LAMBERT Bernard, Georges, Gabriel

Par André Caudron

Né le 11 septembre 1931 à La Fournerie-Teillé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 24 juin 1984 à Bécon-les-Granits (Maine-et-Loire) ; agriculteur, président de coopérative avicole ; membre du bureau national de la JAC (1954), secrétaire général adjoint du CNJA (1956-1958), secrétaire général de la FSEA de Loire-Atlantique (1964-1970) ; député MRP (1958-1962) ; membre de la direction nationale du PSU (1969-1972) ; fondateur de la Confédération nationale syndicale des travailleurs paysans (1981).

Fils de Joseph Lambert et de Thérèse née Ouary, Bernard Lambert appartenait à une lignée de métayers. Il fréquenta l’école primaire de Teillé et le collège d’Ancenis (Loire-Inférieure) mais sa santé délicate le contraignit à rester confiné pendant des années. Il en profita pour lire de nombreux ouvrages sur le travail de la terre, obtint le certificat d’études primaires et un brevet de maîtrise d’études agricoles et sociales. En 1950, il reprit la ferme paternelle de trente-cinq hectares avec l’un de ses frères. Le service militaire le conduisit en Algérie où il reçut la croix de la Valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade.

Entré à la JAC (Jeunesse agricole catholique) qui l’appela en 1954 à son bureau national, il côtoya de futurs dirigeants comme Michel Debatisse*, Raymond Lacombe, Lucien Douroux. Deux ans plus tard, il présidait le Centre des jeunes agriculteurs de Loire-Atlantique et devenait secrétaire général adjoint du centre national (CNJA) jusqu’en 1958. Candidat aux élections législatives de 1958 dans la 5e circonscription de Loire-Atlantique, il mit en échec au second tour, le 30 novembre, à quelque quatre cents voix, le notable radical André Morice, ancien ministre.

Âgé de vingt-sept ans, Bernard Lambert, benjamin de l’Assemblée nationale, en fut secrétaire jusqu’en octobre 1960. Inscrit au groupe des républicains populaires et du centre démocratique, il s’était engagé en 1959 dans la tentative avortée d’élargissement du MRP sous le nom de Rassemblement des forces démocratiques. Appliqué surtout à défendre la cause paysanne, il se distingua pourtant le 9 juin 1959 en proposant d’accorder l’autodétermination aux populations algériennes, sans pouvoir achever son discours face à des collègues hostiles et déchaînés. Au renouvellement du 9 octobre 1962, il fut largement battu dès le premier tour par Xavier Hunault, maire gaulliste de Châteaubriant (Loire-Atlantique).

Conseiller municipal de Teillé de 1959 à 1965, Bernard Lambert présida les coopératives SICA et SAVA de Challans (Vendée) de 1965 à 1974 et se consacra au syndicalisme agricole. Secrétaire général de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles de Loire-Atlantique en 1964 et de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de l’Ouest, comprenant la Bretagne et les Pays de Loire, en 1968, il fut exclu de cette fonction dès 1970, comme il l’avait été déjà du conseil d’administration de la fédération nationale (FNSEA) pour cause de « gauchisme ». Son évolution vers l’extrême gauche s’était en effet- accentuée. Adhérent au PSU en décembre 1966, il figura peu après au comité politique de ce parti puis à sa direction nationale en 1969. Il allait être nommé responsable du secteur agricole du PSU en 1971.

Voulant sortir la paysannerie de son corporatisme, Bernard Lambert entendait favoriser le rapprochement avec les salariés et les étudiants. En mai 1968, il dirigea la « commune de Nantes », éphémère pouvoir insurrectionnel, puis entra dans des associations comme le Secours rouge, les Comités pour le Portugal ; il fut à l’origine de l’appel au rassemblement pour le Larzac et fit connaître la lutte des licenciés de Lip. En même temps, il faisait partie de groupes catholiques tels que le Cercle Jean XXIII de Nantes et l’Association des amis de Témoignage chrétien.

« Homme de passion et d’enthousiasmes, parfois démesurés », il ne négligeait pas pour autant son objectif essentiel : reconstruire l’unité de la gauche paysanne. Ayant quitté le PSU en 1972 avec la fraction de la « gauche ouvrière et paysanne », il fonda le mouvement des paysans travailleurs tout en s’occupant de son élevage de poulets, organisé en GAEC. Le regroupement des travailleurs paysans, du mouvement syndical des travailleurs et de divers syndicats départementaux dissidents de la FNSEA aboutit en 1981 à la création de la Confédération nationale syndicale des travailleurs et paysans qui tenta de concurrencer la puissante FNSEA. La nouvelle confédération dont Bernard Lambert était devenu le permanent ne recueillit que 7,08 % des voix aux élections de 1983 pour les chambres d’agriculture.

Pendant ses dernières années, Bernard Lambert éprouva plusieurs malaises cardiaques et un accident de voiture non loin d’Angers mit fin à sa vie trépidante, à cinquante-trois ans. Il avait eu quatre enfants de son mariage, le 27 janvier 1959, avec Marie-Paule Cassagne, qui dirigea un temps le journal Vent d’Ouest, organe syndical agricole.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137531, notice LAMBERT Bernard, Georges, Gabriel par André Caudron, version mise en ligne le 13 juillet 2011, dernière modification le 23 mai 2018.

Par André Caudron

ŒUVRE : Les paysans dans la lutte des classes, préface de Michel Rocard, Le Seuil, 1970.

SOURCES : Arch. de l’Assemblée nationale. – Arch. de l’Association Bernard Lambert, Nantes. – Yves Chavagne, Bernard Lambert, trente ans de combat paysan, préface de Bernard Thareau, Éditions La Digitale, Baye (Finistère), 1988. – Nicole Mathieu, « Bernard Lambert, un paysan révolutionnaire », séminaire « Luttes dans et pour l’espace rural », Carnets 1989. – Christian Rouaud, Paysan et rebelle, un portrait de Bernard Lambert, documentaire, France 3, 2011. – Who’s who in France, 1969-1970. – Dictionnaire de biographie française, 1997. – Emmanuel Ratier, Encyclopédie politique française, Faits et documents, 1992.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable