembre 1980, poste qu’il occupa jusqu’à son départ à la retraite. Il participa aux nombreux travaux du secrétariat national, prenant particulièrement en charge les négociations des conventions collectives nationales spécifiques (froid-climatisation, jouets, bijouterie-joaillerie, garages) ainsi que les négociations sur les retraites complémentaires et la prévoyance. Il s’occupa ainsi des dossiers de Marcel Simonnin*, qui venait de quitter la fédération, et fit équipe avec Bernard Poirier*, Louis Morice*, Pierre Robert*, Michel Marti* et Marcel Grignard*, tous secrétaires nationaux.

Bernard Le Fur continua ensuite des activités avec les retraités regroupés à l’Union locale de Conflans-Saint-Honorine, avec André Guyon*, Gérard Bucourt*, Étienne Braz*, Louis Le Floch*, Pierre Richard*, ainsi qu’à l’arrondissement de Saint-Germain-Poissy avec Guy Bourgoin* et Claude Sauty*. Il tint des permanences juridiques à l’Union locale et élabora de nombreux dossiers pour la défense des salariés de très petites et de moyennes entreprises, en difficulté ou en conflit avec leurs employeurs.

Outre ses responsabilités syndicales, Bernard Le Fur fut membre de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et se présenta aux élections municipales de Courbevoie sur cette liste au premier tour qui obtint peu de voix. La liste des candidats pour le deuxième tour fut modifiée et il ne fut pas retenu sur cette nouvelle liste. Il adhéra ensuite au PSU en 1960, au moment de sa création. Il fut le trésorier de la section rattachée à la fédération Seine-banlieue et dont le secrétaire était Georges Gontcharoff. Il participa aux débats internes sur les actions menées contre la guerre d’Agérie, puis à la campagne des élections législatives en 1962, avec comme candidats Raymond Villiers* et son suppléant Jean Maitron sur la circonscription de Courbevoie. Bernard Le Fur quitta le PSU en 1967.

Depuis 1959, il s’était engagé à l’Association syndicale des familles (ASF), lors du « squattage » d’un logement au profit d’une famille de plusieurs enfants. Devenu membre du bureau, il fut élu trésorier de la section. Il participa aux rencontres des sections du département des Hauts-de-Seine ainsi qu’à la commission régionale et nationale des logements.

Il s’était marié en 1958 avec Paulette Dougin, fédérale JOCF, militante ASF, engagée à l’association de parents d’élèves, secrétaire chez Gévelot (Paris, XVIIe), puis à École et famille, École Perceval à Chatou, et enfin au comité d’entreprise BP la Défense, décédée le 25 mai 1999. Le couple eut deux enfants : Céline (1967) et Rémi (1970).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137260, notice LE FUR Bernard, Marie par Jean Limonet, version mise en ligne le 4 juin 2011, dernière modification le 4 juin 2011.

Par Jean Limonet

Bernard Le Fur
Bernard Le Fur

SOURCES : Archives UPSM, interconfédérales CFDT. — Interviews, 28 janvier, 15 février, 3 et 11 mars, 4 avril, 14 mai 2011.

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