BASTIEN Jean, Arthur, Charles.

Par José Gotovitch

Mons (pr. Hainaut, arr. Mons), 18 décembre 1901 – camp de Sachsenhausen (nord de Berlin, Allemagne), 29 novembre 1944. Avocat, militant communiste, dirigeant du Secours rouge international, conseiller communal de Mons, capitaine dans les Brigades internationales en Espagne, dirigeant des Partisans armés, fils d’Arthur Bastien et neveu de Gustave Bastien.

Fils d’Arthur et neveu de Gustave, tous deux députés socialistes de l’arrondissement de Mons (pr. Hainaut), militant actif dès l’université (il aurait brandi un drapeau rouge lors des manifestations révolutionnaires allemandes en novembre 1918), Jean Bastien rejoint dès 1930 l’équipe d’avocats du Secours rouge international (SRI) alors dirigée par son cousin, Charles Plisnier*. Intégré à l’Association juridique internationale, il accomplit, pour le compte de celle-ci, plusieurs missions internationales : à Berlin pour Ernst Thälmann, à Budapest pour Rakosi, à Varsovie pour les ouvriers du textile de Lwow.

Jean Bastien quitte le Parti ouvrier belge (POB) en 1934 et adhère au Parti communiste de Belgique (PCB), en même temps qu’il s’installe à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Il préside alors la section juridique du SRI. Intellectuel marxiste, il est l’un des animateurs des Cercles de matérialisme dialectique (CEMADI). Bastien est l’éditeur responsable de leur revue et bientôt administrateur et professeur de l’Université ouvrière de Bruxelles qui en est l’émanation.

À la fin de 1936, Jean Bastien rejoint les Brigades internationales en Espagne. Officier à la 14e brigade, puis à la compagnie école de la base d’Albacète, il siège à la Commission juridique des brigades, c’est-à-dire à la cour militaire.
Rentré en Belgique en novembre 1937, Jean Bastien doit faire face à une campagne du journal rexiste, Le Pays réel, déclenchée contre les deux avocats belges de cette juridiction militaire, Achille Chavée et lui. Ces calomnies s’avèrent sans fondement.

Jean Bastien reprend ses activités d’avocat et de militant communiste. Il préside l’Amicale des volontaires d’Espagne. En octobre 1938, il est élu conseiller communal de Mons. Le PCB le place en deuxième position pour la Chambre en 1939 ; le parti n’enlève qu’un siège à Mons.

Après un exode en France très rapidement interrompu, Jean Bastien reprend son activité d’avocat et donne des cours d’économie politique aux jeunes communistes.
La Gestapo arrête Bastien en pleine consultation, le 6 décembre 1940 et l’emprisonne à Paris. Cas exceptionnel : il semble bien que Paris n’ait constitué qu’une étape vers l’Espagne où Franco le réclamait. Le PCB déclenche une campagne d’agitation pour la libération de Jean Bastien : tracts, chaulages, pétitions sous forme de cartes postales envoyées à l’occupant. Bastien est finalement relâché le 20 mai 1941. Une explication plausible de cette libération pourrait être le refus de Franco de s’engager dans la guerre. Le « cadeau » n’aurait plus eu de signification.

Le 22 juin 1941, Jean Bastien plonge dans l’illégalité. Trop connu à Bruxelles, il devient secrétaire politique de la Fédération illégale du PCB de Verviers (pr. Liège), une fédération très active qui multiplie les journaux, tracts et démonstrations.
En 1942, l’organisation des Partisans armés se développe. Jean Bastien, capitaine des Brigades internationales, est appelé comme adjoint au commandant national. Il en structure les divers services centraux et veille à la parution du journal des Partisans armés, Le Partisan, qui démarre en septembre 1942. Une trahison survenue à Verviers aboutit à son arrestation à Bruxelles le 19 janvier 1943. Il connait les sévices des interrogatoires renforcés au fort de Breendonk (commune de Willebroeks, pr. Anvers-Antwerpen, arr. Malines-Mechelen). Il est déporté à Sachsenhausen où il succombe en novembre 1944.

À son retour d’Espagne, Jean Bastien avait épousé Antoinette, dite Antonina, Grégoire*, ingénieur commercial, dirigeante communiste avant, pendant et après la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137572, notice BASTIEN Jean, Arthur, Charles. par José Gotovitch, version mise en ligne le 15 juillet 2011, dernière modification le 26 décembre 2019.

Par José Gotovitch

SOURCES : Le Drapeau rouge, 23 avril 1945 ; 30 novembre 1946 – AGR, SPF Sécurité sociale, Direction générale Victimes de la guerre, Dossier Prisonnier politique – Auditorat général, procès SIPO-SD Bruxelles.

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