LE CORRE Jean-Louis

Par Alain Prigent, François Prigent

Né le 10 novembre 1937 à La Trinité-sur-Mer (Morbihan) ; ajusteur ; secrétaire du syndicat CGT Sud-Aviation Saint-Nazaire (1964-1971) ; adjoint (1971-1977) puis maire PCF de Trignac (1977-2008) ; conseiller général de Trignac (1973-1982 et 1994-2008).

Manoeuvre maçon puis cheminot, chargé de l’entretien des voies, son père, Marcel Le Corre, originaire de Saint-Pierre-de-Quiberon, était très investi dans la constellation de réseaux communistes du Morbihan (CGT, PCF, associations sportives). Résistant FFI, il participa aux combats dans le maquis de Saint-Marcel en 1944. Sa mère, avant son mariage, parcourait la campagne pour présenter aux commerçants les produits des Nouvelles Galeries. Jean-Louis était le second des cinq enfants de la famille qui, dès 1939, s’installa à Carnac.
Après avoir suivi sa scolarité primaire à l’école publique de Carnac, il fréquenta le lycée technique de Lorient, comme interne pendant cinq années, obtenant un CAP d’ajusteur en 1954. Reçu au concours d’entrée à l’école de la marine marchande de Nantes, sa candidature ne fut pas retenue n’étant pas prioritaire. Il rejoignit alors son frère aîné qui travaillait comme ajusteur à la SNCASO, entreprise de l’aviation civile installée à Saint-Nazaire. Célibataire, logeant dans des meublés ou dans les chambres d’hôtel, il participa aux conflits sociaux qui marquèrent la région de Saint-Nazaire de 1955 à 1957. Les bas salaires, les difficiles conditions de travail et de logement provoquèrent la révolte d’une jeune classe ouvrière qui se heurta à la violence des forces de l’ordre. Un de ses futurs beaux-frères fut grièvement blessé lors des affrontements, l’autre fut licencié des chantiers de l’Atlantique. Jean-Louis Le Corre adhéra à la jeunesse communiste par l’intermédiaire de Raymond Tessier* en 1956.
Il se maria le 14 septembre 1957 avec Gisèle Rio, fille d’un chaudronnier des chantiers de l’Atlantique. Il effectuait son service militaire en métropole du 1er novembre 1957 à juin 1959. La naissance de son second enfant en 1959 lui permit de libérer par anticipation.

Claude Langlois* le fit adhérer, en même temps, au PCF et à la CGT dès son retour dans l’entreprise. L’opposition à la Guerre d’Algérie et à la politique sociale du général De Gaulle s’avéraient être des matrices essentielles d’adhésion au communisme. En 1961, il devint trésorier d’atelier, collectant les adhésions des militants CGT. En 1962 il fut élu déléguer du personnel. En 1964, il devint secrétaire du syndicat CGT remplaçant René Planchenaud*. En 1965 il secondait Guy Texier* au secrétariat du syndicat CGT des métaux de Saint-Nazaire. La période 19661967 fut marquée par les négociations concernant la nouvelle convention collective de la métallurgie à Saint-Nazaire. Jean-Louis Le Corre fut très actif au sein de l’entreprise qui fut l’une des toutes premières entreprises de France entrait dans le mouvement de mai 1968 après Sud-Aviation à Bouguenais et les usines Renault à Billancourt.

En 1965, troisième sur la liste communiste conduite par Marcel Douley*, commerçant, fondateur du secours populaire, aux élections municipales à Trignac, il entama un long parcours politique. La liste communiste qui obtint 35 % des suffrages exprimés mais elle n’eut aucun siège au conseil municipal. Elle fut battue par la liste socialiste conduite par Pierre Glotin*. Avant lui, Julien Lambot* (1919-1947), également conseiller d’arrondissement SFIO, André Hazo* (1947-1965), avait dirigé la mairie preuve d’un long enracinement du socialisme municipal.

En 1971, Jean-Louis Le Corre figurait sur la liste communiste menée par Augustine Bihan*, secrétaire de mairie à l’État civil en retraite depuis quelques mois. Il devint 1er adjoint aux finances, à l’urbanisme et aux travaux, de la première femme élue maire en Loire-Atlantique.

La liste communiste l’emporta largement avec 80 % des suffrages dès le premier tour face à la liste socialiste conduite par Pierre Glotin*. Le refus de prendre en compte les évolutions politiques locales, des difficultés à prendre en compte les problèmes liés du parc de Brière, furent déterminantes dans le changement de majorité municipale.

En 1973, Jean-Louis Le Corre devint conseiller général, à 36 ans, du nouveau canton de Montoir-de-Bretagne, qui venait d’être créer (communes de Donges, Montoir-de-Bretagne, Saint-Malo de Guersac et Trignac). Seul élu communiste à siéger dans l’assemblée départementale, il donnait au PCF son premier élu depuis Georges Batard*, conseiller général du canton de Nantes 7, en 1945. En 1976, il fut rejoint par un autre élu communiste, Michel Moreau*, qui emporta le canton de Nantes 5.

En 1977, la liste qu’il conduisait obtint près de 60 % des voix, contre 15 % à la liste du PS et 15 % à la droite. Il dirigea alors la commune de Trignac, pendant quatre mandats jusqu’en 2008. Nouant des liens étroits avec les autres maires communistes du département, il fut également en contact avec Jean Maurice*, maire de Lanester, dans le cadre de l’association des élus communistes de l’Ouest. Il fut longtemps président du syndicat intercommunal à vocation multiple de la région de Brière regroupant les communes de Montoir de Bretagne, Saint-Malo-de-Guersac, Saint-Joachim et Trignac
En 1982, le canton fut pris par le PS, avec Yannick Vaugrenard*, proche de Jean-Marc Ayrault (secrétaire fédéral entre 1990 et 2001, puis député européen entre 2004 et 2009), dont le père était un dirigeant local du MRP. Le contexte politique national, le déplacement de plusieurs dizaines d’adhérents de la FNACA au Mont Dore et la tenue d’un important match de rugby à Nantes expliquèrent le différentiel de 150 voix et La défaite communiste au premier tour. En 1983, la section socialiste présenta une liste indépendante qui fut battue au premier tour n’obtenant que trois élus dont le conseiller général. Les relations entre communistes et socialistes furent prétendues au sein du conseil municipal. Yannick Vaugrenard qui ne fut pas réélu en 1989 devint adjoint au maire de Saint-Nazaire en 1995.

Jean-Louis Le Corre fut réélu maire en 1983 et 1989. En 1994, il retrouva son siège de conseiller général à 57 ans. Il entama de nouveaux mandats de maire en 1995 et 2001. En 2004, il devint vice-président du Conseil Général, qui avait basculé à gauche sous l’égide de Patrick Maréschal*. En 2008, il prépara son retrait de la vie politique, passant le relais à Roger David* au Conseil Général (61 ans, retraité de la métallurgie, maire de Saint-Malo de Guersac entre 1995 et 2008) et Sabine Mahé à la Mairie.

Il fut candidat aux législatives à plusieurs reprises en particulier en 1973 dans la circonscription de La Baule contre Olivier Guichard, un des barons du gaullisme. Il fut également candidat aux élections européennes et aux élections sénatoriales.

Le 22 décembre 2006, avec le maire d’Allonnes (Sarthe) Yvon Luby*, il fut traîné devant le tribunal administratif de Nantes pour avoir pris un arrêté interdisant les coupures d’eau, les coupures d’électricité, les expulsions de la misère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article137795, notice LE CORRE Jean-Louis par Alain Prigent, François Prigent, version mise en ligne le 4 août 2011, dernière modification le 7 novembre 2011.

Par Alain Prigent, François Prigent

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Julian Mischi, Traditions politiques locales et communismes ouvriers. L’implantation du PCF dans la région de Saint-Nazaire, AREMORS, 1998, 201 p. — Jacky Réault, Les 30 glorieuses de la CGT nassérienne et les aléas de la mondialisation, in La CGT en Bretagne, un centenaire, Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, Tome 102, N°3, 1995. — Entretien en 2010. — Rémi Gadet, Le Parti communiste français en Loire-Atlantique de 1958 à 1981, sous la direction de Bertrand Joly, Université de Nantes, 2011, 172 p.

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