Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason
Née le 24 juillet 1914 à Belik près de Bialystok (Pologne), tuée par explosifs à Paris (XVe arr.) le 11 avril 1944 ; couturière ; militante communiste ; résistante FTP-MOI.
Épouse de Iarosz, Tuba Klesczelski milita au Parti communiste en Pologne. Le couple arriva en France en 1937 et vécut dans le Xe arrondissement à Paris. Elle milita à la sous-section juive du Parti communiste avant la guerre.
Elle entra dans les FTP en janvier 1943, devint agent de liaison permanente, matricule 10351 du service technique des FTP-MOI. Jaroche Klesczelski militait au Parti communiste et appartint au deuxième détachement FTP-MOI de Paris dont il faisait partie de la direction. Colette apportait les armes – revolvers, pistolets, grenades et explosifs – aux combattants avant chaque attentat. Elle récupérait les armes de poing une fois les missions accomplies. Couturière de profession, elle s’était confectionnée une jupe plissée avec une ceinture intérieure : deux poches de toile permettaient de dissimuler armes, grenades et explosifs.
Elle apporta le 13 mars 1943 un engin explosif que Robert Witchitz déposa sur le rebord d’une fenêtre d’un garage réquisitionné par les Allemands rue Desaix (XVe arr.). Le 19 mai et le 16 juin, elle lui remit une grenade à Villejuif (Seine, Val-de-Marne) et rue de Choiseul à Paris (IIe arr.). Les objectifs étaient un autobus qui transportait des soldats allemands et un café fréquenté par des militaires italiens. Le 18 juin, l’objectif fut le Parti franciste, porte de Saint-Ouen à Paris à la limite des XVIIe et XVIIIe arrondissements.
Les 10 et 31 juillet 1943, elle remit une grenade à Ernato Paganini qui la lança sur des militaires allemands à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne) et à Jacques, un FTP qui fit de même à la gare de la Folie à Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine).
Début août 1943, une action similaire contre des gardes-voies fut menée à Noisy-le-Sec (Seine, Seine-Saint-Denis). Le 11 août, elle donna l’arme avec laquelle Robert Witchitz tira à quatre reprises dans le dos du membre du parti franciste José Delaplace à la porte de Saint-Ouen. Le 20 août, elle livra les armes avec lesquelles deux FTP, Mario et Robert Witchitz tirèrent sur le capitaine Otto Thielepin avenue du Roule à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine).
Le 4 septembre 1943, les armes qu’elle apporta permirent de tuer le soldat Hubert Schonfelder près de la porte d’Ivry, Paris (XIIIe arr.). Elle livra la grenade qui fut lancée le même mois à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines) dans le couloir d’une maison de tolérance fréquentée par l’armée allemande. Le 17 septembre, elle apporta trois pistolets 6,35 mm aux FTP Antoine, Cesare Luccarini et Robert Witchitz : ils devaient tuer Tagliaferi, horloger à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) et dénonciateur de plusieurs antifascistes italiens ; ils entrèrent dans sa boutique, Robert Witchitz tira plusieurs coups de feu, tuant Tagliaferi. Le 25, elle livra la grenade qui permit la réalisation d’un attentat au « Café de l’autobus » 77 rue de la Voie-Verte à Paris (XIVe arr.).
Le 8 octobre 1943, elle apporta une grenade qui fut lancée par Cesare Luccarini dans un restaurant du XVIIe arrondissement de Paris, mais qui n’explosa pas. Le 20 octobre, une grenade fut lancée sur un restaurant fréquenté par les Allemands 62 rue Caumartin à Paris (IXe arr.) : Tuba Klesczelski avait apporté à ses camarades FTP cette grenade et des armes pour ceux qui assuraient la protection du lanceur de grenade. Le 29 octobre, elle livra les armes à Argenteuil pour une action contre un militant PPF.
Le 12 novembre 1943 elle apporta les armes aux combattants qui allaient attaquer un convoyeur de fonds allemand. L’opération échoua ; plusieurs FTP furent arrêtés, interrogés, torturés.
À la suite de cette chute des FTP-MOI, d’autres missions furent confiées à Tuba Klesczelski. Le 11 avril 1944, un nouveau mélange explosif fut essayé dans le laboratoire de la rue Saint-Charles (XVe arr.) ; une explosion se produisit qui lui arracha une jambe et elle en mourut.
Après la guerre, elle fut réinhumée dans le carré des fusillés au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. 77W 2122, BA 1752. — Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. — David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Éd. Renouveau, 1984. — David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française 1940-1944, Éd. Le Pavillon, 1971. — Site Internet CDJC. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb.