JOUFFROY Jean-Pierre

Par Anysia L’Hotellier

Né le 20 avril 1933 à Paris ; peintre, graveur, dessinateur, sculpteur, affichiste, directeur artistique de périodiques, historien d’art, militant communiste.

Fils d’un ingénieur de la SNCF inventeur du ferroutage, Jean-Pierre Jouffroy a reçu une éducation classique. Poète à ses heures, son père collectionnait les gravures. Le contexte de l’Occupation rendit son enfance assez difficile et triste. Pendant la guerre, la mère de famille et ses cinq enfants se sont réfugiés un moment dans le Béarn.

Très tôt, Jean-Pierre Jouffroy prit l’habitude d’entrer dans les galeries d’art parisiennes pour échapper à l’environnement familial jugé trop rigide et étriqué. En avril 1944, il poussa ainsi la porte de la Galerie Jeanne Bucher, boulevard du Montparnasse, où étaient exposées les œuvres de César Domela, de Kandinsky et surtout de Nicolas de Staël. Ce fut un électrochoc pour le jeune garçon, il sut alors qu’il voulait devenir artiste, sentant que la peinture pouvait changer le monde et lui permettre de s’émanciper. En 1945, il fut envoyé en pension dans un internat bénédictin du Morvan, il y resta quatre ans jusqu’au baccalauréat. De retour à Paris, il intégra le lycée Henri IV et obtint un second baccalauréat, celui de sciences expérimentales. Après cela, Jean-Pierre Jouffroy profita d’une année sabbatique nourrie de mathématiques et de musique, passion qu’il affectionnait et pratiquait depuis longtemps. René Leroy et André Musset, deux professeurs reconnus, lui enseignèrent la flûte. Par la suite, il réussit le concours d’entrée de l’Institut d’études politiques de Paris. Malgré de bons résultats, il sortit pourtant sans diplôme à la fin du cursus. Ses opinions, notamment sur la guerre d’Algérie, n’étaient pas partagées par ses professeurs (Jean Donnedieu de Vabres corrigea un de ses devoirs sur le système électoral en Algérie) et il paya cher son franc-parler.

Son premier acheteur de tableaux, en 1950, fut Alexandre Monnier (successeur de Claude Bernard à la chaire de physiologie de la Sorbonne). La même année, ce dernier fit participer le jeune artiste à un colloque sur la couleur à la Sorbonne. C’est à cette occasion que Jean-Pierre Jouffroy rencontra l’historien d’art Pierre Francastel. Ils se fréquenteront jusqu’à la mort de l’historien en 1970. Les deux hommes partageaient la conviction de l’autonomie de la peinture par rapport au langage verbal. Durant cette période, Jean-Pierre Jouffroy a réalisé de nombreuses expériences sur la solidité des couleurs dans le laboratoire de Monnier. C’est alors que l’artiste découvre l’utilisation du plexiglas. Dans le domaine de la gravure, Jean-Pierre Jouffroy s’est approprié les techniques traditionnelles exigeantes tout en cherchant sans cesse à les renouveler en apportant ses propres innovations. C’est justement à cette époque qu’il inventa une nouvelle technique de gravure sur plexiglas avec fraise de dentiste, technique qu’il utilise encore aujourd’hui. Cette technique avait à ce moment-là un grand mérite pour ce jeune artiste aux revenus très modestes : elle était beaucoup moins couteuse que la gravure sur bois.

À ses débuts, Jean-Pierre Jouffroy occupait une chambre de bonne au-dessus de l’appartement familial. L’exiguïté de la pièce ne l’empêchait pas de réaliser des tableaux de grandes dimensions, ses formats de prédilection. Durant les années 1950, il participa à des expositions collectives annuelles de l’École de Paris à la Galerie Charpentier. C’est à cette époque qu’il a rencontré Picasso, Jacques Villon, Georges Braque et Fernand Léger*. Il fit également la connaissance d’Édouard Pignon*, de Jean Bazaine, de Serge Poliakoff ou encore de Roberto Matta, des artistes qui devinrent vite ses amis (Jean-Pierre Jouffroy sera l’organisateur des expositions des grands formats de Matta entre 1967 et 1985, date de la rétrospective au Centre Georges Pompidou). Il fréquentait la Galerie de Beaune tenue par Suzanne de Conninck. C’est là qu’il rencontra en 1953 Xavier Longobardi avec lequel il noua une solide amitié. La première exposition personnelle de Jean-Pierre Jouffroy se tint à partir du 22 novembre 1954 à la Galerie du Passeur à Paris. Le succès fut au rendez-vous. Le 17 mars 1955, la disparition de Nicolas de Staël fut un événement qui affecta beaucoup l’artiste.

En juin 1955, son père lui demanda ce qu’il voulait faire de sa vie. Jean-Pierre Jouffroy lui répondit évidemment qu’il voulait peindre, ce qui ne plut pas à son père. Il quitta alors ses parents, et décida d’aller sonner aux portes de quelques collectionneurs, repérés comme potentiels acheteurs. Il partit ainsi avec un carton rempli de quelques œuvres. Les premiers jours furent difficiles, le peintre sautait parfois des repas. Mais vers le septième jour de sa « tournée », il frappa à la porte de l’avocat et collectionneur Maxime Blum. Les murs de son appartement étaient recouverts d’œuvres de Gauguin, de Toulouse-Lautrec, etc. Jean-Pierre Jouffroy aperçut même la copie réalisée par Manet de La leçon d’anatomie de Rembrandt. Maxime Blum regarda dans le carton de Jean-Pierre Jouffroy et lui signa un contrat de 30 000 francs par mois : inespéré ! Quand il ne peignait pas, pour arrondir les fins de mois, Jean-Pierre Jouffroy était chauffeur de camion et donnait des cours de mathématiques et de latin aux enfants des bourgeois du quartier. Pour lui, acheter des couleurs passait avant la nourriture. Néanmoins, il avait toujours sa table chez M. et Mme Monnier, ses premiers acheteurs. Par la suite, une deuxième table s’ouvrit pour lui chez Pierre Lacaze, célèbre maître d’armes qui avait beaucoup de sympathie pour les artistes. Pierre Lacaze travaillait pour la télévision et le cinéma. Il fit appel à Jean-Pierre Jouffroy, escrimeur, pour le tournage de quelques scènes de duels. À cette époque, l’artiste habitait au 7e étage du 84, avenue Simon Bolivar.

Le 12 décembre 1955, il rencontra Patricia Lambert, celle qui devint sa femme quelques mois après et qui est la mère de ses quatre enfants.

Quelque temps après, Maurice Rheims, commissaire-priseur, le contacta et doubla la somme offerte par Blum. Grâce à cela, Jean-Pierre Jouffroy et sa femme purent déménager pour un appartement au 16 rue Jacob, rénové grâce au soutien financier de l’oncle de Patricia, Armand Panigel (musicologue, fondateur de la Tribune des critiques de disques et de la revue Disques, producteur réalisateur et animateur d’émissions de télévision et radio). Jean-Pierre Jouffroy exposait régulièrement, dans de grandes galeries parisiennes notamment, comme en 1956 à la Galerie André Weil et à la Galerie Marcel Bernheim, ou en 1957 à la Galerie Katia Granof. En décembre 1956, il signa un nouveau contrat avec le galeriste André Weil à hauteur de 100 000 francs par mois. André Weil avait le droit de première vue et Jouffroy pouvait vendre le surplus. Pensant qu’il gagnait suffisamment, il rompit ce contrat deux ans plus tard, ce qu’il finira par regretter. En 1957, il rencontra le collectionneur américain Nathan Cummings. Ce dernier lui acheta plusieurs centaines d’œuvres en dix ans. Jean-Pierre Jouffroy obtint le prix Pacquement de la Société des Amis du Musée d’art moderne en 1957.

Le 1er mai 1958, il fut incorporé dans l’armée pour 24 mois, son sursis en tant qu’étudiant étant terminé. Comme sa femme attendait un deuxième enfant, il ne fut pas obligé de partir pour l’Algérie. Incorporé dans un régiment de transmissions, il fut libéré de ses obligations en mai 1960. Entre-temps, en octobre 1958, Jean-Pierre Jouffroy et sa famille déménagèrent pour le Faubourg Saint-Honoré, où ils restèrent dix ans. À l’époque, Patricia et Jean-Pierre Jouffroy côtoyaient Paul Préboist, ami que Jean-Pierre Jouffroy avait rencontré lorsqu’il était chargé d’organiser des spectacles de théâtre aux Armées. Ensemble, ils le poussèrent à monter sur scène.

À son retour du service militaire, il aménagea en atelier la salle de réception d’un ami médecin, au 101 boulevard Malesherbes. En 1960, il y peignait plusieurs toiles en rapport avec la guerre d’Algérie, dont celle à l’effigie de Djamila Bouhired, intitulée Toutes les larmes de son corps. La même année, il signa un contrat avec la galerie Valentin Abdy où il fit plusieurs expositions personnelles. Cependant les clients se faisaient rares à cette période et il lui fallait trouver d’autres moyens de subsistance. Maurice Vidal, ancien résistant et directeur du journal sportif Miroir sprint, l’embaucha pour la fabrication des maquettes du journal.

En 1968, Jean-Pierre Jouffroy et sa famille emménagèrent rue d’Aumale dans le IXe arrondissement. Son exposition intitulée Naissance de Vénus se tint à la Maison des arts de Sochaux la même année. En février 1968, Jean-Pierre Jouffroy organisa l’exposition de la Journée des intellectuels pour le Vietnam (Porte de Versailles) qui rassembla des œuvres de Picasso, de Matta, de Manessier ou encore de Bazaine. En 1969, l’exposition L’Enlèvement des Sabines (50 planches en taille-douce) fut installée à la Maison des jeunes de Saint-Ouen. Cette exposition fut ensuite itinérante, allant de Créteil à Besançon. Durant les années 1970 à 2000, Jean-Pierre Jouffroy a exposé très régulièrement dans toute la France, des expositions tant particulières que collectives comme le Salon de Mai par exemple. Une rétrospective de ses œuvres se tint à Lille, au palais Rihour, Figures humaines, 100 gravures/100 peintures en 1983, une autre l’année d’après à la Maison de la culture de Bourges (Figures humaines : rétrospective 1962-1984, 15 avril-14 mai 1984). En 1988, une nouvelle rétrospective eut lieu à la Maison Descartes d’Amsterdam, à la Galerie Kwartijn d’Amsterdam et à l’Institut français à La Haye. En 1996, Jean-Pierre Jouffroy gravait quarante planches en taille d’épargne pour illustrer le recueil de poèmes de Paul Éluard, Au rendez-vous allemand (publié en 1999 aux Éditions Camino verde). En 1998, une rétrospective se tint dans le grand hall d’entrée de la CGT, rue de Paris à Montreuil. En 2003, il exposait cent toiles à l’Espace 1789 à Saint-Ouen sous le titre Apologie du paysage. En avril 2008, il participa à une exposition internationale des peintres et sculpteurs de la guerre d’Algérie.

Jean-Pierre Jouffroy a réalisé trois commandes publiques. La première en 1957 pour le collège de Saint-Dié dans les Vosges, la deuxième pour le CES Lenain de Tillemont à Montreuil en 1977 et la dernière, en 1998, pour le collège Dulcie September à Arcueil.

Jean-Pierre Jouffroy fut aussi un affichiste très actif, on lui doit plus de 300 affiches culturelles, commerciales et politiques. Certaines ont été déposées au cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France par l’artiste.

À côté de ses activités artistiques, Jean-Pierre Jouffroy fut à l’origine de vingt-deux formules graphiques de journaux : depuis de petites revues littéraires, cinématographiques ou théoriques jusqu’à un grand hebdomadaire. De 1963 à 1975, il fut en effet directeur artistique de Clarté, et entre 1964 et 1975, celui de l’Avant-garde. Il fut également maquettiste du journal féminin de la CGT, Antoinette. En 1975, André Carrel l’appela à ses côtés et Jean-Pierre Jouffroy devint directeur artistique de l’Humanité-Dimanche et rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire jusqu’en 1988. Pour le 22e congrès du PCF en 1976, la sortie de la nouvelle formule de l’hebdomadaire mise au point par l’artiste fut un événement. Jean-Pierre Jouffroy transforma la présentation du journal : davantage de photographies couleurs et une présentation plus aérée. Parallèlement, il mit en place une cellule graphique au sein des Éditions Messidor (entre 1981 et 1990).

Jean-Pierre Jouffroy fut également un historien d’art productif. De 1962 à nos jours, il a écrit de nombreux articles dans des revues et journaux comme La Nouvelle Critique, l’Humanité, les Cahiers du communisme ou La Pensée. Publié en 2010, son ouvrage intitulé Trajectoires de la peinture réunit l’ensemble de ces textes. En 1978, il remporta le prix de l’Académie française pour son livre Le Jardin des délices de Jérôme Bosch grandeur nature.

Parallèlement à ses nombreuses activités d’écriture et de création, Jean Pierre Jouffroy s’investit beaucoup dans l’action politique. Il adhéra au PCF le 5 juillet 1962, jour de l’indépendance de l’Algérie. Il était membre de la direction des sections du PCF du VIIIe arrondissement de Paris, puis du IXe arrondissement, puis de celle d’Arcueil jusqu’en 2005. Jean-Pierre Jouffroy fut membre de la commission Culture du PCF entre 1963 et 2002.

En 1964, il assista à une conférence fédérale du Parti. Il y affirma que ni Garaudy ni Aragon n’avaient à dire aux artistes ce qu’ils devaient faire. Plus tard, il participa au congrès du Parti et réitéra ses propos, ce qui n’était pas sans froisser Aragon. Les deux hommes se réconcilieront pourtant à l’occasion de la publication d’un article de Jean-Pierre Jouffroy en 1967 dans la revue Le Nouveau Clarté. Cet article traitait du nouveau roman d’Aragon, Blanche ou l’oubli, et Jean-Pierre Jouffroy l’avait signé de son pseudonyme Jean Rouge (nom de jeune fille de sa mère). Aragon appela Édouard Ruiz, un ami commun, pour lui dire que c’était le meilleur article sur Blanche. Suivit une amitié qui durera jusqu’à la mort d’Aragon. Avant sa disparition, en 1982, Jean-Pierre Jouffroy organisa l’exposition Aragon et son siècle de peintres à la Fête de l’Humanité. À cette occasion, Aragon lui rendit visite et l’artiste en profita pour dessiner quelques portraits d’Aragon sur un carnet. Plusieurs toiles et gravures naîtront de ce moment.

En 1981, Lucien Marest, dirigeant de la commission culturelle du PCF, lui confia la responsabilité du secteur des arts plastiques. L’artiste assuma ce poste jusqu’en 2002. Il fut responsable, puis responsable en premier des expositions de la Fête de l’Humanité de 1966 à 1992, puis entre 2001 et 2005. De grandes expositions au succès populaire furent organisées : les expositions Picasso en 1973 et 1981, celle sur l’Impressionnisme en 1974, Aragon et son siècle de peintres en 1982, ou encore l’exposition de cent peintres en grands formats en septembre 2004 pour le centenaire de l’Humanité. En 1989, pour la célébration du bicentenaire de la Révolution, Jean-Pierre Jouffroy réalisa le fond de scène de la Fête de l’Humanité. Il était constitué de treize toiles 4m x 10m. Celles-ci seront exposées dans le hall de la CGT en 1998. Jean-Pierre Jouffroy fut aussi le président de l’association chargée d’organiser de grandes expositions au siège du PCF, place du Colonel Fabien. L’une d’entre elles, Jésus et l’humanité fit grand bruit en 2000.

À partir de 1986, Jean-Pierre Jouffroy vécut et travailla à Arcueil. Il fut élu au conseil municipal entre 1989 et 1995. À cette occasion, il présida la commission culturelle de la ville et convainquit le maire et l’adjointe au maire à la culture d’ouvrir une salle d’exposition à Arcueil. La Galerie municipale Julio Gonzalez ouvrit ainsi ses portes en 1992, elle fut codirigée par la mairie et les artistes de la ville.

L’artiste enseigna dans les écoles de la CGT et celles du PCF entre 1963 et 2005. De temps en temps, il intervint encore dans les écoles du PCF : en 2011, il guida une visite du Musée Marmottan et anima un stage sur histoire de l’art au sein d’une école du PCF de Paris.

« Est considéré comme artiste professionnel celui pour qui la création artistique est un engagement vital et constitue, de façon permanente et reconnue, une réalisation de soi-même l’intégrant fondamentalement quelle que soit sa tendance dans le mouvement général de la création », telle est la définition d’un artiste par Jean-Pierre Jouffroy. La question des conditions de vie des peintres et des sculpteurs fut une préoccupation constante chez Jean-Pierre Jouffroy. En 1960, il devint membre de l’Union des arts plastiques (UAP) et en décembre 1968, il fut élu secrétaire général de cette organisation (il le resta jusqu’en 2000). Avec Jean Milhau et Ladislas Kijno, Jean-Pierre Jouffroy fut à l’origine de la création de la Sécurité sociale pour les peintres et sculpteurs. En mai 1968, lui et Jean Milhau réunissaient entre 100 et 300 peintres parisiens et bâtissaient ensemble un cahier de doléances. Avec Kijno, ils négocièrent avec les deux représentants des syndicats des marchands de tableaux : Gildo Caputo (Galerie de France) et Jean-Pierre Bénézit (Galerie Bénézit). À la fin de toutes ces discussions, en 1975, ils obtiennent que le régime de sécurité sociale qui jusqu’ici ne concernait que certaines catégories de créateurs fît l’objet d’une étude qui aboutit à la loi n° 75-1348 du 31 décembre 1975 relative à la sécurité sociale des artistes auteurs d’œuvres littéraires et dramatiques, musicales et chorégraphiques, audiovisuelles et cinématographiques, graphiques et plastiques (mise en application au 1er janvier 1977). Jean-Pierre Jouffroy rédigea également avec Robert Fachard le volet social du rapport de la commission Troche en 1982. En tant que représentant de l’Union des Arts Plastiques, il fut membre du Conseil d’orientation du Centre national des arts plastiques de sa création en 1982 à 1988

Dans les années 1970, il participa à la lutte contre la démolition de la Cité fleurie : un ensemble de 29 ateliers d’artistes, situés au 65, boulevard Arago, construits en 1878 et menacés par un spéculateur immobilier qui souhaitait construire un grand immeuble à leur place. En tant que secrétaire général de l’UAP, Jean-Pierre Jouffroy organisa l’occupation des lieux pour empêcher les démolitions. Alfred Manessier réalisa une affiche pour l’occasion : « Sauvez la cité fleurie ». La mobilisation porta ses fruits, les médias et les politiques s’emparèrent du sujet. Après de nombreux rebondissements, la Cité fut rachetée par l’État en 1981.
En 1999, Jean-Pierre Jouffroy est nommé chevalier de l’ordre national du mérite puis chevalier de la Légion d’honneur en 2001.

Convaincu très tôt que la création artistique pouvait rendre le monde un peu plus intelligible tout en contribuant à le changer, Jean-Pierre Jouffroy est un artiste intransigeant, toujours à la recherche du point de rencontre entre abstraction et figuration, dans le sillon du mouvement de l’abstraction lyrique. Il a constamment questionné l’art : tant en termes de techniques et de méthodes que du côté physique et chimique des matières et des couleurs, et aussi bien du point de vue de l’écriture de l’histoire de l’art que de ses rapports avec le politique. Défenseur infatigable des artistes et de leurs conditions de vie, Jean-Pierre Jouffroy a sans cesse lutté pour la liberté de création et dénoncé les effets pervers de la spéculation autour du marché de l’art. Véritable « peintre d’histoire » comme le présente Denis Fernàndez-Recatalà, il milita activement au sein du PCF, à un moment où celui-ci devait se réconcilier avec les artistes, tout en affirmant haut et fort que la fonction d’un parti politique n’est pas d’émettre des jugements sur l’art.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137688, notice JOUFFROY Jean-Pierre par Anysia L’Hotellier, version mise en ligne le 24 juillet 2011, dernière modification le 19 octobre 2022.

Par Anysia L’Hotellier

ŒUVRE : Le Jardin des délices de Jérôme Bosch grandeur nature, Éditions Hier et demain, 1977, 189 p. — La Mesure de Nicolas de Staël, Neuchâtel, Éditions Ides et calendes, 1981, 239 p. — L’espace et la lumière de Xavier Longobardi, Éditions Clair-Obscur, 1981, p. — Jeux d’enfants de Peter Bruegel, Éditions La Farandole, 1981, 45 p. — Picasso, de l’image à la lettre (en collaboration avec Edouard Ruiz), Éditions Temps Actuels, 1981, 237 p. — La raison de Vincent Van Gogh, Éditions Messidor, 1990, 171 p. — Trajectoires de la peinture, Éditions Delga, 2010, 653 p.
Principales institutions conservant les œuvres de Jean-Pierre Jouffroy : Musée d’art moderne de la ville de Paris, Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, Musée d’art contemporain du Val de Marne, Cabinet des Estampes BNF, Brandeys University de Boston, Chicago Art Institute.

SOURCES : Entretiens avec Jean-Pierre Jouffroy, archives personnelles de Jean-Pierre Jouffroy. Figures humaines : Jean-Pierre Jouffroy, exposition, Maison des arts et loisirs de Sochaux, 23 avril au 22 mai 1983, 46 p. — André Carrel, L’Huma, Éditions Messidor, 1989, 170 p. — Jean-Pierre Jouffroy : anthropométries, Denis Fernàndez-Recatalà, Pantin, Le Temps des cerises, 2000, 45 p.

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