HOLDOS Ladislav dit aussi Laszlo, pseudonyme Pedro, dit Radislav, dit Laco, dit Peter alias Pierre KALIARIK

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 14 mai 1911 à Ruzomberok dans la région de Zilina (Tchécoslovaquie - Slovaquie), mort le 9 septembre 1988 à Bratislava (Tchécoslovaquie - Slovaquie) ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine, résistant de la Main d’Œuvre Immigrée (MOI) en France ; responsable national aux cadres des FTP-MOI.

Ladislav Holdos arrêté sous l’identité de Pierre Kaliarik
Ladislav Holdos arrêté sous l’identité de Pierre Kaliarik

Ladislav Holdos naquit dans une famille d’enseignants. Après ses études de commerce, il travailla comme employé de banque. Il fit son service militaire dans le 10e régiment d’artillerie à Lučenec en 1933-1935. Il adhéra au Parti communiste tchécoslovaque en 1935 et s’engagea en octobre 1936 comme volontaire dans les Brigades internationales. Il fit son baptême du feu à Madrid lors de la bataille de la Cité universitaire. Il fut ensuite transféré dans la bataillon Ernst Thälmann jusq’en mars 1938. Il fut le dernier commandant de la batterie antiaérienne Gottwald. En 1939, il se réfugia en France. En octobre 1939, à la suite d’un accord entre la France et le gouvernement tchèque en exil à Londres, une armée tchécoslovaque fut constituée et le PCT décida d’y participer. Ladislav Holdos devint le responsable des communistes parmi les engagés tchécoslovaques et, en raison de son expérience, un dirigeant de la 4e Batterie..
Après la défaite, il obtint la démobilisation de ses hommes et leur dispersion dans la région de Marseille et d’Agde et fut en contact régulier avec Artur London. Lors de la reconstitution de la MOI, il fut avec Karel Stefka et Tonda Svoboda, membre du triangle de direction de la section tchécoslovaque. Au printemps 1941 il participa à a création d’un Comité national antifasciste où se côtoyaient socialistes et communistes tchécoslovaques. Il entra à l’Organisation spéciale (OS) et à la fin de 1942 devint responsable national aux cadres de la MOI, chargé du contrôle et du recrutement des volontaires pour la lutte armée.
Holdos fut arrêté par quatre inspecteurs de la BS1 le 4 février 1943 vers 16 heures quai des Tuileries à Paris (Ier arr.). Il était en compagnie de son adjoint le roumain Ian Calin qui présenta une pièce d’identité au nom de Nicolas Stanescu. Emmenés dans les locaux des brigades spéciales, Holdos prétendit s’appeler Jean Gantner né en Slovaquie, habitant rue Blomet à Paris (XVe arr.). Aucun Gantner n’habitant à cette adresse, Ladislav Holdos déclara se nommer Pierre Kaliarik demeurant 31 rue Vavin à Paris (VIe arr.).
Fouillé, il portait sur lui deux documents manuscrits mentionnant l’arrestation de militants le 2 décembre 1942, une liste de lieux de rendez-vous, une liste de sept noms, et celui de Marie Pitton avec son adresse à La Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), ainsi qu’une somme de cinq mille francs. Les sept hommes la plupart d’anciens membres du parti communiste furent mis hors de cause ainsi que la femme qui lui avait occasionnellement prêté son pavillon.
Pierre Kaliarik (Ladislav Holdos) qui se présenta comme un français d’origine tchécoslovaque fut interrogé par le commissaire de la BS1 Fernand David et plusieurs inspecteurs. Il déclara s’être engagé dans une formation tchécoslovaque en France et avoir été démobilisé le 10 août 1940, et avoir séjourné à Adge (Hérault).
Il témoigna plus tard auprès de Karel Bartosek sur la façon dont il avait été traité lors des interrogatoires : « Ils m’ont surtout interrogé les neuf premiers jours après l’arrestation. […] Ils me cognaient tellement que j’avais le dos totalement déchiqueté et m’allongeaient tout nu sur une table, deux me tenaient les jambes et deux autres les bras, le cinquième me frappaient jusqu’au sang à coups de cravache ». La police française ne découvrit jamais, malgré les tortures, leur véritable identité et ce fut sous ces noms qu’ils furent déportés. Ladislav Holdos minora son action, avoua que le logement de la rue Vavin lui avait été indiqué par la doctoresse Dobra Klein. Celle-ci ancienne de la Centrale Sanitaire Internationale (C.S.I.) en Espagne fut arrêtée quelques mois plus tard.
Condamné à cinq ans de prison, il fut successivement incarcéré à La Santé, Poissy, Melun, Châlons-sur-Marne, et enfin Compiègne. Holdos sous l’identité de Pierre Kaliarik fut déporté de Compiègne le 12 mai 1944 dans un convoi de 2073 hommes vers Buchenwald (Allemagne). Dans le camp, il s’occupa des contacts entre les prisonniers politiques français et tchécoslovaques. Matricule 51010 il survécut. Quant à Nicolas Stanescu déporté sous l’identité de Nicholas Stanesko, il mourut d’épuisement au Kommando de Wöbbelin (Allemagne). À son retour Ladislav Holdos fut décoré de la Légion d’honneur et homologué Déporté Interné Résistant. Pour ses camarades en prison et à Buchenwald il était Pedro. Lise London l’appelait toujours Laco.
Rentré en Tchécoslovaquie en août 1945, Ladislav Holdos fut un membre de l’Assemblée nationale the National et du présidium du comité central du Parti communiste tchécoslovaque. Il devint secrétaire d’état aux affaires des cultes en Slovaquie (1950-1951). Arrêté le 2 février 1951, jugé avec Gustave Husak, chef présumé lors du procès politique dit des « nationalistes bourgeois » en Slovaquie avril 1954, il fut condamné à treize ans de prison. Il raconta à Karol Bartosek qu’il avait été atrocement torturé par la police politique, qu’il avait craqué, et avoué avoir été un « agent impérialiste et trotskiste ». Libéré en 1957, il fut réhabilité en 1963. IL travailla à l’institut d’études du journalisme et à l’Institut d’histoire de l’académie des sciences de Slovaquie. Réintégré dans le parti il défendit un orientation dire "réformiste". ainsi il fut constamment surveillé par les services de sécurité.
Il devint pour quelques mois ambassadeur à Cuba en 1969-1970.
Il fut, semble-t-il, à nouveau exclu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137279, notice HOLDOS Ladislav dit aussi Laszlo, pseudonyme Pedro, dit Radislav, dit Laco, dit Peter alias Pierre KALIARIK par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 16 octobre 2016, dernière modification le 8 mars 2020.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Ladislav Holdos arrêté sous l'identité de Pierre Kaliarik
Ladislav Holdos arrêté sous l’identité de Pierre Kaliarik

SOURCES : AN Z/4/83 dossier 544. – Bureau Résistance GR 16 P 294988. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance, Fayard, 1994.— Boris Holban, Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle…, Calmann-Lévy, 1989.— Lise London, La mégère de la rue Daguerre, souvenirs de résistance, Le Seuil, 1995. – Karol Bartosek, Les aveux des archives. Paris-Prague, 1948-1968, Seuil, 1996. – Laëtitia Giovanetti, « Itinéraires de résistants étrangers communistes depuis la Libération » , mémoire de maitrise 2003-2004, Paris I. - FMD, Le livre mémorial…op.cit. — Notes de. David Majtenyi, Archiv NM, kurátor Archivu Muzea dělnického hnutí

ICONOGRAPHIE Arch. PPo GB 155, Boris Holban, Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle…, Calmann-Lévy, 1989

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable