JULIAT Jean, Henri, Victor [pseudonyme dans la résistance : Nanot]

Par Eric Panthou

Né le 20 août 1926 à Espinasse (Puy-de-Dôme) ; vendeur représentant et placier ; résistant au sein des FUJP et des FFI ; membre du secrétariat fédéral du PCF du Puy-de-Dôme ; membre du comité national ANACR ; Coprésident de l’Amicale Zone 13.

Fils d’un mutilé de guerre, facteur et d’une mercière, Jean Juliat obtint son Brevet élémentaire à Pionsat en mai 1943. Il habitait alors chez ses parents à Espinasse. Il fêta ce brevet une semaine plus tard avec des amis dans un bal clandestin où chacun manifeste son soutien à l’idée de la résistance. Quelques jours plus tard, deux de ses amis présents au bal, Lucien Carte et René Verge, furent contactés par Marcel Faure, du village voisin de Biollet qui leur proposa de rejoindre les Forces Unies des Jeunes Patriotes (FUJP d’obédience communiste). Verge obtient alors l’accord de Jean Juliat pour les rejoindre. Il adhéra ensuite aux Jeunesses communistes, devenant secrétaire de la section communale d’Espinasse et de la section cantonale de Saint-Gervais d’Auvergne des FUJP. Il participa dès lors à la distribution de tracts, du journal L’Avant-Garde, à l’aide aux maquis du secteur, notamment le camp Gabriél-Péri (FTP), à l’accueil de maquisards fuyant le STO pour les acheminer au Camp Gabriel-Péri, implanté notamment à Cacherat, commune d’Espinasse, à la collecte d’argent et de tickets de ravitaillement, à la récupération de quelques armes légères. Il fut aussi chargé du recrutement au sein de son groupe qui rassemblait près de 10 adhérents.

Durant l’hiver 1943 il prit contact avec René Chabassière, alors responsable des Mouvements unis de la Résistance (MUR) dans la commune. C’est ce dernier qui le 15 mai 1944 au soir informe Jean Juliat de la décision du rassemblement à l’appel du Colonel Gaspard, alias Émile Coulaudon, à rejoindre le Mont-Mouchet. Le lundi 16 mai, Jean Juliat contacte Marcel Faure et Jean-Marie Fondras, deux militants communistes, qui déclarent ne pas être informés de cet appel mais qui qui semblent opposés à ce type de grand rassemblement.

Avec ses amis Verge et Carte, il réunit les jeunes du groupe. Plusieurs acceptent de partir malgré l’absence de consignes des FTP des FJP ou du responsable local du Front national. 4 des 10 jeunes appartenant au groupe partent ainsi vers le Mont-Mouchet. Jean Juliat partit avec Lucien Carte, René Vergé et André Beaufort pour le Mont-Mouchet le 17 mai 1944, en direction de Vins-Haut, sous la responsabilité de Paul Gannat alias « Georges ». Le petit groupe récupéra deux jeunes venant du Camp Nestor-Perret. C’est là qu’il reçut pour la première fois une arme. Il intégra alors aux FFI. Il arriva à la maison forestière, le 21 mai. Les premiers engagements débutèrent le 2 juin. Attaque allemande les 10 et 11 juin. 23 maquisards furent tués au Crépoux, parmi lesquels Shellenbach et les frères Dugat, de Saint-Maurice-de-Pionsat.
Jean Juliat resta avec le même groupe du début, sous le commandement de Pépé, au sein de la 14ème Compagnie du Mont-Mouchet (10éme Cie selon une autre source). C’est le 27 mai, alors qu’il accompagnait un groupe des Truands, qu’il connut son premier coup de feu, dans le secteur de Chastel et Pinols.
Le repli devint impératif après les combats des Quatre Routes à Pinols le 10 juin et la contre-attaque allemande. Il s’effectua dans des conditions difficiles, à pied, avant de rejoindre la zone de Saint-Gervais et le commandant André, pseudonyme de Paul Roche. Il fut alors intégré à la 1ère Compagnie (zone 13). Il participa ensuite à la libération locale (Aigueperse, Gannat)… avant le retour à Montaigut. Il s’engagea ensuite pour le reste de la guerre à Limoges dans le 13e régiment du train. Il fut démobilisé le 21 décembre 1945 après avoir été nommé brigadier-chef en novembre.
Il fut homologué FFI pour la période du 17 mai au 28 août 1944 au sein de la formation MUR Mont-Mouchet 3ème Bataillon Cantal.

Après-guerre, il fut dans un premier temps salarié Michelin de 1946 à 1948, élu délégué du personnel au nom de la CGT d’avril 1947 à octobre 1948. Il travailla ensuite aux Ateliers Mécaniques du Centre (AMC) à Clermont-Ferrand et fut membre du Bureau départementale CGT des métaux puis du textile après avoir travaillé dans l’industriel textile. Puis, à partir de 1960, après être devenu vendeur représentant et placier dans le domaine de la confection (retraité en 1986) il fut secrétaire trésorier du syndicat des VRP CGT.
Jean Juliat fut aussi un militant et cadre du Parti communiste auquel il adhéra en 1943. En 1950, il était membre de la section Pierre Semard de Clermont-Ferrand.
Il fut élu au secrétariat fédéral du PCF du Puy-de-Dôme à l’issue de la 5ème conférence, 12 et 13 février 1949, Pierre Besset étant le premier secrétaire. Il fut renouvelé aux quatre conférences suivantes de 1950 à 1954.
En 1956, il n’est plus proposé. On constate qu’il "n’a pas suffisamment d’activité et ne peut en avoir davantage. N’assiste plus au Bureau fédéral depuis de nombreux mois.” Il est néanmoins élu au Comité fédéral. Il était alors employé à la société Vidal à Clermont-Ferrand. En 1957, lors de la 11e conférence du 19 mai, il n’est pas renouvelé au sein du Comité, la direction lui reprochant son manque d’implication dans l’activité fédérale. Jean Juliat resta néanmoins au Parti mais on ignore jusqu’à quelle date. Il ne figure pas parmi les vétérans du Parti dans un cahier les recensant à partir de 1966 et jusqu’au début des années 80.
Il fut conseiller municipal de Pérignat-les-Sarliève durant deux mandats, de 1971 à 1983.
A côté de son engagement politique, Jean Juliat a été particulièrement actif pour la défense des intérêts des Résistants et pour contribuer à la mémoire de la Résistance. Membre de l’ANACR, il en fut l’un des principaux responsables au niveau départemental, élu membre du comité national. Depuis 2000 où il remplaça l’épouse de Raymond Soulier il fut directeur de publication de Résistance d’Auvergne, le journal départemental de l’ANACR du Puy-de-Dôme. Il fut Coprésident de l’Amicale Zone 13 à partir d’avril 2015, une amicale veillant à sauvegarder la mémoire de la Résistance dans cette zone des Combrailles où il a agit. Il organisa à ce titre des conférences.
En 2016 alors qu’il était co-président de l’Amicale des Résistants de la Zone 13, il a reçu les insignes de Chevalier de l’Ordre National du Mérite.

Il s’était marié à Renée Salesse (1925-2018) qui fut également une militante communiste, élue au Comité fédéral lors de la 8éme conférence fédérale des 21 et 22 février 1953. Le couple vivait dans les années 2010 à Pérignat-les-Sarlièves (Puy-de-Dôme, dans l’agglomération clermontoise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138069, notice JULIAT Jean, Henri, Victor [pseudonyme dans la résistance : Nanot] par Eric Panthou, version mise en ligne le 3 septembre 2011, dernière modification le 22 avril 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 15/ 1 : liste nominative des membres de la formation MUR Mont-Mouchet 3ème Bataillon Cantal. — SHD Vincennes, GR 16 P 314300, dossier résistant Jean Juliat (nc) .— https://www.musee-resistance-zone13.fr/biographies/jean-juliat/ .— https://www.musee-resistance-zone13.fr/wp-content/uploads/2020/12/Jean-JULIAT-alias-Nanot-au-Mont-Mouchet.pdf. — “Chevalier de l’Ordre National du Mérite”, La Montagne, édition Riom, 11 septembre 2016 .— “Pour une journée de la Résistance”, La Montagne, édition Riom, 4 juin 2011 .— Archives de la fédération PCF du Puy-de-Dôme. — Fiche autobiographique (2 pages dacyl.) rédigée pour l’ANACR (archives ANARC 63). — Témoignage de Jean Juliat, recueilli le 14 mars 2017 par téléphone

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