LANDINI Aristide

Par Jean-Pierre Besse

Né le 7 novembre 1891 à Torniella (Italie), mort le 2 juillet 1950 à Saint-Raphaël (Var) ; ouvrier (dans les mines, bûcheron) ; militant communiste ; résistant dans le Var et dans la Creuse

A l’âge de treize ans, après avoir passé son certificat d’étude, Aristide Landini suivit son père à la forêt, pour travailler à faire du charbon de bois. Couchant dans des baraques faites avec des branchages et des mottes de terre, il resta trois à quatre mois sans rentrer à la maison, nourri quasi exclusivement de (polenta), farine de maïs bouillie. Encore adolescent, il adhéra au Parti Socialiste.

En 1915, l’Italie entra à son tour en guerre. Son jeune frère Bruno disparut sur le front. Aristide, marié et père d’un enfant, fut mobilisé et dut partir à la guerre. Il déserta et pendant près d’un an se cacha, mais il fut finalement arrêté par les carabiniers et jugé devant un tribunal militaire.

Lorsque le président du tribunal lui demanda ce qu’il avait à dire pour sa défense, il lui répondit : « Sachez monsieur le président, que je suis d’une trempe qui rompt mais ne plie pas et si demain j’étais membre d’un tribunal du peuple pour les gens de votre espèce ce serait toujours la peine capitale ! » Il fut condamné à vingt ans de prison.

En 1919, amnistié et libéré, il rentra chez lui. Peu après, il fut élu adjoint au maire socialiste de son village. Début 1921, après la création du Parti Communiste Italien(PCI) à Livourne, il fonda ce Parti dans sa commune.
Un an plus tard, pourchassé à trois reprises à coups de fusils par des fascistes, il dut fuir l’Italie.

Comme refuge il choisit la France. Courant 1922 il débarqua à Auboué dans l’Est de la France, où lui, l’homme de la forêt, fut immédiatement embauché comme mineur de fond. En 1924, son épouse Violette, ses deux enfants Arnolfo, dix ans et Lina quatre ans, vinrent le rejoindre. Peu de temps après, il organisa une grève des mineurs. Suite à cette grève, il fut averti que la police allait le reconduire à la frontière. Sachant par avance le sort que lui réserveraient les fascistes s’il remettait les pieds en Italie et désireux de mettre une grande distance entre lui et la police de cette région il décida de partir pour le Muy (Var) où il savait qu’il y avait une importante colonie d’antifascistes Italiens, originaire de sa Toscane natale.

Ce fut dans ce petit village qu’il reprit sa vie d’homme des bois et qu’en 1926 son fils Léon et en 1927 c’est sa fille Hermine (dit Mimi) vinrent au monde.
En 1930, Arnolfo (dit Roger), responsable des Jeunesses communistes, fut à son tour menacé par la gendarmerie d’être raccompagné à la frontière. Il fallut à nouveau fuir, un cousin d’Aristide qui travaillait comme mineur à Waziers dans le Nord, se proposa de les accueillir. En 1931, de puissantes grèves eurent lieu. Maurice Thorez vint à Douai prendre la parole. Les gardes mobiles à cheval chargèrent violemment les manifestants, ceux-ci réagirent, Jeunesses communistes en tête parmi lesquelles Arnolfo-Roger qui se fit remarquer par son engagement. Le lendemain, il fut informé qu’un mandat d’expulsion à son encontre était en préparation à la préfecture. Immédiatement décision fut prise de quitter le Nord, le seul point de chute connu restait le Muy.

Arrivé au Muy, Violette prit une épicerie en gérance. Dans les années 1935-1938 la demeure Landini devint, pour quelques jours et parfois pour quelques semaines le point de chute des nombreux illégaux recherchés par la police. Parmi ceux qui bénéficièrent de cet hébergement il y eut Palmiro Togliatti, secrétaire général du Parti communiste Italien.

Début 1939, les gendarmes vinrent à plusieurs reprises menacer Aristide et Roger d’expulsion à cause de leur militantisme. Afin de mettre un peu de distance entre le brigadier de gendarmerie et sa famille, Aristide décida de fermer l’épicerie et de déménager à Saint-Raphaël.

Dès le début de la guerre Aristide et Arnolfo-Roger s’engagèrent dans l’armée française. Au début de 1940, la maison Landini, redevint le refuge des illégaux. Aristide et Roger s’activèrent à la destruction des affiches de propagande vichyssoise, à la distributions de tracts et à l’inscription sur les murs de Saint-Raphaël de faucilles et de marteaux.

Aristide et ses deux fils participèrent à la création d’un détachement de FTP-MOI de Saint-Raphaël – Fréjus. Après l’occupation de la zone sud par les italiens, les FTP-MOI s’attaquèrent directement aux soldats italiens.
Les diverses attaques contre l’armée italienne amenèrent l’OVRA (police politique italienne) à réagir. Oscar Marrucci et Joseph Zurru, deux membres des FTP-MOI, furent arrêtés, Jean Carrara et Léon Landini réussirent à leur échapper.

Le 12 mai 1943, Aristide et son fils Arnolfo-Roger furent arrêtés. Torturés, ils furent d’abord internés à Saint-Raphaël et puis aux prisons nouvelles à Nice.
En novembre 1943, les Allemands déportèrent tous les prisonniers de Nice en Allemagne. En cours de route, grâce à l’aide des cheminots résistants Aristide et son fils réussirent à s’évader et, après six jours de voyage, arrivèrent à rejoindre Léon qui avait rejoint les FTPF de la Creuse. Après avoir pris contact avec le commandement régional des FTPF, Aristide fut affecté à un maquis creusois. Arnolfo-Roger fut envoyé dans la région Lyonnaise pour y prendre le poste de commissaire aux effectifs des FTP. Bien que marié et père de deux enfants le voici début janvier 1944, en route pour Lyon.

En 1945, Aristide et sa famille retournèrent vivre à Saint-Raphaël où ils militèrent tous au PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138153, notice LANDINI Aristide par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 6 septembre 2011, dernière modification le 2 mars 2015.

Par Jean-Pierre Besse

SOURCES : La Résistance dans le Var 1940-1944, Association des MUR et des Maquis du Var, 1983.— Témoignage de Léon Landini dans La France résistante, histoires de héros ordinaires Éditions Syrtes, 2004. — Notes de Jean-Marie Guillon.

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