Par Jean Puissant
Né à Liège (pr. et arr. Liège). Avocat, membre des Solidaires et de l’Association internationale des travailleurs à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale).
Constantin Bastin poursuit des études de droit à l’Université libre de Bruxelles de 1858 à 1863. Devenu avocat, il est membre de l’association rationaliste, Les Solidaires, du Groupe d’études sociales de Bruxelles, de la section bruxelloise de l’Association internationale des travailleurs (AIT) de mars à août 1873.
Au cours de diverses assemblées, Constantin Bastin défend le suffrage universel, un programme de réformes sociales, comme la journée des huit heures, qui doit améliorer la condition ouvrière. Il s’oppose à des militants comme Flahaut* et Jan Pellering*, à ceux qui ne parlent que de révolution sociale. Dans un Appel aux exploités, daté du 26 mars 1873, édité à Bruxelles chez Désiré Brismée, il recommande « la confection de cahiers des griefs », à l’instar de 1789, « cahiers qui serviront à mettre d’accord les prolétaires sur ce qu’ils voulaient. » Il réclame le suffrage pour tous, « hommes et femmes », avec révocation du mandat avant terme si « tel est l’avis de la moitié des électeurs plus un ».
Au Congrès de l’AIT de Jumet-Gohyssart (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi) en juin 1873, Constantin Bastin s’explique : « Il est nécessaire de tenir compte d’une période transitoire qui sera fatalement nécessaire à l’établissement d’un ordre nouveau. Il faut tenir compte des services rendus, des intérêts acquis que l’on ne peut impitoyablement sacrifier. Ce serait contraire à la justice tandis que son système éviterait une guerre civile épouvantable ». Bastin est contredit par Victor Dave. Cette affirmation d’une thèse évolutionniste qui n’est pas partagée par la majorité n’empêche pas qu’il soit désigné, avec Puissant* de Bruxelles et Van Den Abeele* d’Anvers ainsi que Dave, pour réunir les personnes, rassembler les documents nécessaires à la rédaction d’un « programme socialiste révolutionnaire ».
Au Conseil fédéral de l’AIT de Bruxelles du 9 juin 1873, le mandat de Constantin Bastin au Congrès de Jumet-Gohyssart est contesté car le Cercle d’études sociales ne s’est pas encore fait représenter au Conseil fédéral qui s’oppose au Conseil général. Le 27 juin, présent à une nouvelle réunion du Conseil fédéral, il propose d’avancer le montant nécessaire à l’envoi d’une délégation au Congrès d’Anvers, ce qui est refusé.
À la séance des Solidaires du 4 août 1873, Constantin Bastin est soupçonné d’être un envoyé de la Franc-maçonnerie, chargé « d’amener les sociétés ouvrières à former un pacte avec elle ». Tourné en ridicule à plusieurs reprises, selon l’indicateur de police qui fait rapport, il ne paraît plus après le mois d’août 1873.
Par Jean Puissant
SOURCES : DEWEERDT D., De Belgische socialistische arbeidersbeweging op zoek naar een eigen vorm, Antwerpen, 1972 − WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging ten tijde van de Ie Internationale, (1866-1880), deel I, 1970 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 60) − FREYMOND J. (dir.), La Première Internationale. Recueil de documents, Genève, 1971.