Par Daniel Couret
Né le 10 juillet 1941 à Paris (XVe arr.), frère jumeau d’Alain Krivine ; physicien et mathématicien, maître de conférences à l’université de Paris VI Pierre et Marie Curie ; communiste puis trotskyste, militant au PCF, au Parti communiste internationaliste – section française de la IVe Internationale, puis membre de la direction de la Ligue communiste, de la Ligue communiste révolutionnaire et adhérent du Nouveau parti anticapitaliste.
Hubert Krivine est un des cinq fils du docteur Pierre Krivine (1899-1977), médecin et stomatologue parisien, sympathisant socialiste, né en France de parents juifs russes ayant fui les pogroms de l’empire tsariste, et de Esther Lautman, (1906-1981). À l’instar de son frère Jean-Michel Krivine, de neuf ans son aîné, militant du PCF, il rejoignit les Jeunesses communistes en 1955, alors qu’il était élève au lycée Condorcet à Paris. Après son baccalauréat, qu’il obtint en 1958, il entreprit des études de mathématiques. Il milita ensuite à l’Union des étudiants communistes (UEC) et au PCF. Critique quant à la politique du Parti durant la guerre d’Algérie et à son soutien inconditionnel de l’URSS lors des événements de Hongrie en 1956, il fut gagné au trotskysme durant la même année par Simonne Minguet et Pierre Frank, quelques mois après son frère Jean-Michel. Il rejoignit alors le Parti communiste internationaliste - section française de la IVe Internationale (PCI-SFQI), une petite organisation de quelques dizaines de militants.
Il participa activement à des activités de soutien aux militants indépendantistes algériens du FLN au sein du réseau Curiel. C’est au sein de ce mouvement clandestin, dans lequel intervenaient les militants trotskystes du PCI, qu’il eut la surprise de découvrir son frère aîné Jean-Michel. Les deux frères, qui continuaient à militer activement au PCF, dans lequel ils pratiquaient la tactique de l’entrisme, convinrent de ne pas dévoiler tout de suite leur appartenance au mouvement trotskyste au frère jumeau de Hubert – Alain Krivine — mais de tenter de l’influencer par des conversations régulières. C’est ainsi qu’Alain Krivine rejoignit à son tour le mouvement trotskyste, un an plus tard, en 1960.
Hubert Krivine, étudiant en mathématiques et en physique, milita activement à l’UEC à Paris et devint un des leaders de l’opposition de gauche qui se constitua au sein de cette organisation à partir de 1963. Cela lui valut de se faire exclure du PCF, puis de l’UEC, avec plusieurs de ses camarades, à la fin de l’année 1965 pour avoir refusé de soutenir la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle de 1965. Les exclus fondèrent en avril 1966 la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), dont il devint un des dirigeants aux côtés de son frère Alain, de Daniel Bensaïd, d’Henri Weber et de Jeannette Habel. Ayant terminé ses études en 1966, il travailla comme chercheur à l’institut nucléaire d’Orsay, puis fut maître-assistant à la faculté des sciences de Paris.
La JCR et le PCI furent dissous le 12 juin 1968, et Hubert Krivine figura parmi les fondateurs de la Ligue communiste (LC) en avril 1969. Il fut élu au comité central de la nouvelle organisation et fut également membre de son bureau politique, sous le pseudonyme de Sandor. Il devint en outre membre du Comité exécutif international et du Secrétariat unifié de la IVe Internationale, dont la LC était devenue la section française. Son expérience acquise lors de la guerre d’Algérie, dans les réseaux clandestins de soutien au FLN, lui valut d’être choisi pour certaines tâches clandestines au sein de l’organisation trotskyste internationale. C’est ainsi qu’il partit en Argentine, en 1969, afin d’aider à organiser le PRT de Roberto Santucho et sa branche armée, l’ERP. Il fut arrêté à Lausanne en avril 1970, en compagnie de deux militants suisses de la IVe Internationale, accusé d’avoir tenté de dérober dans une usine du matériel de transmission radio. L’enquête révéla que ce matériel était destiné à la guérilla bolivienne. Inculpé de tentative de vol et d’espionnage, il fut emprisonné deux mois en Suisse. Ayant nié les faits qui lui étaient reprochés, il fut relâché sous caution le 15 mai 1970. Il fut par la suite condamné à cinq mois de prison avec sursis. Il s’occupa les années suivantes des activités du Secrétariat unifié de la IVe Internationale en direction des pays de l’est et effectua plusieurs séjours en URSS, Pologne et Tchécoslovaquie.
Il fut l’auteur de nombreux textes dans la presse de la LC, puis de la LCR, qui lui succéda, écrivant des articles sur la crise du PCF, durant les années 1970, dans l’hebdomadaire Rouge. Il fut également l’auteur de nombreux articles sur l’URSS et le mouvement communiste international dans la revue Inprecor, signant ses articles Hubert Sandor. Bien que n’occupant plus de responsabilités à la direction de la LCR les années suivantes, il demeura un militant de cette organisation, s’occupant, entre autre, de la formation des militants et cadres, tout en travaillant comme chercheur au laboratoire de physique théorique de l’Université de Paris-Sud et comme enseignant, maître de conférences à l’Université de Paris 6, à Orsay, puis à l’Université Pierre et Marie Curie, à Paris. Il devint membre du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dès la création de cette formation politique, en 2009.
Par Daniel Couret
ŒUVRE : Exercices de mathématiques pour physiciens. Corrigés et commentés, Paris, Éditions Cassini, 2002. — La physique statistique en exercices : Licence 3 et master de physique, Paris, Éditions Vuibert, 2008. — La Terre, des mythes au savoir, Paris, Éditions Cassini, 2011. — De l’atome imaginé à l’atome découvert, contre le relativisme (en coll. avec Annie Grosman), De Boeck, 2015. — Petit traité de hasardologie, Cassini, 2016, 2018, traduit en russe. — Comprendre sans prévoir, prévoir sans comprendre, Cassini 2018. — L’IA peut-elle penser ?, De Boeck, 2021.
Prix de l’Union rationaliste (2011)
Prix d’histoire des sciences de l’académie des sciences (2012).
SOURCES : Frédéric Charpier, Histoire de l’extrême gauche trotskiste, Paris, Éditions 1, 2002. — Christophe Nick, Les trotskistes, Paris, Fayard, 2002. — Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005. — Alain Krivine, Ça te passera avec l’âge, Paris, Flammarion, 2006. — Collection des journaux Rouge et Inprecor.