CATAYÉE Justin [KATAYE Jisten]

Par Jacques Girault, Gilles Morin, Michelle Zancarini-Fournel

Né le 30 mai 1916 à Cayenne (Guyane), mort dans un accident d’avion le 22 juin 1962 à Deshaies près de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) ; professeur de mathématiques ; député ; socialiste SFIO puis fondateur du Parti socialiste guyanais.

Fils d’une famille de quinze enfants, originaire de la Martinique, Justin Catayée, à partir de 1938, fut candidat sur un poste de répétiteur en Martinique. Réformé du service militaire, il s’engagea le 10 novembre 1942 dans les Forces françaises libres et participa aux campagnes de Tunisie, d’Italie et de France. Blessé en octobre 1944 par un éclat d’obus, il fut pensionné (15% d’invalidité).

Justin Catayée, boursier d’État, obtint, en 1948, à la faculté des sciences de Bordeaux (Gironde) une licence ès sciences (certificats de mécanique rationnelle en 1946, de physique générale en 1947, d’astronomie approfondie en 1948, calcul différentiel et intégral en 1948) et un diplôme d’études supérieures (astronomie). Nommé professeur stagiaire au collège de Ribérac (Dordogne) en octobre 1948, il fut muté au collège de Cayenne en février 1949. Professeur titulaire au lycée Félix Éboué de Cayenne en 1951, malade pendant une année à partir d’octobre 1952, il reprit son poste, à nouveau en congé de longue durée, il retrouva son emploi en janvier 1956 dans le corps des professeurs licenciés jusqu’à son détachement comme parlementaire en 1958.

Félix Catayée se maria à la fin des années 1930 avec une Martiniquaise. Le couple se sépara en 1951. Il était père de dix enfants dont quatre avec sa première épouse.

Secrétaire de la fédération socialiste SFIO de Guyane qu’il avait créée, il fut élu conseiller municipal de Cayenne en 1953. Déçu de n’avoir pas été désigné comme candidat socialiste SFIO pour les élections législatives de janvier 1956, en désaccord avec la politique du gouvernement à direction socialiste en direction des territoires d’Outre mer, il quitta la SFIO en décembre 1956 pour fonder le Parti socialiste guyanais, dont il devint le secrétaire général, et le journal Debout Guyane. En 1958, lors du référendum constitutionnel, il annonça qu’il se prononcerait pour le Non au référendum constitutionnel. André Malraux, qui faisait campagne dans les DOM, le convainquit de rejoindre le camp du Oui. Catayé voulait un statut spécifique pour la Guyane que Malraux lui aurait promis oralement.

Candidat aux élections législatives du 30 novembre 1958, il obtint 3 485 voix sur 12 497 inscrits et l’emporta au second tour avec 3 803 voix. En 1962, le candidat du PSG fut élu. Mais Catayée fut battu aux élections municipales de Cayenne le 15 mars 1959 puis au conseil général, le 21 avril 1958 et le 5 juin 1961. Dirigeant du Front démocratique Guyanais rassemblant les forces de la gauche guyanaise, s’opposant aux revendications d’indépendance, prenant acte des petites avancées de la départementalisation en matière sanitaire et sociale, il demanda au parlement un statut spécial d’autonomie de gestion pour la Guyane. Surveillé étroitement pour ses positions considérées comme autonomistes par le gouvernement, informé le 14 juin 1962 de la répression ordonnée par le préfet, suivie d’une manifestation prévue à Cayenne contre la présence de la Légion étrangère, il revint en Guyane. Le Boeing d’Air France dans lequel il avait pris place, s’écrasa le 22 juin sur une colline proche de Pointe-à-Pitre. Dans le même accident moururent le pilote, les membres de l’équipage et 103 passagers, dont Albert Béville, poète connu sous le nom de Paul Niger, l’un des fondateurs du Front Antillais et Guyanais pour l’Autonomie et Roger Tropos, également autonomiste. Dès lors, la rumeur avancée par le journal du Parti communiste guadeloupéen L’Étincelle, d’un attentat visant les autonomistes présents dans l’avion et en particulier Catayée, pris forme et persista en Guyane alimentée par le PSG et la famille de Justin Catayée. Une soirée commémorative fut organisée, le 6 juillet 1962, à la Mutualité, à Paris, dans laquelle Édouard Glissant et Aimé Césaire évoquèrent son action.

Justin Catayée fut enterré le 30 juin 1962 au cimetière de Cayenne.

Le rapport de la commission d’enquête du 12 décembre 1962 ne fut pas rendu public à la demande du Premier ministre et seul le pilote fut mis en cause ce qui éteignait toutes les actions en justice. Les partisans de Catayée évoquèrent l’organisation d’un attentat. Selon le rapport déclassifié en 2012, trois causes apparaissaient tenant à des insuffisances du ministère des Transports, de la compagnie Air France pour assurer la sécurité des vols, et sans doute erreur de pilotage. En novembre 2016, la commission historique d’enquête sur les évènements de 1959 en Martinique, de juin 1962 en Guadeloupe et en Guyane et de mai 1967 en Guadeloupe remit son rapport où figurait une mise au point sur l’accident d’avion et sur la diffusion de la rumeur d’un attentat. Le rapport notait que Justin Catayée se comportait « résolument en citoyen français en lutte pour l’obtention d’une égalité républicaine qui hisserait la Guyane au niveau de développement des départements métropolitains ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138079, notice CATAYÉE Justin [KATAYE Jisten] par Jacques Girault, Gilles Morin, Michelle Zancarini-Fournel, version mise en ligne le 4 septembre 2011, dernière modification le 15 août 2021.

Par Jacques Girault, Gilles Morin, Michelle Zancarini-Fournel

SOURCES : Arch. Nat., F17/27939. — Archives de l’OURS (fédération SFIO de la Guyane. — Presse. — Sites internet (ile :///C :/Users/UTILIS 1/AppData/Local/Temp/RAPPORT_de_la_Commission_d_information_e.pdf). — Notes d’Edenz Maurice. — Serge MAM LAM FOUCK, Justin Catayée et la question de l’égalité républicaine, Matoury, Ibis Rouge, 2010

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