LANDSOGHT Léon, Louis

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 18 novembre 1900 à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé, par condamnation, le 17 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant du Front national pour la libération.

Léon Landsoght
Léon Landsoght

Fils de Jean, tailleur d’habits, et de Marie, née Martin, Léon Landsoght appartenait à une famille de sept enfants. Il effectua son service militaire au 32e régiment d’artillerie pendant vingt-huit mois, fit la campagne de Syrie en 1921 devint maître ouvrier, puis sergent. Il se maria à Saint-Loup (Eure-et-Loir) en mai 1924 avec Irma Joseph. Le couple demeura 3 rue Lécuyer à Saint-Ouen et eut un enfant en 1926. D’un caractère bien trempé Léon Landsoght eut en 1932 des échanges verbaux un peu rudes avec les commissaires de police des quartiers des Grandes-Carrières à Paris (XVIIe arr.) et de Clignancourt (XVIIIe arr.). Membre de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), il adhéra au Parti communiste en 1936, milita avec Alfred Cougnon dans la cellule de la rue Montmartre (rue Charles-Schmidt), se syndiqua à la CGT des Transports. En 1937 il devint responsable du service d’ordre du Parti communiste à Saint-Ouen, travailla au siège du Parti communiste au 120 rue La Fayette à Paris (IXe arr.).
Il s’engagea comme volontaire dans les Brigades internationales. Il arriva en Espagne le 5 mai 1938, fut incorporé dans le 1er bataillon de la XIVe Brigade internationale. Il combattit six mois au front, prit part aux batailles de Tortosa et Gandesa. Le 25 juillet 1938 il était blessé à la main droite par l’éclat d’une bombe lors de l’attaque de l’Èbre et fut hospitalisé une vingtaine de jours. Rapatrié lors du retrait des Brigades, Lucien Bigouret, responsable du comité de parti de la brigade, écrivit : « Toujours en avant des missions, Landsoght Léon a été cité à l’ordre du bataillon en juillet 1938 ». Il indiquait qu’il était « discipliné et courageux » et qu’il cherchait « à initier les copains sur la politique du PC [Parti communiste] ». Ses camarades avaient une « bonne opinion » de lui.
Il reprit son activité militante au sein du Parti communiste, dans la cellule Montmartre de la section de Saint-Ouen. Il divorça, habita en juillet 1939 au 22 villa de la Prévoyance. Mobilisé en septembre 1939 au 22e Train des Équipages, il fut décoré de la Croix de guerre, démobilisé le 18 septembre 1940 à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde).
Alors au chômage, Léon Landsoght était contacté en juillet 1941 par Jean Baillet alias Nogarède pour reprendre de l’activité, il accepta. Il était chargé de la diffusion des tracts de l’organisation clandestine, de la gestion d’un dépôt de matériel au 249 rue de Bercy à Paris (XIIe arr.), puis du dépôt de la rue Paul-Bert dans le marché aux Puces à Saint-Ouen. Le 22 février 1942 vers 18 heures, quatre inspecteurs de la BS2 l’interpellèrent alors qu’il s’apprêtait à entrer, en compagnie de Victoria Barat dans la baraque de l’impasse Paul-Bert qui servait de dépôt. Sous surveillance depuis plusieurs jours, Fernand Bachelier y avait été arrêté deux jours avant. Y était stockée selon le rapport des policiers une quantité impressionnante de matériel : 850 000 tracts, une ronéo, une machine à écrire et une tonne et demie de papier blanc. Cinq clefs étaient trouvées sur lui et la modique somme de 205 francs. Sur un cahier étaient mentionnés les tirages des tracts, les livraisons de papier et d’encre, sur deux listes figuraient des noms propres, sur d’autres feuillets étaient mentionnés les expéditions de tracts et de brochures, etc.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, face aux questions il finassa. Le local de la rue de Bercy était loué sous le nom de Jean Mosnay, la concierge de l’immeuble le reconnut. Il y eut une confrontation avec Mosnay qui avait en fait prêté son livret miliaire à Landsoght, celui-ci les ayant utilisés pour se faire établir une fausse carte d’identité.
Les autorités allemandes pensaient que Léon Landsoght était impliqué dans le transport d’armes et le stockage d’explosifs apportés par Alfred Ottino fusillé le 26 août 1941. Il était probablement celui qui tira deux balles de revolver 6,35 mm dans le dos du Feldwebel Richard Kramer le 18 janvier 1942 vers 22 h 25 à la porte de Neuilly (Luna-Park). Interrogé par la Sipo-SD, Léon Landsoght fut incarcéré à la prison de la Santé.
Il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégea à la Maison de la Chimie, fut condamné à mort le 13 avril 1942 pour « activité de franc-tireur ».
Le journal collaborationniste L’Œuvre écrivit : « Avant de lever l’audience le président tient à remercier les défenseurs et souligne à nouveau l’aide apportée par la police française en parfaite collaboration avec la police allemande pour la découverte des terroristes ». Quant au quotidien Le Matin, il annonça le verdict : « 25 condamnations à mort au procès de terroristes ». Léon Landsoght fut passé par les armes à 17 h 31 avec ses compagnons au Mont-Valérien. Son inhumation eut lieu au carré des corps restitué au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Son frère Louis, domicilié également à Saint-Ouen, témoigna en 1945. Il déclara : « À aucun moment je n’ai pu le voir. J’ignore s’il a été frappé ». Il porta plainte contre les inspecteurs qui arrêtèrent son frère. (Rapport de la commission rogatoire du 21 août 1945).
Une cérémonie se déroula le 22 avril 1945 dans le cimetière communal où il fut réinhumé. Le nom de Léon Landsoght figure sur une stèle commémorative aux côtés des autres fusillés de la commune et des victimes de la déportation. Dans une salle de la Maison de la Chimie une plaque commémorative a été apposée avec les noms des fusillés : « En ce lieu, ont été jugés du 7 au 14 avril 1942 par un tribunal militaire nazi, siégeant à la Maison de la Chimie réquisitionnée, 27 combattants membres des premiers groupes de résistance armée (OS – FTPF), livrés à l’occupant par la police de Vichy ».
Le secrétariat général des Anciens Combattants attribua à Léon Landsoght la mention « Mort pour la France » le 8 mai 1946. Il obtint le titre d’Interné résistant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138176, notice LANDSOGHT Léon, Louis par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 7 septembre 2011, dernière modification le 15 mai 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Léon Landsoght
Léon Landsoght

SOURCES : RGASPI (Moscou) BDIC 545.6.1261 Mfm 880/21, RGASPI 545.6.45/2. – Arch. PPo., BA 1752, BA 1801, BA 2117, PCF carton 12, rapports hebdomadaires des Renseignements généraux, 1W 0415, 77W 239, KB 18, KB 72. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-219/42 (Notes Thomas Pouty). – Arch. mun. Saint-Ouen. – L’Œuvre et Le Matin, du 15 avril 1942. – André Rossel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7 au 14 avril 1942), L’Harmattan, 2002. – État civil. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 335745 et Caen SHD/ AC 21 P 585437 (nc).

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 182

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