GOAZIOU Louis [François, Louis]

Par Michel Cordillot

Né le 22 mars 1864 à Scrignac (Finistère), mort le 31 mars 1937 à Charleroi (Pennsylvanie) ; mineur, puis journaliste et permanent appointé de la Fédération américaine du Droit humain ; membre de la Chevalerie du Travail, puis de l’UMW, puis des IWW, puis de l’AFL ; militant coopérateur ; militant anarchiste, puis socialiste ; propagandiste infatigable et rédacteur de journaux révolutionnaires de langue française de 1890 à 1916 ; sans doute la figure la plus remarquable du mouvement révolutionnaire franco-américain.

Louis Goaziou en 1892
Louis Goaziou en 1892

Né en pays bretonnant (le breton fut sa langue maternelle), Louis Goaziou était le fils d’un ouvrier sabotier pauvre et illettré et d’une mercière itinérante qui eurent au total dix enfants, dont six moururent en bas âge. Sa mère étant décédée lorsqu’il avait deux ans, son père se remaria, puis quitta Scrignac entre 1871 et 1876.

Louis Goaziou fréquenta l’école primaire et se révéla très bon élève. Son père l’envoya alors dans un autre village vivre avec trois sœurs non mariées, et il fut placé dans une institution religieuse dans le but de se préparer à la prêtrise. Il devait plus tard écrire qu’il avait été « élevé pour ainsi dire dans une église [et avait] vécu presque continuellement parmi les curés jusqu’à [s]on départ de Bretagne ». Si cette éducation lui permit d’acquérir une excellente maîtrise de la langue française, il semble aussi qu’il ait rencontré au cours de sa scolarité des « exemples de curés peu ragoûtants » qui lui firent perdre la foi.

Louis Goaziou partit pour les États-Unis en 1880 à l’âge de seize ans, en compagnie de trois
autres garçons de son âge. À leur arrivée à Philadelphie, ils possédaient à eux quatre $11,56 somme . qui ne leur permettait pas de prendre le train pour rejoindre la Pennsylvanie occidentale, où les attendaient des compatriotes partis avant eux. Ils rallièrent donc leur destination à pied.

Installé en Pennsylvanie, Louis Goaziou se fit mineur d’anthracite, un métier qu’il devait durant une vingtaine d’années. Peu satisfait toute fois de son nouveau sort, il s’était décidé à retourner en France au bout de trois ans lorsqu’il rencontra une jeune fille dont il s’éprit immédiatement et qu’il épousa bientôt. Il décida alors de s’établir définitivement aux États-Unis.

Le métier de mineur était alors l’un des plus durs et l’un des plus dangereux, mais les mineurs constituaient aussi l’une des corporations les plus pugnaces. En 1882, quoique totalement ignorant des questions syndicales ou politiques, le jeune Louis Goaziou participa à sa première grève à Houtzdale (Pennsylvanie). Ce mouvement se prolongea durant près de deux mois. En mai 1884, il fut de nouveau impliqué dans un arrêt de travail qui dura plusieurs semaines.

L’année suivante, Louis Goaziou partit travailler à MacDonald (Pennsylvanie). Ce fut là qu’il fit véritablement connaissance avec le mouvement révolutionnaire, d’abord par le biais de la lecture du Révolté, le célèbre journal anarchiste publié à Paris, qui passait de main en main dans la communauté francophone, puis par l’étude de diverses brochures de propagande libertaire et révolutionnaire. Cette même année, il franchit un pas supplémentaire en adhérant à « l’Internationale noire », l’International Working People’s Association, dont une section s’était constituée à Sturgeon (Pennsylvanie). Il y fit son apprentissage politique et ses classes de militant révolutionnaire, durant une période d’extrême tension sociale et de montée des luttes, dont les événements du Haymarket à Chicago, le 4 mai 1886, constituèrent le tragique point d’orgue. Le 11 novembre 1887, jour où plusieurs dirigeants ouvriers membres de l’IWPA, dont Auguste Spies et Albert Parsons, furent pendus à Chicago, Goaziou manqua de peu d’être lynché pour avoir publiquement protesté de leur innocence (il devait faire quelques années plus tard la connaissance de Lucy Parsons, la veuve d’Albert, à l’occasion d’une tournée de propagande).

Louis Goaziou commença alors à s’intéresser de très près au mouvement syndical. Ayant adhéré à la Chevalerie du Travail — ce qui lui valut de perdre son emploi et de rester plusieurs mois au chômage — il se convainquit que l’organisation des ouvriers au sein d’unions de métier était la clef de leur émancipation. Louis Goaziou, qui se définissait alors comme un communiste-anarchiste, fut dès lors et pour les vingt-cinq années suivantes un militant révolutionnaire d’envergure nationale.

Louis Goaziou fut certainement l’un des militants franco-américains les plus américanisés. Fait remarquable, il apprit très vite l’anglais, au point qu’il put, dès 1886, faire fonction d’interprète dans une réunion ouvrière ; puis il ouvrit en 1895 des tours d’anglais pour la population francophone de Charleroi où il accueillit Jusqu’à 45 élèves, et quelques années plus tard, il était à même d’écrire des articles d’excellente tenue dans diverses publications de langue anglaise. Plus que par le travail, qui le plongea pourtant dans un univers alors essentiellement anglophone, ce fut par sa participation au mouvement ouvrier, au sein d’organisations largement pluriethniques se réclamant de l’internationalisme, et par l’action syndicale qu’il s’inséra dans la réalité américaine — quand bien même ce fut essentiellement pour la critiquer. On notera pourtant que sa formation doctrinale avait commencé par la lecture d’une feuille et de brochures de langue française qui l’avaient converti à l’anarchie et avaient fait de lui un rationaliste conscient.

En fait cette dualité (ambiguïté ?) culturelle se perpétua tout au long de la carrière militante de Goaziou. Car paradoxalement, si Goaziou fut l’un des rares militants franco-américains à avoir exercé des responsabilités nationales au sein du mouvement ouvrier américain (au sein de l’Union des mineurs, puis du Parti socialiste américain), il fut aussi celui qui fit tout pour maintenir en vie durant plus d’un quart de siècle une presse révolutionnaire de langue française. Contrairement à d’autres, Goaziou refusa de renier son ethnicité et sa culture d’origine, prenant au contraire appui sur certaines valeurs et certaines conceptions propres aux milieux francophones radicalisés pour mieux agir dans le cadre de son pays adoptif. Né Breton, ce fut également aux Etats-Unis qu’il se découvrit Français et s’appropria pour l’assumer l’héritage culturel de son pays d’origine (sans pour autant renier sa bretonitude, fièrement réaffirmée à chaque fois que l’occasion lui en était donnée).

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, Louis Goaziou resta fidèle à ses idées communistes-anarchistes tout en militant en faveur de la syndicalisation des mineurs. II anima plusieurs grèves à Hastings (Pennsylvanie), où il résida de 1888 à 1895, et fut élu vérificateur de pesée (checkweighman) par ses compagnons de travail de 1891 au début de l’année 1895. Ce témoignage de confiance fut d’ailleurs la cause directe de plusieurs conflits, certains propriétaires de mines refusant qu’un anarchiste connu comme tel occupe une fonction aussi sensible. Pourtant, dès décembre 1896, Louis Goaziou prit clairement parti contre la propagande par le fait. Syndicaliste actif, il participa à toutes les conventions de délégués mineurs de la région Centre, ainsi qu’à la convention nationale de Columbus (1894), où fut votée la première grève générale des mineurs. Élu membre du bureau exécutif de l’Union des mineurs en 1899, il fut nommé l’année suivante organisateur national permanent de l’UMW.

Parallèlement, Louis Goaziou s’était lancé dans une carrière de journaliste. Prenant la relève d’Édouard David (un vétéran blanquiste de la période de la Première Internationale qui s’est ensuite rapproché des anarchistes et aux côtés duquel il avait activement collaboré au Réveil des masses), Goaziou consentit tous les sacrifices personnels pour faire vivre contre vents et marées une presse révolutionnaire d’expression française, lançant successivement le Réveil des mineurs (11 novembre 1890-septembre 1893), l’Ami des ouvriers (1l août 1894-15 mai 1896), la Tribune libre (25 juin 1896-14 août 1900) et enfin l’Union des travailleurs, dont la parution débuta en mars 1901 et se poursuivit sans interruption jusqu’en septembre 1916.

À travers la lutte syndicale, mais aussi la profonde connaissance des réalités du terrain et des hommes qu’il acquit grâce à son expérience journalistique — notamment à l’occasion des nombreuses tournées de propagande qu’il effectua à travers les États-Unis et au Canada pour trouver des abonnés — Goaziou en arriva progressivement à la conclusion tue si ses idées étaient pour l’essentiel justes, elles n en étaient pas moins peu réalistes. Les débats publics et contradictoires qui l’opposèrent en 1897-1898 au vétéran socialiste wallon Albert Delwarte semblent avoir marqué un tournant décisif. Le point culminant de cette confrontation fut l’assemblée générale des militants socialistes et anarchistes francophones qui se tint en 1898 à Pittsburgt dont Goaziou sortit convaincu que la seule différence majeure entre frères ennemis socialistes et anarchistes était leur attitude concernant la participation au mouvement politique. Ébranlé, il déclara pour sa part n’être pas opposé par principe à l’action électorale, mais douter de son efficacité. En tout état de cause il misait désormais sur la propagande : « La seule révolution sociale qui mettra fin à l’exploitation de l’homme par l’homme est cette révolution, lente il est vrai, qui s’accomplit chaque jour dans les idées. » (la Tribune libre, 27 octobre 1898). Puis, au nom du pragmatisme, il en vint finalement à préconiser dès 1899 la voie de l’action politique et électorale, comme étant la seule forme de lutte à même de garantir à terme le triomphe de certaines idées qui allaient trop à l’encontre de la mentalité américaine pour être immédiatement applicables : « Désormais la question de la constitution d’un parti de classe est posée pour empêcher que les ouvriers ne fassent usage du droit de vote dans l’intérêt des partis bourgeois. Il faut désormais aller voter contre les candidats capitalistes », écrivait-il le 4 mai 1899 dans les colonnes de la Tribune libre. Il travaillait à cette date comme secrétaire de la verrerie coopérative de Bellevernon (Pennsylvanie).

En 1901, sans renier ses convictions passées et tout en continuant de faire montre d’une ou d’esprit et d’une tolérance jamais prises en défaut. Louis Goaziou adhéra au Parti socialiste aine entraînant derrière lui toutes les grandes figures de la militante anarchiste franco-américaine Q Bernardin g, Henri Evertz, Jean Brault, Mikol, etc. Très vite, l’objectif de Goaziou et de camarades fut de parvenir à mettre sur pied Fédération de langue française affiliée au socialiste américain. Rapporteur au congrès national du PSA sur la question des Fédérations langue en 1912, Louis Goaziou proposa de fixer seuil permettant la création d’une fédération autonome à cinq sections, le nombre de 500 membres donnant droit par ailleurs à un secrétaire-traducteur payé par le parti. Après plusieurs tentatives avortées, cet objectif fut pratiquement réalisé à veille de la Première Guerre mondiale, en parti grâce à la percée des idées socialistes dans l’importante communauté franco-canadienne de Nouvelle-Angleterre. Membre du comité pour la Fédération française en mai 1913, Louis Goaziou fut désigné comme l’un des membres du bureau exécutif de la future Fédération en juillet. En avril 1914, la Fédération française regroupait 21 sections locales et comptait environ 500 adhérents à jour de leurs cotisations ; l’Union des travailleurs, qui lui serval d’organe avait entre 1 000 et 1 200 abonnés et un nombre sans doute quadruple de lecteurs réguliers.

Souhaitant se consacrer à temps plein à sa tâche de journaliste, écœuré en outre par la corruption qui régnait dans l’administration du District de Pittsburg, Louis Goaziou avait démissionné du bureau exécutif de l’Union des mineurs en mai 1901. Pourtant, lors de la fondation des IWW, il se montra extrêmement réservé, n’ayant pas confiance en ses fondateurs. Il se prononça finalement pour le syndicalisme industriel, mais à condition de préserver parallèlement l’action politique. En 1908, révolté par ce qu’il considérait comme la trahison de la direction de l’UMW, il appela à former des sections syndicales francophones distinctes, et, là où c’était possible, de les faire s’affilier aux IWW. En grande partie à son initiative, une section des IWW de Charleroi et environs vit le jour fin octobre 1909. Mais gravement malade (et très affecté par le décès de sa fille Clémence), Goaziou se vit à la même époque contraint de ralentir son activité militante. Bien qu’ayant été le principal orateur au grand meeting de soutien aux travailleurs de Lawrence en grève à l’appel des IWW pour « du pain et des roses » qui se tint le 24 mars 1912 à Charleroi, il portait un regard passablement critique sur les wobblies, regrettant publiquement en 1913 que ces militants passent une bonne partie de leur temps à combattre les organisations politiques de la classe ouvrière
Logiquement, Louis Goazio s’était fait naturaliser citoyen américain au début du siècle, et il fut à plusieurs reprises candidat au nom du PSA à diverses fonctions électives (y compris celle de juge à la Cour supérieure de Pennsylvanie). Crédité de 13 voix à Charleroi en 1907, il en obtint 73 en 1908 (contre 60 voix en moyenne aux autres candidats de la liste). En février 1909, il fut désigné par les militants de Charleroi pour être leur candidat à la fonction de maire. En novembre 1912, Goaziou fut crédité de 147 voix aux élections (alors que Debs n’en avait eu que 129). Mais Goaziou était aussi un militant d’envergure nationale, comme le prouve la longue déclaration intitulée. « Contre la guerre » qu’il rédigea et signa conjointement avec Upton Sinclair en juin 1909.

L’engagement militant de Louis Goaziou avait encore de nombreuses autres facettes. C’est ainsi qu’il adhéra en 1903 à la Franc-maçonnerie, créant avec l’aide d’Antoine Muzzarelli la première loge mixte d’Amérique, la loge 301 du Droit humain de Charleroi (Pennsylvanie), ville où il résidait depuis novembre 1895 ; en novembre 1908, il fut élu président national de la Fédération américaine du Droit humain, responsabilité qu’il occupa jusqu’à sa mort.
Coopérateur tout aussi convaincu, Louis Goaiou fut élu membre du conseil de direction de l’Asociation coopérative de Charleroi lors du renouvellement du bureau en janvier 1906. Il fut de même élu membre du comité directeur du store coopératif lors du renouvellement de la direction en janvier 1908, avant d’en être promu directeur le 1er août 1912 (en 1916, il en était toujours actionnaire à hauteur de $100).

À propos de l’engagement militant de Louis Goaziou, il est intéressant de souligner que son évolution de l’anarchisme au socialisme l’amena à considérer la vision qu’il avait de la France (où il retourna passer quelques mois en 1912). À ce sujet retiendra un article de fond extrêmement révéla intitulé « Qu’est-ce que le patriotisme ? » édité par l’Union des travailleurs le 22 novembre dans le cadre d’un débat avec les lecteurs faisant suite aux déclarations « anti-patriotiques » de Gustave Hervé. Tout en restant un lecteur assidu et attentif de la presse anarchiste et anarcho- syndicaliste (le Père peinard, les Temps nouveaux. Goaziou remonta aux sources de la tradition socialiste française, étudia l’histoire de la Révolution française — son fils fut prénommé Hébert —, de 1848, de la Commune, et donna une large place dans l’Union des travailleurs aux écrits des théoriciens socialistes français se réclamant de Marx, comme Lafargue ou Guesde, et à Jaurès. Il accorda aussi une attention soutenue à l’évolution de la situation politique et sociale dans l’Hexagone - mais aussi en Belgique et un peu plus tard au Canada, lectorat wallon franco-canadien oblige — et esquissa parfois des tentatives de transposition de sa situation française outre-Atlantique.

C’est donc somme toute assez logiquement, et ce en dépit d’une culture et d’une foi internationalistes et pacifistes solidement chevillées au corps, que Louis Goaziou prit farouchement le parti de la France dès le début de la Première Guerre mondiale, après avoir vainement espéré durant quelques semaines que l’Internationale socialiste aurait la force et surtout la volonté d’empêcher le conflit. L’éditorial qui signa la rupture avec les socialistes allemands et avec les socialistes germano-américains parut finalement le 24 septembre 1914. S’étant énergiquement désolidarisé de la direction du PSA, Goaziou se rapprocha de la ligne suivie par l’AFL et participa à la convention de Philadelphie en novembre 1914. Pour justifier sa prise de position, il invoqua les traditions patriotiques de la Révolution française et de la Commune, et il accueillit dans les colonnes de son journal aussi bien les écrits de Kropotkine que ceux de Gustave Hervé et Maurice Barrès. Pour Goaziou et tous ses camarades la loyauté ethnique l’avait finalement emporté, alors que dans le même temps le Parti socialiste américain — leur parti — campait sur des positions farouchement neutralistes. Finalement constituée dans des circonstances on ne peut plus défavorables, la Fédération socialiste française se déclara indépendante, c’est-à-dire non liée organiquement au PSA.

Un des effets de la guerre fut de démobiliser politiquement les militants et sympathisants franco-américains et de rendre de plus en plus difficile la survie de leurs organisations et de leur journal. Tenté à plusieurs reprises de tout laisser tomber, Louis Goaziou prit du champ pour se donner le temps de la réflexion. Mandaté par la Fédération américaine du Droit humain, il partit durant l’été 1916 dans le Colorado à la recherche d’un terrain susceptible d’accueillir un « asile national pour les vieux membres ». Il trouva finalement à Larkspur, à 35 miles de Denver (Colorado) un terrain de 1000 acres (400 hectares) qu’il put acquérir pour 21 000 F. Il était convenu que la colline (aussitôt baptisée Human Rights Mountain) qui représentait plus de la moitié de ce terrain serait réservée à la construction d’un asile de vieillards, d’un orphelinat et d’un sanatorium.

Dès son retour à Charleroi, Goaziou convoqua une réunion des actionnaires de l’Union des travailleurs le 8 septembre 1916 afin d’entendre un rapport financier. À cette date, le déficit cumulé s’élevait à $952. La mort dans l’âme, il dut annoncer aux lecteurs la fin de ce journal auquel il avait tant donné : « Mes enthousiasmes d’autrefois, quand je croyais vraiment que les socialistes d’Europe seraient à la hauteur de leur idéal, m’ont abandonné. » Il précisa que les actionnaires seraient remboursés et que les abonnements en cours seraient continués par le Courrier de l’Ouest. Désormais placée sous la seule responsabilité de son fils Hébert l’imprimerie de labeur (qui employait huit personnes) continuerait et seule la publication du journal de langue anglaise The Union Worker serait poursuivie.

Après ce triste épilogue, Louis Gaziou avait décidé de se retirer à Larkspur ; mais son départ fut encore retardé de quelques mois à cause du décès de son épouse. Il s’installa finalement dans le Colorado en juillet 1917. Durant de longues années, il s’occupa de gérer le centre qu’il avait créé pour la Fédération du Droit humain. Il s’occupait également de la publication de la revue The American Co-Mason, pour laquelle il écrivit de nombreux articles.

Accepté et bien intégré localement, il fut élu président du Lions’ Club du comté de Douglas et siégea au Grand-Jury en qualité de Premier Juré. Il fit également deux voyages en Europe en 1924 et 1927, se rendant notamment à Bruxelles et à Paris. Il ne retourna à Charleroi que pour y mourir chez son fils le 31 mars 1937. Son ultime joie avait été de faire la connaissance de son arrière-petite-fille.

D’après son petit-fils, qui habitait toujours à Charleroi en 1996, Louis Goaziou était devenu à la veille de sa disparition un démocrate fervent, qui soutenait le Président Franklin Delano Roosevelt et sa politique de New Deal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138367, notice GOAZIOU Louis [François, Louis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 14 septembre 2011, dernière modification le 14 septembre 2011.

Par Michel Cordillot

Louis Goaziou en 1892
Louis Goaziou en 1892

ŒUVRE : Outre ses innombrables articles de journaux, Louis Gaziou est l’auteur d’une brochure intitulée French Masonry, publiée à Larkspur (Col.), à une date inconnue mais postérieure à 1922 (Bibi. du G... O..., BR 1882).

SOURCES : Correspondance in Fonds Augustin Hamon, IISG. — UMW Journal, 5 septembre 1901. — Le Réveil des masses, passim. — Le Réveil des mineurs (1er novembre 1890-septembre 1893), L’Ami des ouvriers (1" août 1894-15 mai 1896), La Tribune libre (25 juin 1896-14 août 1900), passim. — L’Union des travailleurs, passim, en particulier 27 février 1908, 9 juin 1910, 17 août 1911. — Notice nécrologique in Bulletin de la Franc-Maçon... Mixte « Le Droit Humain », juillet-décembre 1937. — Rémy Boyau, Histoire de la Fédération française de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit humain, Bordaux, Impr. Jarret, 1962. — René Bianco, Ronald Creagh, Nicole Riffaut-Perrot, Quand le coq rouge chantera. Anarchistes français et italiens aux États-Unis d’Amérique, Marseille, Éditions culture et liberté, 1986. — Nicole Riffaut-Perrot, « Paroles de mineurs : les militants anarchistes de Pennsylvanie, 1880-1914 », Bulletin de l’ARNA, n° 2 (1991-92), p. 40-52. — Michel Cordillot, « Les socialistes franco-américains et les Canadiens », Bulletin d’histoire politique, Montréal, vol. 3, n° 2 (hiver 1995), p. 83101 et « L’apport des recherches sur les militants franco-américains au débat sur les migrations transatlantiques », Matériaux pour l’histoire de notre temps, janvier-juin 1994, p. 3-5. — Karine Pichon, « Conscience ethnique et conscience sociale : le cas de Louis Goaziou », Mémoire de DEA, Univ. Paris VIII, 1995. — Notes de René Bianco et Karine Pichon.

ICONOGRAPHIE : Louis Goaziou figure sur la photo du store coopératif publiée dans l’Union des travailleurs en date du 17 décembre 1908 (voir p. 312). Une autre photo figure dans le numéro spécial souvenir du 9 juin 1910.

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