LAKOTA Robert, Fernand

Par Paul Boulland

Né le 13 janvier 1925 à Paris (XVe arr.), mort le 16 février 1984 à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) ; ajusteur ; syndicaliste CGT et militant communiste, secrétaire de la fédération PCF du Calvados (1950-1966) puis de l’Essonne (1966-1976), membre du comité central du PCF (1961-1979) ; conseiller municipal de Vigneux-sur-Seine (Essonne), conseiller général de l’Essonne (1976-1984), président du conseil général de l’Essonne (1976-1982).

Fils naturel d’Andrée Noël, ouvrière d’usine domiciliée à Issy-les-Moulineaux, Robert Lakota fut reconnu et légitimé par le mariage de sa mère avec Paul Lakota, ouvrier tourneur, à Cabourg en janvier 1927. En 1952, il décrivait sa mère comme étant une « bonne sympathisante » tandis que son frère Jacques Lakota, tourneur alors décédé, fut membre du PCF. Titulaire du certificat d’études primaires, Robert Lakota avait poursuivi ses études au cours complémentaire industriel jusqu’au niveau du brevet industriel. Il effectua son apprentissage à Dives-sur-Mer (Calvados) et obtint un CAP d’ajusteur. Adhérent de la CGT depuis 1944, il entra comme ajusteur chez Citroën en 1945. En 1946, il regagna sa région d’origine pour entrer à l’usine Cégédur de Dives-sur-Mer et adhéra alors au Parti communiste. Il devint rapidement un militant très actif de l’usine de Dives, l’un des principaux foyers du communisme dans le Calvados, d’où était également originaire André Lenormand*. Rapidement devenu délégué au comité d’entreprise et secrétaire de la cellule d’entreprise, il fonda également le foyer UJRF de l’usine. Dès la fin de l’année 1946, il entra au bureau de la section locale du PCF. En mai 1947, il devint secrétaire du syndicat CGT de l’usine Cégédur et l’année suivante prit la tête de l’Union des syndicats de la métallurgie Calvados-Manche et membre du conseil national de la Fédération CGT de la métallurgie. Selon la préfecture du Calvados, Dives devint, sous son impulsion, « un des centres les plus agités du Calvados ».

Membre du comité fédéral PCF du Calvados depuis 1947, Robert Lakota suivit l’école centrale de quatre mois du PCF de novembre 1949 à février 1950, en prévision de sa promotion à la tête de la fédération du Calvados. Peu après son retour, en mars 1950, le secrétariat du PCF entérina sa promotion comme premier secrétaire, en remplacement d’André Lenormand. Ce dernier avait en effet demandé son retrait, ne souhaitant plus cumuler ses tâches fédérales avec son mandat de député. Robert Lakota quitta alors ses responsabilités syndicales et locales pour devenir permanent et il vint s’établir à Caen. Les témoignages recueillis par Thomas Fontaine parmi les militants locaux renvoient l’image d’un cadre très présent sur le terrain « extraordinairement consciencieux, très attaché au parti » et animé du « désir de bien faire et de convaincre. »

En 1953, la direction fédérale fut confrontée aux répercussions de l’affaire [Marty>24200] dans le Calvados où Claude Lavezzi, animateur du Comité de redressement communiste, polémiquait publiquement avec Robert Lakota et André Lenormand. De surcroît, cette opposition coïncidait localement avec la mise en accusation du maire de Mondeville, Georges Mauduit, de plus en plus distant à l’égard du communisme de guerre froide et dénoncé pour sa « dérive personnelle et opportuniste » voire pour ses « liaisons policières ». Claude Lavezzi, qui s’efforçait en réalité de piéger André Marty pour le compte des officines anticommunistes d’Henri Barbé, chercha ainsi à se rapprocher de Mauduit, sans succès. Dans le contexte difficile de l’année 1956, Alfred Malleret-Joinville*, délégué du comité central, jugeait que Robert Lakota « [menait] bien la bataille pour l’unité du parti ». De même, en 1961, Robert Lakota défendit fermement la position de la direction lors de l’affaire Casanova-Servin, ce qui put contribuer à son élection au comité central, comme suppléant, lors du XVIe congrès (Saint-Denis, 11-14 mai 1961). Il devint titulaire à l’issue du congrès suivant (Paris, 14-17 mai 1964) et fut notamment chargé de suivre la fédération de l’Orne.

À l’occasion des élections cantonales d’avril 1958, il défendit la candidature d’André Lenormand dans le canton de Troarn, contre les recommandations de Guy Ducoloné et de la Section de montée des cadres qui préconisaient la candidature de Lakota lui-même, par crainte de voir le député battu. Le secrétaire fédéral eut gain de cause mais Lenormand ne fut pas élu. Robert Lakota fut lui-même candidat aux cantonales de 1961 dans le canton de Caen-Est, en remplacement de Maurice Locret et arriva en tête du premier tour, avec 20,2 % des suffrages le 4 juin. Le PSU appela à voter pour lui mais la SFIO ne donna pas de consigne de vote et il ne recueillit que 32,4 % des suffrages au second tour. Il fut ensuite candidat aux élections législatives de novembre 1962 à Caen. Malgré un progrès du nombre de voix par rapport à 1958 et un score de 18,3 % des suffrages exprimés qui plaçait le PCF en tête de la gauche, Robert Lakota fut largement battu. Tout l’effort de la fédération porta en pratique dans la 3e circonscription, avec l’espoir de reconquérir le siège d’André Lenormand, perdu en novembre 1958. Robert Lakota fut ainsi très actif entre les deux tours pour essayer de rallier le soutien des socialistes de la section SFIO de Caen, de la fédération du PSU et des radicaux. Cependant le retard sur le candidat de droite resta trop important.

Robert Lakota avait épousé Anne-Marie, Jeanne, Cécile Daniel, à Houlgate (Calvados) en juin 1948. Ils avaient trois filles. Sténo-dactylo de profession, décrite comme « ménagère » par les listes du comité fédéral de 1953, Anne-Marie Lakota milita au PCF et à l’UFF. Travaillant ensuite au CNRS, à l’Université de Caen, elle fut mutée à Gif-sur-Yvette en 1965. Robert Lakota céda alors son poste de secrétaire fédéral à Jean Goueslard et le couple vint s’établir en région parisienne.

En 1966, Robert Lakota fut désigné au secrétariat de la fédération de l’Essonne créée par la réorganisation des départements de région parisienne, Gabriel Duc étant alors le principal dirigeant communiste du département. Il devint premier secrétaire en mai 1968. "Perfectionniste" et totalement engagé dans le militantisme, il assura également la direction de l’hebdomadaire communiste La Marseillaise de l’Essonne. La fédération connut d’importants succès sous sa conduite, en particulier avec l’élection de trois députés communistes sur les quatre sièges départementaux lors des législatives de 1973 (Roger Combrisson, Pierre Juquin et Robert Vizet*). En avril 1976, il quitta le secrétariat fédéral, remplacé par Yvan Tricart, peu avant d’entrer lui-même dans une carrière d’élu. Aux élections cantonales de mars 1976, il conquit le siège de conseiller général dans le canton de Vigneux-sur-Seine et fut élu président du conseil général le 17 mars 1976, à la tête d’une majorité PCF-PS. Réélu conseiller général en 1979, il quitta le comité central pour se consacrer à la présidence du conseil général. Robert Lakota conserva son mandat de conseiller général jusqu’à son décès mais l’assemblée départementale bascula à droite au renouvellement de 1982. Il fut également conseiller municipal de Vigneux-sur-Seine et conseiller régional d’Ile-de-France. Après sa mort, une place de Vigneux-sur-Seine prit le nom de « Président Robert Lakota ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137508, notice LAKOTA Robert, Fernand par Paul Boulland, version mise en ligne le 10 juillet 2011, dernière modification le 7 mars 2013.

Par Paul Boulland

SOURCES : Arch. du comité national du PCF — Le Monde. — Thomas Fontaine, Le Parti communiste dans le Calvados de 1944 à 1962 : vie interne et implantation, mémoire de maîtrise, Université de Caen, 1995. — État civil. — Notes de Philippe Fuchmann.

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