ANDRÉ Lucien, Louis.

Par José Gotovitch

Haine-Saint-Pierre (aujourd’hui commune de La Louvière, pr. Hainaut, arr. Soignies), 6 décembre 1918 – Spa (pr. Liège, arr. Verviers), 13 septembre 1991. Poète, animateur culturel, militant communiste, membre des Partisans armés.

Petit-fils d’un fondateur du Parti ouvrier belge (POB), fils d’ouvrier devenu administrateur de la clinique socialiste de La Hestre (aujourd’hui commune de Manage, pr. Hainaut, arr. Charleroi), Lucien André, élève de l’Athénée de Morlanwelz (pr. Hainaut, arr. Thuin) alors fortement politisé, milite aux Jeunes gardes socialistes (JGS) dès quatorze ans.

Fortement marqué par les grèves de 1936, Lucien André est également influencé par les poèmes révolutionnaires de Charles Plisnier*. Il est un artisan enthousiaste de l’unité avec la Jeunesse communiste belge. Il est secrétaire adjoint des JGS unifiés (JGSU) de Haine-Saint-Pierre et subit l’attraction des jeunes communistes, dont Henri Agon. Son départ comme volontaire pour l’Espagne est refusé du fait de son jeune âge.

Son athénée terminé et son père décédé, Lucien André émigre à Bruxelles en 1937 où il milite à la JGSU d’Ixelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). De façon discrète, il assiste aux réunions de la section d’Ixelles du Parti communiste belge (PCB). Il est alors aide-comptable à l’Union nationale des mutualités socialistes.
Malade, Lucien André s’installe à Waterloo (aujourd’hui pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) d’où la guerre l’envoie sur les routes avec Pol Bury. Il est en effet lié depuis toujours au milieu culturel très vivace de La Louvière (pr. Hainaut, arr. Soignies).

Rentré du Lot (France) où il a travaillé quelques mois comme ouvrier agricole, Lucien André se marie avec une pianiste. Il s’installe à Ohain (aujourd’hui commune de Lasne, pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) où, à la demande d’amis communistes, il élève des poules, hypothétique planque nourricière qui sombre rapidement.

Sans ressources, Lucien André entre comme employé au service du ravitaillement d’Ohain. Fin 1941, un autre ami louviérois, Jean Roch, lui demande d’héberger un « atelier ». C’est ainsi que la ferme Daraw à Ohain devient l’atelier central de fabrication d’explosifs des Partisans armés.

Début 1943, Lucien André abandonne son travail et passe dans une semi-illégalité. Il devient courrier des Partisans armés pour le sud du pays. Après les arrestations de juillet 1943 qui déciment le PCB et les Partisans, il est envoyé comme commandant de corps des Partisans à Verviers (pr. Liège, arr. Verviers). En janvier 1944, des arrestations le forcent à quitter la région. Il contribue alors à rassembler les éléments du corps de Bruxelles, dispersés par la répression. À la Libération, il demeure partisan comme responsable de presse, rédacteur du journal, Le Partisan.

Permanent jusqu’en mars 1946, Lucien André mène conjointement une activité littéraire dont l’origine remonte à l’adolescence. Dès la période de la JGS, ayant rencontré Plisnier et Achille Chavée, il écrit des chœurs parlés d’intervention politique pour le groupe d’Agit. Prop. (Agitation Propagande) Komintern, créé au sein de la JGSU. Auteur, mais aussi diseur, animateur du groupe culturel à Haine-Saint-Pierre, il rejoint les Renaudins. Quand il émigre à Bruxelles, sous l’Occupation, il entame la rédaction du Roman partisan, grand chœur parlé en prose poétique, édité en 1981.

À la Libération, avec Paul Meyer et pour la Fédération bruxelloise du PCB, Lucien André rédige et interprète des chœurs parlés politiques, présentés dans tous les lieux publics. Il en rédige notamment un sur la manifestation de novembre 1944 et d’autres pour relever le moral pendant l’offensive des Ardennes. Ce théâtre prolétarien de Bruxelles ne dure qu’un temps. On le retrouve ensuite animateur d’un cercle littéraire à l’Université libre de Bruxelles.

Devenu fonctionnaire au ministère de la Reconstruction, Lucien André quitte le PCB en 1950 ainsi que l’activité politique. Il poursuit une carrière de fonctionnaire culturel et est pensionné comme inspecteur des bibliothèques publiques à Liège.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137567, notice ANDRÉ Lucien, Louis. par José Gotovitch, version mise en ligne le 15 juillet 2011, dernière modification le 20 novembre 2017.

Par José Gotovitch

SOURCES : CEGESOM, Front de l’indépendance, dossier Partisans armés – Interview de Lucien André par José Gotovitch, mai 1975 – KALISZ, R., Entretien avec Lucien André, Rue des usines, n° 6-7-8, automne 1981, p. 168-172 – ANDRÉ, L., Le roman partisan, Rue des Usines, n° 6-7-8, automne 1981, p. 173-219 – PERIN, A.-F.,Théâtre ouvrier en Wallonie 1900-1940, Bruxelles, 1979, p. 91-93.

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