BEUBLET Maurice, Robert.

Par José Gotovitch

Braine-le-Comte (pr. Hainaut, arr. Soignies), 8 mars 1904 − décapité à Berlin (Allemagne), 28 juillet 1943. Militant communiste, avocat au Secours rouge international.

Issu des Jeunes gardes libérales, Maurice Beublet, avocat, adhère au Parti communiste de Belgique (PCB). Il fait aussitôt partie de l’équipe des avocats du Secours rouge international (SRI) qui défend, devant les tribunaux, des ouvriers poursuivis pour motifs politiques et des étrangers menacés d’expulsion.

En 1934, Maurice Beublet est membre du Comité exécutif du SRI, plus directement axé sur l’aide aux victimes sociales du capitalisme. Il participe à la défense des anarchistes, Hem Day et Léo Campion. Militant actif du parti, il propose, lors du Congrès de 1936, l’envoi d’un télégramme d’hommage à Staline. Il est responsable des intellectuels bruxellois.

Maurice Beublet mène la liste communale à Uccle (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) aux élections de 1938, puis celle de Soignies (pr. Hainaut) lors des législatives de 1939. Il fait une campagne active.
Sa rupture publique avec le Parti communiste est d’autant plus fracassante après le pacte germano-soviétique. Beublet l’accuse de trahir la cause des travailleurs, d’être l’instrument servile de la politique de Staline. Il s’agit de la perte la plus spectaculaire subie par le PCB à cette occasion. Débute alors un véritable mystère. La presse du PCB l’accuse de s’être rapproché des « traîtres » français, Gitton et Doriot. Mobilisé, il retourne au Barreau après la campagne des 18 jours.

Le 13 janvier 1941, Maurice Beublet devient l’avocat-conseil d’une société commerciale, la SIMEXCO, qui sert de couverture au fameux réseau d’espionnage soviétique, l’Orchestre rouge. Il évite une première arrestation en septembre 1941. Lors du démantèlement du réseau en novembre 1942, Beublet prend d’abord la fuite mais se rend ensuite à la convocation de la Gestapo, le 4 décembre 1942. Il est arrêté et incarcéré à Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Le 11 décembre 1942, une lettre de sa main au chef de Rex, qui circule sous forme de photo dans les milieux du Barreau, proteste de sa bonne foi et fait état de son engagement anti-bolchévique. Il y propose de partir au front de l’Est après avoir expliqué publiquement pourquoi. Le clandestin, Justice Libre, publie cette lettre en mars 1943. On ignore tout du circuit suivi par ce document et des réactions du Conseil de l’Ordre auquel il est également adressé. Quoi qu’il en soit, il ne produit aucun effet auprès de l’occupant.

Maurice Beublet est torturé et décapité à la prison de Plötzensee (Berlin, Allemagne) le 28 juillet 1943, avec les autres membres de l’Orchestre Rouge. Il semble que, malgré les apparences, sa démission du parti ait été réelle et son engagement à la SIMEXCO, un suprême camouflage opéré par le réseau. Une autre réponse a été donnée par la Direction générale des Victimes de la guerre : le statut de prisonnier politique, très réglementé, lui a été accordé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137579, notice BEUBLET Maurice, Robert. par José Gotovitch, version mise en ligne le 15 juillet 2011, dernière modification le 10 juillet 2021.

Par José Gotovitch

SOURCES : Le Peuple, 26 août 1939 − Justice Libre, 15 mars 1943 - CArCoB, Archives du Secours rouge international − TREPPER L., Le grand jeu, Paris, 1975. — Guillaume Bourgeois, La véritable histoire de l’Orchestre rouge, Paris, Nouveu Monde, 1989, 581 p., ISBN 978-2-36942-067-6 (index des personnages).

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