KOVAC François ou Frantisek

Par Daniel Grason

Né le 28 septembre 1903 à Nova Ves nad Žitavou, région de Nitra (Tchécoslovaquie, Slovaquie) ; mort le 2 mars 1943, à Auschwitz (Pologne) ; ouvrier agricole, terrassier ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; déporté.

François Kovac.
François Kovac.

François Kovac, fils de Stephen et Véronique Farkas, entra en France en 1925, muni de son passeport, il habitat à Paris, puis se fixa à Gennevilliers 21, rue Félicie (Seine, Hauts-de-Seine). Dans cette ville habitaient des tchécoslovaques, la plupart travaillaient chez des maraîchers, quelques-uns dans l’industrie. Ils étaient trois cents soixante-deux au recensement de 1931, deux cent soixante-dix-sept à celui de 1936. Il se maria le 17 août 1929, à Gennevilliers avec sa compatriote Joséphine Toth, femme de ménage, ils eurent deux enfants : Powlinka, née en 1927, Joséphine, née en 1934. En 1936 sa femme était au chômage.

Militant communiste, membre de la CGT et du Secours rouge international (SRI), le 31 novembre 1936, François Kovac partit combattre en Espagne dans les Brigades internationales. Il fut sérieusement blessé le 3 mai 1937 à la jambe droite, et rapatrié par train sanitaire le 26 juillet 1938. Le Comité d’aide à l’Espagne républicaine vint en aide à la famille Kovac, pendant un an. Au cours de la guerre, mobilisé au sein d’une formation tchécoslovaque du dépôt d’Adge (Hérault), il fut le 24 février 1940 « réformé temporaire ». À son retour, il travailla comme terrassier chez Ferrant et Aumasson, un entrepreneur de travaux publics, rue Hippolyte-Marsaud (Louis-Castel).

Après l’armistice signé le 22 juin 1940 à Rethondes, François Kovac fut volontaire pour aller travailler en Allemagne, il a été neuf mois à Essen. Revenu en 1941, il se fit embaucher par les allemands au « Pioner-Park », situé sur le port de Gennevilliers. Là étaient logés des troupes d’occupation, des munitions, des dépôts de carburant et matériel, une DCA. Le tout s’étendra en 1943, sur quarante-huit hectares.

L’ex milicien en Espagne figurait à ce titre, sur une liste établie le 19 septembre 1941 par la 3e section des Renseignements généraux, à la demande des autorités d’occupation. Le conseiller Karl Boemelburg, chef de l’ensemble des forces de police allemande en France, décida d’une vaste opération contre les ex-miliciens en Espagne. Le 24 décembre 1941, les policiers français et allemands menèrent une opération d’ensemble dans le département de la Seine. Ce jour-là, le domicile de François Kovac était perquisitionné par des policiers de Colombes, rien n’a été trouvé. Il fut emmené au commissariat central du XVIIe arrondissement, interné à la caserne des Tourelles, (XXe arr.).

En janvier 1942, Joséphine Kovac déménagea au 84, rue Saint-Denis (Pierre-Timbaud), elle écrivit au Préfet de police pour demander la libération de son mari. Les inspecteurs des Renseignements généraux effectuèrent une enquête de voisinage. Les reproches notés par les policiers n’étaient pas liés aux opinions politiques de François Kovac, mais aux propos grossiers qu’il aurait tenus à leur égard. La réponse du Préfet fut négative.

Joséphine Kovac ne s’occupait pas de politique, il lui fallait faire vivre ses enfants. Elle fut embauchée le 9 mars 1942, à la cantine allemande de Gennevilliers. Le 13, le maire de Gennevilliers nommé par Vichy l’informait qu’une allocation pour elle et ses deux enfants lui était allouée : « au titre des secours alloués aux familles nécessiteuses des internés par mesure administrative ». Le 17 octobre 1942, François Kovac était transféré à la prison militaire de la prison de la Santé, sous contrôle allemand. De là, fut-il transféré dans une prison allemande ? Ensuite à Auschwitz-Birkenau (Pologne), où les nazis l’auraient exécuté.

Il y eut, selon les archives nazies mille six cents quarante-six exécutions dans ce camp d’extermination. Les déportés étaient fusillés ou massacrés entre les blocks 10 et 11 : mille quatre cent quatre-vingt-cinq polonais, cent dix-sept juifs, vingt tziganes, dix-neuf russes et cinq tchèques. Après la Libération, une rue de Gennevilliers porta le nom de « François Kovac 1903-1943 mort en déportation », sur le monument aux morts, dans le cimetière de la commune, François Kovac figura sur la liste des fusillés. Aucune pièce d’archive n’apporta la confirmation de son exécution. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137335, notice KOVAC François ou Frantisek par Daniel Grason, version mise en ligne le 21 janvier 2017, dernière modification le 7 novembre 2019.

Par Daniel Grason

François Kovac.
François Kovac.

SOURCES : Arch. PPo. 77W 182. – RGASPI 545.6.44/4 (Moscou). – Arch. AVER (dossier MDN). – Bureau Résistance GR 16 P 323103. – Arch. Mun. Gennevilliers, 25/58. – Jean Laffitte, Gennevilliers. Évocation historique, Éd. Ville de Gennevilliers, 1970. – Patrick Liber, Rue de la Résistance, Éd. Ville de Gennevilliers, 2000. – Gaston Laroche (Boris Matline), On les nommait des étrangers. Les immigrés dans la Résistance, ÉFR, 1965.

PHOTOGRAPHIE : AM Gennevilliers.

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