LABOURIE Raymond

Par André Caudron

Né le 7 décembre 1921 à Paris (XVe arr.), mort le 16 août 2020 à Rouen (Seine-Maritime) ; professeur de philosophie ; animateur (1961), responsable national adjoint de la Vie nouvelle (1964-1967) ; cofondateur (1972) et président (1983) du mouvement Poursuivre ; spécialiste de l’éducation populaire.

Raymond Labourie et son épouse Martine lors de leur 70 ans de mariage à Mareil-sur-Mauldre.

Fils de Calixte Labourie, Raymond Labourie était à la fois fils et neveu d’employés du chemin de fer ; sa mère, née Gabrielle Beaubeau, exerçait la profession de comptable. Après des études en Sorbonne, il enseigna la philosophie au lycée de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Il découvrit la foi chrétienne à partir d’une éthique laïque et se rapprocha vers 1950 du mouvement Vie nouvelle auquel il allait consacrer une bonne part de sa vie. Adhérent du SGEN-CFDT, tendance Reconstruction, il continua d’assurer pendant plusieurs années un enseignement à mi-temps, faute d’avoir demandé un détachement. Il s’était engagé au parti socialiste SFIO mais il le quitta en raison de son incapacité à surmonter le problème de la décolonisation.

André Cruiziat, l’un des fondateurs de la Vie nouvelle, fit entrer Raymond Labourie en 1961, avec Rémy Dujardin, dans les cadres nationaux du mouvement. Ce dernier n’y resta pas plus d’un an ; Raymond Labourie, par contre, fut associé à la conduite des réunions, de manière à ce qu’il puisse succéder à Cruiziat en 1962, quand celui-ci quitta l’animation pour prendre la responsabilité du secteur « tiers-monde et international ». Au sein de l’équipe dirigeante, Labourie eut pour préoccupation constante de voir si la Vie nouvelle pouvait engager des relations avec le monde ouvrier.

Il avait été choisi comme l’un des quatre animateurs nationaux par cooptation, après une dizaine d’années de responsabilités, de participation à des équipes nationales de la Vie nouvelle et à des animations de sessions.

Personnage aux activités multiformes, il devint responsable national adjoint du mouvement avec Jean Lestavel en 1964. Il allait traverser jusqu’en 1967 l’une des périodes les plus riches de la Vie nouvelle. Il consolida les « services » organisés en 1958-1959 avec l’appui de Cruiziat : les clubs Citoyens 60, dans lesquels il voyait « l’équipe politique du mouvement », dirigée par Jacques Delors puis Pierre Lavau, et l’équipe Alleluia qui assurait une action liturgique, pendant que le Cepreg (Centre d’études pour les responsables du groupe), animé par Bernadette Aumont, adoptait les acquisitions nouvelles de la psychologie. Labourie fut lui-même président du Cepreg de 1963 à 1971.

Pendant ses sept années de présence, il avait notamment manifesté son intérêt pour l’éducation permanente. Harassé au terme de son mandat, il fut remplacé par Jean Lestavel à l’animation nationale, lors du conseil national de 1967. Labourie quitta la Vie nouvelle en 1967 pour l’INEP – Institut national d’éducation populaire. Directeur de recherches, il y créa une équipe nationale de documentation et de réflexion sur le monde rural. Fondateur des Cahiers de l’animation (1972-1988), il lança aussi, en 1972, le mouvement Poursuivre avec ses amis Jean Lestavel et André Cruiziat pour les plus de cinquante ans, « soucieux de demeurer présents aux évolutions de la postmodernité. Ceci dans une perspective à la fois chrétienne et personnaliste, libre de toute dépendance à l’Église, à un parti, à des éditeurs, etc. ». En même temps, il anima l’association nationale Média-Jeunesse qui avait succédé à l’association Éducation et vie sociale, créée par Jean Nazet.

À l’élection présidentielle de 1965, Raymond Labourie avait opté pour François Mitterrand, contrairement à André Cruiziat qui avait préféré faire le choix tactique du général de Gaulle, considéré comme le grand artisan de la décolonisation.

Retiré à Mareil-sur-Mauldre (Yvelines), où il cultivait son lopin de terre, Raymond Labourie s’était marié le 13 juillet 1944 à Paris (Xe arr.) avec Martine Malifaud. Ils militèrent en couple à la Vie nouvelle.

Il est mort le 16 août 2020, à Rouen, où il résidait dans un EPADH (Kyriad). Une cérémonie religieuse eut lieu le 24 août à Mareil-sur-Mauldre où il repose.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137408, notice LABOURIE Raymond par André Caudron , version mise en ligne le 21 juin 2011, dernière modification le 28 août 2020.

Par André Caudron

Raymond Labourie et son épouse Martine lors de leur 70 ans de mariage à Mareil-sur-Mauldre.

ŒUVRE : Les institutions socioculturelles, PUF, 1972. — Éducation populaire, avec Geneviève Poujol, 3 t., Dossiers de l’Adrac (Association pour la diffusion de la recherche dans l’action culturelle), n° 31-33-34, juillet-octobre 1977-1978.

SOURCES : Jean Lestavel, La Vie nouvelle, histoire d’un mouvement inclassable, Cerf, 1994. — Dictionnaire biographique des militants (Jean Lestavel), L’Harmattan, 1996. — Courrier de Raymond Labourie, 17 mai 2011. — État civil du XVe arrondissement de Paris. — Notes de Denise Barriolade. — Le Monde, 29 août 2020.

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