JULIAN Gaston, Maurice, Joseph

Par Claude Pennetier

Né le 11 décembre 1909 à Grenoble (Isère), mort le 30 décembre 2000 à Gap (Hautes-Alpes) ; employé aux chemins de fer puis comptable  ; secrétaire fédéral communiste des Hautes-Alpes ; maire adjoint de Gap  ; député des Hautes-Alpes de 1945 à 1951 et de 1956 à 1958.

Gaston Julian
Gaston Julian

Fils d’un cheminot et d’une ménagère, sympathisants du Parti communiste, Gaston Julian eut une sœur, Marie Chevalier qui fut membre du PCF. Il fit ses études primaires à Grenoble puis fréquenta l’école professionnelle Vaucanson et obtint un brevet d’études comptables ; il évoque également dans certaines sources un certificat d’études industrielles. En 1926, il prit sa carte au syndicat du bois CGTU. Employé aux chemins de fer jusqu’en 1968 selon le Dictionnaire des parlementaires, il fut comptable dans le privé de cette date à 1985. Pourtant en 1951 des rapports internes du PCF parlent de son patron, membre du parti. On peut douter des dates et penser que Gaston Julian n’a été employé des chemins de fer que quelques années.

Gaston Julian adhéra au Parti communiste début 1936 à Gap. De cette date à 1938, il fut trésorier de cellule à Gap puis de 1938 à 1939, secrétaire de cellule et secrétaire adjoint de section à Gap.

Après avoir fait son service militaire dans l’Infanterie en 1929-1930 (douze mois), il sortit adjudant de réserve. Il fut mobilisé le 25 août 1939 à la 9e Compagnie des Espagnols, stationné à Crépoux (Hautes-Alpes) dans le personnel d’encadrement puis envoyé dans la Meuse et fait prisonnier à Nancy le 17 juin 1940. Il fut retenu au stalag VIII A et dans différents camps en Allemagne (Trèves, Dortmund) avant d’être ramené en France car il avait réussi à se faire passer pour un habitant de la Corse dont sa femme était originaire. Il s’évada du camp de travail de Montargis en octobre 1941 alors qu’il travaillait en forêt.

Dès son retour clandestin à Gap, Gaston Julian reprit contact avec le Parti communiste et devint responsable du triangle de direction de la section de Gap et plus tard pour les Hautes-Alpes. Il déclarait avoir organisé une cellule communiste dans son stalag. Organisateur du premier groupe de FTPF de Gap, après la dispersion ou la chute du commandement de secteur, il fut chargé de la réorganisation et passa à l’État-major départemental des FTPF comme adjoint, avec Morel et Dufour, sous le nom de Fernand Antoine. En 1943, Julian fut chargé de reprendre contact avec d’autres mouvements afin de constituer et d’animer le CDL clandestin en tant que vice-président. Il fut amené à connaître des résistants de l’AS, du BCRA et même de l’IS (colonel Rogers) pour des parachutages d’armes aux FTPF effectivement réalisés.

Après la libération du département, officier FFI, il quitta l’armée pour assurer la direction de la Fédération communiste des Hautes-Alpes.

Sa femme, née Serpaggi, était fille de François Serpaggi qualifié de « franc-maçon, membre du CDL à Ajaccio » en novembre 1944 puis de « commerçant ; communiste » en 1951. Ils s’étaient mariés en août 1939 à Gap. Le couple eut trois enfants, dont un aveugle de naissance qui explique en partie les hésitations de Gaston Julian à accepter des fonctions qui l’éloignaient de Gap. Tête de liste communiste à l’élection de la première Assemblée constituante le 21 octobre 1945, il obtint un des deux sièges dont disposait le département, à la plus forte moyenne ; l’autre siège alla à la liste union-paysanne. Il fut réélu à la seconde Assemblée nationale constituante le 2 juin 1946. Actif à l’Assemblée nationale, il siégea à la commission des affaires économiques et à celle des pensions militaires et des victimes de guerre et de la répression. C’est à ce titre qu’il fit un rapport, le 12 septembre 1946, sur la proposition de loi de Jean Minjoz visant à donner aux ayants droit de Français morts pendant les opérations militaires de la guerre d’Espagne les avantages réservés aux veuves, ascendants et descendants des déportés politiques. De même il soutint par un rapport du 19 septembre, la proposition de loi d’André Marty* tendant à accorder la mention « mort pour la France » aux Français tombés en Espagne républicaine. Réélu le 10 novembre 1946 à la première Assemblée nationale, il retrouva la commission des affaires économiques et siégea à la commission de comptabilité dont il fut secrétaire en 1950-1951. Son activité parlementaire intense concerna en partie la situation économique de son département en particulier celle des producteurs de fruits et les problèmes liés à la construction du barrage de Serre-Ponçon. Il perdit son siège aux législatives du 17 juin 1951, victime de la loi électorale des apparentements.

Gaston Julian fut dès lors réticent à briguer un nouveau mandat. Pour les élections législatives complémentaires de novembre 1951, à la demande du secrétariat du PCF, le secrétaire fédéral Albert Busa dut parler de « discipline » et si Julian accepta devant le bureau fédéral, il ajouta : « si je suis élu, je démissionnerai ». Il refusa de quitter son travail et ne fit guère campagne. Il fit de même avant les élections législatives de janvier 1956  : « Le camarade [Gaston]Viens [délégué du comité central] nous signale que Julian ne tenait pas non plus cette fois-ci à être candidat. Ce n’est qu’après avoir eu une discussion avec lui et avec sa femme qu’il a accepté ». Il fut cependant candidat et élu. Il retrouva les mêmes commissions et fut à nouveau très actif.

Il fut conseiller municipal de Gap pendant les années 1950 et maire adjoint.

Éloigné du secrétariat fédéral pendant ses mandats, présent cependant entre 1952 et 1954 pendant une période troublée (les premiers secrétaires se succèdent : l’ouvrier menuisier Jean Thome*, le cheminot Justin Blanc*, le clerc de notaire Étienne Dominici*), il y revint de 1957 à 1970, resta au bureau fédéral jusqu’en 1987 et au comité fédéral jusqu’en 1994.

Titulaire de la Médaille de la Résistance et de la Médaille des évadés, Gaston Julian fut président de l’Association des anciens combattants de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137276, notice JULIAN Gaston, Maurice, Joseph par Claude Pennetier, version mise en ligne le 5 juin 2011, dernière modification le 21 septembre 2021.

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SOURCES  : Arch. comité national du PCF. — Site de l’Assemblée nationale. — RGASPI, 495 270 351.— État civil.

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