KARAULNIK Chaja [née BOBER] alias Aline ROUZIER. Pseudonyme Georgette

Par Daniel Grason

Née le 26 janvier 1915 à Varsovie (Pologne), morte en octobre 1943 à Auschwitz Birkenau (Pologne) ; communiste ; agent de liaison des FTP ; résistante.

Fille de Srul et de Estéra, née Akerman, Chaja Bober suivit des études à Varsovie jusqu’au baccalauréat, elle l’obtint. Elle vécut chez ses parents, elle épousa Jankier Karaulnik, le couple se sépara en août 1936. Elle quitta Varsovie pour Paris le 12 mai 1937, elle habita au 5 rue Tournefort à Paris (Ve arr.).
Elle vécut dès mars 1938 avec le docteur Aimé Albert, divorcé de Juliette Ténine, chirurgienne-dentiste. Diplômé de la faculté de Paris, Aimé Albert était le fils du Juge Albert qui siégeait au Tribunal civil de la Seine. Il exerçait sa profession de médecin à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) où il était domicilié dans un pavillon au 4 rue Descartes. Chaja Karaulnik était titulaire d’un récépissé de carte d’identité valable jusqu’au 17 février 1942.
Le couple Chaja Karaulnik et Aimé Albert quittèrent Ivry-sur-Seine le 17 février 1942, elle signala au commissariat de la ville qu’elle allait habiter à l’hôtel du 9 rue du Sommerard à Paris (Ve arr.). En fait jamais elle n’y résida, juive et communiste, elle entra dans la clandestinité.
Elle fut interpellée par des inspecteurs de la BS2 le 5 juillet 1943 vers 10 heures du matin, rue de l’Union à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Elle était en compagnie de la militante communiste Angèle Le Hen, toutes deux avaient rendez-vous avec Pierre Lamandé, Interrégional technique des FTP de la région parisienne. Au cours de la semaine du 5 au 11 juillet 1943 les inspecteurs des Brigades spéciales arrêtèrent 67 militants communistes et combattants FTP et FTP-MOI.
Chaja Karaulnik a été interrogée le mardi 6 juillet 1943 dans les locaux de la BS2, elle vivait 10 rue Barrault à Paris (XIIIe arr.) dans l’appartement des parents d’Aimé Albert. Fouillée étaient saisies : quatre clefs, une carte d’identité française au nom de Aline Rouzier avec sa photographie, tamponnée par la Police d’État, district de Saint-Germain-en-Laye, et des cartes d’alimentation. Elle nia être membre du Parti communiste, et déclara tout ignorer tout de l’activité illégale du docteur Aimé Albert. Quant à Angèle Le Hen, elle affirma qu’elle la rencontra pour la première fois, par hasard, le mercredi précédent, rue du faubourg du Temple dans une file d’attente. Elle affirma ignorer son nom : « Elle devait me remettre du ravitaillement, que j’avais l’intention de lui payer ».
Les policiers ne furent pas dupes, il connaissait Chaja Karaulnik sous le pseudonyme de « Georgette » comme agent de liaison. Elle soutint qu’elle n’avait aucune activité, qu’elle lisait et se promenait. L’interrogatoire continua, sur un rapport policier il était indiqué qu’elle s’était rendue en 1942 au domicile du docteur Szmul Bursztyn 11 rue Jean de Beauvais à Paris (Ve arr.). Le 26 avril 1942 des inspecteurs de la BS2 avaient arrêté le docteur en raison de son activité politique, lors de la perquisition domiciliaire une carte des Auberges de la Jeunesse à son nom avait été saisie. Elle rétorqua : « Je ne me souviens pas avoir été chez lui ».
Les policiers lui demandèrent si les clefs permettaient d’ouvrir la porte de locaux, elle expliqua qu’une clef ouvrait la porte de l’appartement de la rue Barrault et les trois autres l’appartement de ses parents à Varsovie. Scepticisme des policiers, explication de Chaja Karaulnik, elle avait quitté Varsovie depuis mai 1937 : « Si ces clefs paraissent avoir été utilisées c’est parce que je les transportais continuellement dans mon sac ».
Quant à sa fausse carte d’identité, elle l’avait achetée deux mille francs à un homme rencontré ils y a plus d’un an alors qu’elle attendait son tour pour faire renouveler ses papiers d’identité à la Préfecture de police. Un policier lui fit remarquer que sa fausse pièce d’identité était « absolument semblable à celles qui sont habituellement fournies par le Parti communiste à ses militants. Qu’avez-vous à dire ? ». Elle rétorqua « Je confirme mes déclarations ». Interrogée sur la provenance de sa carte d’alimentation, elle affirma l’avoir achetée 280 francs à « un monsieur que je ne connais pas ». Or, ces tickets provenaient du cambriolage d’une mairie par les groupes spéciaux du Parti communiste. Chaja Karaulnik fut frappée pendant son interrogatoire.
Juive, elle fut internée au camp de Drancy sous le matricule 4627. Le 7 octobre 1943 elle était dans le convoi n° 60 à destination d’Auschwitz-Birkenau, 491 déportés ont été gazés dès l’arrivée au camp, 340 hommes et 169 femmes furent sélectionnés et connurent le même destin. Quand l’armée Soviétique libéra le camp le 27 janvier 1945, seuls 31 déportés de ce transport étaient vivants dont deux femmes. Le nom de Chaja Karaulnik

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138078, notice KARAULNIK Chaja [née BOBER] alias Aline ROUZIER. Pseudonyme Georgette par Daniel Grason, version mise en ligne le 15 février 2017, dernière modification le 5 août 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BS2 carton 38 (transmis par Gérard Larue), PCF carton 14 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 12 juillet 1943. – Site internet CDJC.

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