KERANBRUN Ernest

Par Jacques Thouroude

Né le 8 novembre 1884 à Collinié (Côtes-de-Nord), mort le 22 août 1963 à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; magistrat ; résistant, membre du comité de patronage du quotidien communiste Ouest-Matin, président d’honneur du comité France-URSS.

Fils et petit-fils d’instituteurs, études de droit à Rennes, marié à Soissons, le 7 juillet 1913 avec Marcelle Delaporte, Ernest Keraznbrun était, en 1917, avocat à la Cour d’Appel de Paris, puis il entama une carrière de magistrat. En 1922, il fut nommé juge d’instruction au Havre au moment des grèves de la métallurgie. Ayant refusé d’entériner de multiples arrestations opérées durant ces grèves, il quitta la magistrature (ADIV 1439 W art.28). A propos du même épisode, Ouest-Matin du 12 novembre 1954 écrit : « Il signe la mise en liberté des manifestants arrêtés à l’occasion du premier mai et finit par donner sa démission plutôt que de se plier à des ordres qu’il n’approuve pas. » Ouest-France du 10 novembre 1954 ne rappella pas cet épisode de la carrière du magistrat lorsque le journal, comme Ouest-Matin, retracait son parcours professionnel à l’occasion de sa mise à la retraite, ou plus exactement l’euphémisait en écrivant qu’en 1922 il repritsa liberté sans préciser pour quelles raisons.

Il réintégra la magistrature en 1929 et futnommé en 1936 Président de Chambre à Rennes. Il fut mobilisé en 1939, puis revint à Rennes après l’armistice. « Son indépendance d’esprit et son hostilité aux occupants le rendent indésirable au gouvernement de Vichy et le 11 novembre 1940 il est relevé de ses fonctions » (Ouest-Matin 12 novembre 1954) après avoir refusé de prêter serment au maréchal Pétain. Selon les Renseignements Généraux, il est mis à la retraite d’office. Il s’installe alors comme avocat au barreau de Rennes. Il entre dans la Résistance et organise à son domicile des réunions des chefs de la Résistance de l’ouest, conserve de nombreux documents. Participe à l’organisation du Comité départemental clandestin de libération et en devient le président après l’arrestation d’Honoré Commeurec*. Le 7 juin 1944, il est arrêté comme otage et interné à la prison Jacques Cartier, puis au camp Margueritte. Libéré par les Américains, il est nommé premier président de la Cour d’Appel de Rennes par le Gouvernement Provisoire le 4 août 1944. « C’est comme Président du Comité de Libération qu’il procède à l’installation de Mr Le Gorgeu comme commissaire régional et à la réception du général de Gaulle » (Ouest-France 10 novembre 1954).

Fait paraître ultérieurement une brochure intitulée Les profiteurs de la Libération dans laquelle il met en cause les conditions de reparution de Ouest-France en 1944 (texte reproduit dans La République Libre de décembre 1959 et janvier 1960). Attaqué en diffamation par MM. Fréville (maire de Rennes) et Teitgen (député MRP de Rennes et ministre) , il est condamné par la Cour d’Appel de Rouen le 5 juillet 1961.

Les Renseignements Généraux le présentent comme étant de tendance radicale socialiste et connu pour ses sympathies envers l’extrême gauche (Ouest-Matin du 12 novembre 1954 rend hommage au « grand magistrat », au « patriote », à un « sincère démocrate » mais curieusement ne rappelle pas qu’il fit partie du comité de patronage d’Ouest-Matin lors du lancement du journal en novembre 1948).

Il fut président de l’Association des Anciens Otages Bretons, président d’Honneur du comité France-URSS, membre de la Fédération radicale-socialiste, signataire de l’Appel de Stockholm.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137598, notice KERANBRUN Ernest par Jacques Thouroude, version mise en ligne le 16 juillet 2011, dernière modification le 11 avril 2017.

Par Jacques Thouroude

SOURCE : ADIV 1439 W art.28. — Ouest-France du 10 novembre 1954, Ouest-Matin du 12 novembre 1954.

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