JULIAN Fernand, Édouard

Par François Ancelin

Né le 4 janvier 1911 à Draveil (Seine-et-Oise, Essonne), mort le 11 avril 1995 à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche) ; militant communiste de Draveil ; premier adjoint puis maire communiste de Ruoms (Ardèche) de mars 1977 à mars 1983.

Fernand, Édouard Julian
Fernand, Édouard Julian

Fernand Édouard Julian était fils du syndicaliste Fernand Julian et de Clémentine Latremolière. Son père lui donne « Édouard » pour deuxième prénom en hommage à son compagnon de lutte (grève des terrassiers de Draveil en 1908) Édouard Ricordeau.

Embauché à la Compagnie du Paris-Orléans comme apprenti ajusteur en octobre 1924, il adhéra aux Jeunesses communistes début 1927. Pour avoir manifesté, à la porte des ateliers, contre la condamnation à mort de Sacco et Vanzetti, il fut sanctionné : alors que son emploi le faisait travailler à l’abri dans les hangars, il fut déplacé sur un poste exposé aux intempéries d’où sa démission début 1928. Suivent une multitude d’emplois de courte durée car il fut devenu sujet à des bronchites chroniques (qui évoluèrent en tuberculose en 1930) : Renault à Clichy, Bergerand Frères à Draveil, Nieuport, et enfin SKF à Ivry. Il y resta jusqu’en mars 1931, période où sa tuberculose fut détectée. Fernand milita alors au SOI (Secours Ouvrier International) à Draveil. Embauché chez Guyonet, il fut appelé en mars 1932 pour faire son service militaire. Il cacha sa tuberculose et ne se fit pas réformer dans l’espoir d’être embauché à sa libération, comme son frère Camille, aux « Monnaies et Médailles ». Il était affecté à Saverne, en Alsace, comme chasseur à pied. À sa libération, Fernand Julian fut embauché aux « Monnaies et Médailles », mais les décrets-lois d’avril 1934 lui fit rapidement perdre son emploi.

Lui et son frère Camille louèrent un étage de leur maison familiale de la cité coopérative de Paris-Jardins (Draveil), à Georges Dreyfus, juif communiste et à son épouse Georgette (née Guéguen, auteure du livre Tu seras ouvrier ). La cave du pavillon servit aussi de refuge à trois jeunes antifascistes allemands exilés en France. Fernand retrouva un emploi aux graines Clause à Brétigny, puis en mai 1934 chez Renault où il resta jusqu’en novembre 1935. À l’automne 1934, à la demande de Georges Dreyfus, les Julian acceptèrent d’héberger un Albanais, membre de l’Interntionale communiste et de la Fédération communiste Balkanique, Lazar Fundo (écrit aussi Foundo) , ainsi que sa compagne Allemande, Maria Stemmer, (qui fuyait le nazisme après avoir participé à la recherche d’avocats dans le cadre du procès de Dimitrov). Peu après, Fundo fut rappelé en Union Soviétique, laissant sa compagne seule mais pas sans ressources.

À l’été 1936, suite à l’élection du maire communiste de Draveil, Léon Bru, Fernand Julian fut embauché à la mairie de Draveil comme appariteur. Le 6 février 1937, à Draveil, Fernand Julian épousa la jeune réfugiée Allemande, Maria Stemmer, lui permettant ainsi d’obtenir la nationalité française. Un enfant naquit le 11 février 1939, prénommé Michel. À la mobilisation générale de septembre 1939, Fernand fut réformé en raison de sa tuberculose et milita pour le « Sou du Soldat » en solidarité avec ses camarades mobilisés.

Après l’interdiction du Parti communiste, Fernand Julian fut arrêté dans sa maison, le 7 décembre 1939, alors que se tenait une réunion du « Sou du soldat ». Il fut inculpé de reconstitution de ligue dissoute pour avoir, courant août 1939, à Draveil, distribué des tracts intitulé « Vive la Paix ». D’abord incarcéré à la Santé, l’avance des troupes allemandes provoque son transfert au camp de Gurs, en même temps que celui des 1 200 prisonniers des prisons de Paris. Le très pénible voyage, commencé le 10 juin 1940, va durer onze jours. Fernand fut interné à Gurs jusqu’à décembre 1940. Entre-temps, le 5 novembre 1940, il fut révoqué de son poste d’appariteur de la mairie. Le 11 novembre 1940, il comparut avec Noyer et Bruneteau devant le Tribunal militaire de la 12° Division militaire séant à Périgueux, tous trois étant inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes. Le procès proprement dit a lieu le 5 décembre 1940 devant le même tribunal, Fernand Julian y fut accusé d’avoir porté à l’imprimeur un tract intitulé « Vive la Paix ». Il se défendit, obtint son acquittement et retrouva sa liberté le lendemain. De retour à Draveil, il se trouva sans emploi, ayant perdu son poste à la mairie de Draveil. Il s’installa à Melun où, après avoir passé quelque temps à se refaire une santé, il obtint un emploi de déménageur.

En 1942, Fernand Julian reprit contact avec ses camarades communistes de Draveil. Fin 1942, Pierre Brossard (responsable national des cadres du PCF) lui proposa de remplacer Henri Duvernois qui venait d’être arrêté, la tâche étant de participer aux éditions clandestines du Parti communiste et du Front national, et plus particulièrement d’assurer le contact avec l’imprimeur, de transmettre le matériel à éditer en veillant à l’exécution et d’assurer le paiement et la sortie de ce matériel qui était ensuite acheminé vers les groupes de diffusion. Ce matériel était destiné à toute la France d’où l’importance stratégique de la tâche et les risques qui en découlaient. Femand Julian avait adopté le pseudonyme de « Ménard » pour ses activités clandestines. Fernand reprit alors contact avec Roger Payen*, responsable national de la presse clandestine du PCF et du Front National.

Le 1er mars 1943, Pierre Brossard fut arrêté, transféré à la Santé, puis déporté à Buchenwald. Le lendemain, c’est Suzanne Payen qui fut arrêtée et internée à la Petite Roquette et le soir, son mari, Roger Payen fut arrêté à son tour avec, sur lui, la morasse grand format de l’Humanité clandestine du 5 février annonçant la Victoire de Stalingrad, laquelle morasse devait être confiée à l’imprimeur ! Sont aussi arrêtés l’imprimeur Roger Petit et Robert Lebon, responsable technique interrégional du Front National avec qui Fernand Julian travaillait. Fernand Julian réussit à passer à travers les mailles du filet, probablement parce que habitant Melun, il n’était plus assimilé au groupe Draveillois.

Août 1944, Fernand Julian fit partie du Comité de libération de Draveil. Le 1er octobre 1944, par arrêté municipal, puis préfectoral, il fut réintégré dans ses fonctions d’appariteur. Mais un an plus tard, Fernand en eut assez, il démissionna et se fit embaucher comme ajusteur chez Técalémit, à Orly, où il ne resta que quelques mois. À l’été 1946, il revint travailler à la mairie de Draveil : le matin, il faisait le secrétariat du nouveau maire communiste, payé sur les émoluments de ce dernier, et l’après-midi il fut employé de mairie payé par la commune pour s’occuper de la cantine scolaire. Cela dura jusqu’aux élections de l’automne 1947. Un deuxième enfant, naquit le 1er octobre 1946, prénommée Martine.

En octobre 1947, Femand Julian fut candidat élections municipales à Draveil. Sur les 21 postes, sont élus : 8 communistes, 3 socialistes et 10 MRP et RPF. Pour l’élection du maire, Fernand est proposé mais il ne recueille que 10 voix (8 communistes et 2 socialistes). Le socialiste Henri Boissier fut élu maire par la droite. Élu conseiller municipal, Femand Julian ne put conserver son emploi aux cantines scolaires, et fut à nouveau sans travail. Après quelques mois d’emploi de manœuvre chez l’ébéniste de Draveil Edgard Larsonnier, il devint gérant des cantines scolaires de Villeneuve-Saint-Georges, puis des HLM municipaux de la même ville. Il deviendra ensuite directeur de l’OPHLM (Office Public des HLM). En mars 1959, à la suite de la perte de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges par les communistes, Fernand Julian dut démissionner. Robert Lebon, adjoint au maire de Villejuif, le fait embaucher comme directeur de l’OPHLM de Villejuif, sous la municipalité de Louis Dolly. Julian avait travaillé avec Lebon dans la clandestinité, celui-ci étant responsable technique interrégional du Front National.
En 1971, l’âge de la retraite ayant sonné, Fernand et son épouse vinrent s’installer définitivement à Ruoms (Ardèche). Sa femme décéda peu après, le 14 novembre 1971
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En mars 1977, candidat sur la liste d’Union de la Gauche, Fernand Julian fut élu premier adjoint du Maire de Ruoms, Robert Durand (socialiste). Le 28 janvier 1979, suite au décès du maire et à des élections complémentaires, Fernand Julian devint maire communiste de Ruoms. En mars 1983, il conduisit la liste d’Union de la Gauche à Ruoms, mais, avec 46 % des voix, il ne fut pas réélu. La droite reprit la mairie de Ruoms.

Fernand Julian mourut à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche) le 11 avril 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138363, notice JULIAN Fernand, Édouard par François Ancelin, version mise en ligne le 13 septembre 2011, dernière modification le 5 décembre 2021.

Par François Ancelin

Fernand, Édouard Julian
Fernand, Édouard Julian

SOURCE : Dossier constitué par François Ancelin.

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