GRENTE Pierre, Julien

Par Louis Botella, Alain Goudeau

Né le 13 mars 1893 à Lieurey (Eure) mort le 1er novembre 1987 au [Le] Neubourg (Eure) ; syndicaliste ; secrétaire général de l’Union départementale CGT puis Force ouvrière de l’Eure (1945-1961).

Chef de service du Trésor de l’Eure et militant SFIO à Évreux, Pierre Grente se présenta aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 sur une liste de coalition avec les radicaux et les républicains-socialistes. Grente fait partie des cinq socialistes élus derrière le docteur Oursel (radical), maire d’Evreux.

Il fut également candidat SFIO lors des élections cantonales des 16 et 23 octobre 1931 dans le canton d’Évreux-sud où il obtient un bon résultat (30, 4 % des exprimés ) mais n’est pas élu.

En 1932, il est membre du Cartel confédéré des services publics et membre de la commission administrative de l’Union départementale CGT de l’Eure en 1935.

Le 30 avril 1935, il figura en tant que conseiller sortant parmi les six candidats SFIO sur la liste de gauche derrière le Docteur Oursel mais n’est pas élu. Le seul socialiste élu est Dupont.

Suite au congrès de Toulouse qui a entériné la fusion de la CGT et de la CGTU, Grente devint secrétaire général de l’UD-CGT réunifiée en mars 1936 . Selon Rossignol, « les syndicalistes n’eurent jamais de rapports très cordiaux avec les radicaux. Pierre Grente secrétaire général des syndicats ouvriers de l’Eure était très violemment anti-radical ».

Lors des grèves de 1936, il était membre de la commission paritaire de conciliation mise en place par le préfet mais le patronat local proteste car les trois représentants CGT ne travaillent pas dans des entreprises mais sont des fonctionnaires (Michaud des PTT, Azémia directeur d’école, Pierre Grente employé à la Trésorerie). Le 19 juillet 1936, le préfet interroge le ministère à ce sujet ; le ministre répondit que ces fonctionnaires ne sont pas particulièrement qualifiés.

A la suite à la grève du 30 novembre 1938, Pierre Grente est suspendu de ses fonctions à la Trésorerie générale de l’Eure pour une durée illimitée. Au début de l’année 1939, il fut muté à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine). Cette sanction entraîna une protestation de la commission administrative de l’UD-CGT. Pour elle, il s’agit d’une « basse vengeance des élus réactionnaires locaux qui touche non pas l’employé gréviste mais beaucoup plus le leader syndicaliste ». Le 12 mars 1939, la Fédération départementale des fonctionnaires CGT vota à l’unanimité une motion de protestation contre le déplacement de Grente à Courbevoie. Avec Pierre Grente, un commis de la perception de Brionne fut également suspendu de ses fonctions.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il participa à la reconstruction du mouvement syndical dans l’Eure. Dès « le 6 octobre 1941, les secrétaires des fédérations syndicales de l’Eure affiliées à la CGT se réunissaient à Evreux à l’appel du secrétaire confédéral Pierre Grente et d’Augustin Azémia, secrétaire de la Fédération des instituteurs ».

Secrétaire général de l’Union départementale CGT depuis 1945, Pierre Grente représenta de nombreux syndicats lors du congrès confédéral d’avril 1946 et il vota, en leur nom, contre le rapport d’activité présenté par la direction confédérale sortante.
Lors de la réunion du comité confédéral national des 12 et 13 novembre 1947, il soutint, au nom de son union départementale, le texte de la minorité présenté par Léon Jouhaux, refusant "...de souscrire à une décision qui, en faisant dépendre l’activité syndicale d’autres assemblées que les assemblées régulières, risque de briser l’unité ouvrière".
Lors de la réunion du 3 janvier 1948 à Evreux, la commission administrative de l’Union départementale s’exprima, à l’unanimité moins trois voix "contre" et 2 abstentions, au travers de la motion Maxime Cossin, en faveur de l’adhésion à Force ouvrière.
Le 1er congrès ordinaire de l’Union départementale Force ouvrière eut lieu le 10 avril 1948. Pierre Grente fut confirmé dans ses fonctions de secrétaire général. Il fut alors assisté de deux secrétaires adjoints, Roger Ozanne (qui l’était déjà du temps de la CGT) et René Mexmain (futur secrétaire général du Syndicat national FO des ingénieurs des travaux publics de l’État).
Lors du congrès confédéral d’octobre 1956, Pierre Grente vota en faveur de la motion minoritaire sur l’Algérie, qui réclama la libre détermination du peuple algérien à disposer de lui-même, un cessez-le-feu et des négociations rapides entre la France et la nationalistes algériens.
Pierre Grente fut en fonction jusqu’au 5 février 1961 et il fut alors remplacé par Bernard Pitette.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137590, notice GRENTE Pierre, Julien par Louis Botella, Alain Goudeau, version mise en ligne le 12 février 2018, dernière modification le 9 mai 2022.

Par Louis Botella, Alain Goudeau

SOURCES : Compte rendu du congrès confédéral de la CGT en avril 1946. — L’évolution intérieure de la Confédération Générale du Travail (Documents et Chronologie), La Documentation française, Notes et études documentaires, n° 1239, 2 décembre 1949. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 15 janvier, 6 mai 1948, 15 février 1961. — FO Hebdo, 25 novembre 1987. — Comptes rendus des comptes rendus des congrès confédéraux de Force de 1948 à 1969. — Jean-Marie Cahagne in La SFIO en Haute-Normandie de 1914 à la rénovation du Parti socialiste, 1980, thèse de 3e cycle, Rouen (2volumes), p.93. — La Dépêche normande, 13 mars 1936. — Jean Puech in La vie politique et sociale de l’Eure sous le gouvernement Daladier (1938-1940), Mémoire dactylographié, Arch. Dép. Eure, 10 J 21. — Site Internet : deces.matchid.io.

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