KARAYAN Henry et Henri (Haroutioun)

Par Astrig Atamian

Né en 1921 à Constantinople (Istanbul, Turquie), mort le 2 novembre 2011 à Paris , ses obsèques eurent lieu le 8 novembre au cimetière d’Issy les Moulineaux. (Hauts-de-Seine) ; Arménien originaire de l’Empire ottoman ; coiffeur ; membre du Comité d’aide à l’Arménie à Décines en 1936, interné au camp du Vernet, FTP-MOI à Paris en 1943, dans les organisations prosoviétiques arméniennes à Issy-les-Moulineaux après la guerre.

Henry Karayan arriva en France en bas âge avec ses parents qui s’installèrent à Décines dans la région lyonnaise. Son père, Guiragos Karayan, était le secrétaire de la section décinoise du HOK (Comité d’aide à l’Arménie).
À la suite des purges staliniennes, cette organisation dont le centre se trouvait à Erevan, en RSS d’Arménie, disparut. Les militants de sa branche française fondèrent alors en 1938 l’Union populaire franco-arménienne. À la suite d’une entrevue avec Missak Manouchian, venu de Paris afin de promouvoir la nouvelle organisation, le jeune Henry Karayan s’y investit entièrement. Incarcéré à la prison de Lyon en mai 1940 puis interné au camp de Loriol dans la Drôme, Henry Karayan fut envoyé au camp du Vernet dans l’Ariège à l’été 1940. Il y retrouva son père et rencontra l’ancien Secrétaire général du HOK en France, le Dr Haïg Kaldjian, ainsi que Diran Vosguéritchian qui avait été membre de la sous-section arménienne du Parti communiste français après être passé par le PC égyptien et avoir séjourné cinq ans en URSS. Il y fit également la connaissance du communiste allemand Léo Kneler. Au printemps 1941, Henry Karayan, son père Guiragos et Diran Vosguéritchian partirent travailler en Allemagne en vertu d’une disposition autorisant le recrutement de main-d’œuvre parmi les internés étrangers. Henry Karayan retrouva sur place Léo Kneler qui l’initia au sabotage et tous deux gagnèrent Paris au printemps 1942. Henry Karayan introduisit Léo Kneler auprès des Arméniens de la MOI et l’un d’eux, Mihran Mavian, lui obtint un certificat de baptême de l’Église arménienne au nom de Lévon Basmadjian. Henry Karayan fut sélectionné en janvier 1943 par Missak Manouchian qui avait la charge de recruter les FTP-MOI arméniens à Paris. Il prit part à six actions armées. Selon Holban, il participa à l’attaque d’un camion allemand à Vanves en juin 1943. Il avait, sous le pseudonyme de "Louis", reçu le matricule 10308 et avait été rattaché au 1er détachement.

À la suite de l’arrestation de Missak Manouchian, le chef des FTP-MOI parisiens, Henry Karayan parvint à échapper à la traque de la BS2 en se cachant des mois durant au sein de familles arméniennes, avant de fuir dans le Loiret et de trouver refuge dans la petite communauté arménienne de Châlette-sur-Loing. À la Libération, Henry Karayan devint l’un des animateurs de la Jeunesse arménienne de France (JAF), organisation prosoviétique issue des rangs de la Résistance, officiellement fondée à Paris le 14 juillet 1945. Il s’installa à Issy-les-Moulineaux où il se lia d’amitié avec Guy Ducoloné, ancien résistant et déporté, militant responsable à l’UJRF et futur élu des Hauts-de-Seine, investi auprès de la communauté arménienne. Joueur de football depuis son enfance à Décines, Henry Karayan anima également une union sportive arménienne à Issy-les-Moulineaux où il tenait également un commerce. Arrivé à l’âge de la retraite, il se consacra à transmettre la mémoire des FTP-MOI qu’il avait côtoyés et fut régulièrement sollicité dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage, à l’instar de son camarade de combat Arsène Tchakarian. Décédé le 2 novembre 2011 à Paris où il vivait depuis de nombreuses années, il fut inhumé à Issy-les-Moulineaux où selon ses volontés, André Santini, le député maire de la ville, prononça son éloge funèbre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138144, notice KARAYAN Henry et Henri (Haroutioun) par Astrig Atamian, version mise en ligne le 5 septembre 2011, dernière modification le 2 février 2018.

Par Astrig Atamian

SOURCES : Archives de la Préfecture de police, Paris, BA 2146. – Arsène Tchakarian, Les Francs-Tireurs de l’Affiche Rouge, Paris, Éd. sociales, 1986. – Mélinée Manouchian, Manouchian, Paris, Les Éditeurs Français Réunis, 1974. — Dr H. Kaldjian, Odisséeus aksoragan : houcher (Mon odyssée de l’exil : mémoires), Erevan, Union des écrivains d’Arménie, Editions Nor Tar, 2004. – Diran Vosguéritchian, Hay artsagazeneri me houchére (Les mémoires d’un franc-tireur arménien), Beyrouth, Doniguian, 1974. – Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. — Entretien avec Henry Karayan le 13 juin 2005 à Paris. – Entretien avec Guy Ducoloné en février 2007 à Paris. — Notes de Jean-Pierre Besse.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable