LE ROLLAND Paul, Marcel

Par Jacques Girault

Né le 20 mars 1887 à Lannion (Côtes-du-Nord), mort le 6 juillet 1957 à Villecresnes (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) ; professeur dans l’enseignement supérieur ; directeur de l’enseignement technique à la Libération.

Fils d’un second-maître de mousqueterie de la Marine nationale et d’une modiste, Paul Le Rolland obtint le baccalauréat en 1907, la licence ès sciences en 1908, le diplôme d’études supérieures en 1909 et l’agrégation de sciences physiques en 1910. Il enseigna comme professeur au lycée de Cherbourg (Manche) pendant un mois en octobre 1910 et fut nommé pour l’année 1910-1911 au lycée de Lorient (Morbihan). Préparateur à la faculté des sciences de Paris de 1911 à 1913, il enseigna en 1915-1916 au lycée Condorcet à Paris pour un service de dix heures hebdomadaires, avant d’être nommé professeur au lycée Lakanal à Sceaux (Seine) d’octobre 1916 à la fin de l’année scolaire 1917-1918.

Mobilisé en mars 1915, il fut détaché au laboratoire du professeur Lippmann à la Sorbonne pour participer à des recherches pour la Défense nationale (téléphotographie, repérage au son, détection des gaz asphyxiants, chirurgie de guerre). Bien que professeur dans l’enseignement secondaire, il continua ses recherches. Devenu répétiteur de physique générale à l’École centrale (1918-1920), il obtint un poste de chef de travaux en physique à la faculté des sciences de Rennes en 1920 et fut chargé des fonctions de maître de conférences en 1921. Il soutint une thèse de doctorat d’État, le 10 mai 1922, portant sur l’oscillation du pendule par la méthode photographique. Nommé maître de conférences à la faculté de Rennes, il devint professeur sans chaire en 1927.

En novembre 1926, Paul Le Rolland fut chargé de faire un rapport à la demande de l’inspection générale de l’enseignement technique sur l’Institut polytechnique de l’Ouest à Nantes (Loire-Inférieure). Il estimait qu’il devait être rattaché à la faculté de Rennes car il présentait un grand intérêt pour la formation des ingénieurs. Il accepta de devenir chargé du service de mécanique physique à l’IPO en 1927 et d’y être détaché en 1931. Il y mit au point en 1929 une méthode pour étudier la dureté des métaux avec l’utilisation du pendule, qui lui valut en 1930 de recevoir le Prix Monthyon de mécanique de l’Académie des Sciences. Il fut nommé directeur de l’IPO en octobre 1935. Il publia divers articles dans la revue de l’Académie des Sciences et dans le bulletin de la métallurgie. Nommé en 1935 professeur titulaire de la chaire de mécanique physique à Rennes, il continuait à enseigner à Nantes. Ces déplacements furent la cause de soucis de santé et il obtint un congé de mai à juin 1944. Mais il pourrait y avoir d’autres raisons à ce congé. Il menait en effet des activités résistantes. Arrêté, il fut libéré le 19 août 1943.

Le Rolland, membre du Front national universitaire, fut nommé, à l’automne 1944, directeur de l’Enseignement technique au ministère de l’Éducation nationale par le Gouvernement provisoire de la République française, succédant à Hippolyte Luc. Il conserva ce poste jusqu’en avril 1948. Il dirigea la rénovation de l’enseignement technique en accord avec la CGT et les syndicats enseignants et assura notamment la transformation des centres de formation professionnelle en centres d’apprentissage et la création de nombreux autres CA. Il participa aux travaux de la commission travaillant sur un projet de réforme de l’enseignement présidée par Paul Langevin puis par Henri Wallon. Il contribua à la définition de la culture technique dans des articles de la revue Technique, Art en juin-juillet 1947.

Le Rolland quitta le ministère en avril 1948. Le ministère de l’Éducation nationale le nomma, le 13 avril 1948, maître de conférences (mécaniques de fluides) à la faculté des sciences de Paris avec le versement d’une indemnité compensatrice de son traitement de directeur de l’enseignement technique. Cette nomination provoqua de vives réactions des autorités universitaires parisiennes qui n’avaient pas été consultées préalablement. En effet, selon les traditions, « un professeur du cadre des facultés de province [ne pouvait passer] automatiquement dans le cadre de Paris » selon les termes de la lettre du doyen. Un maître de conférences parisien fit un recours au Conseil d’État et Le Rolland refusa de prendre un avocat pour plaider sa cause, arguant qu’il avait été nommé par l’administration. Celle-ci prit un arrêté le 12 août 1949 le nommant comme directeur de recherches et professeur à l’Institut supérieur des matériaux et de la construction mécanique dont les élèves ingénieurs suivaient l’enseignement à la Sorbonne. Il occupa ce poste pendant une année car, en décembre 1950, il fut détaché pour cinq ans auprès du Secrétariat d’État à l’enseignement technique, à la jeunesse et aux sports comme directeur de recherches.

Sa réintégration prononcée par ordre, en août 1956, comme maître de conférences à la faculté de Paris n’entraîna pas l’arrêt de ses fonctions à la tête de l’ISMCM. Il fut nommé professeur sans chaire l’année suivante à Paris.

Pourtant sa situation administrative n’était pas réglée pour autant. Admis à la retraite le 8 avril 1957, il s’aperçut qu’il n’était payé qu’à l’indice 650, comme tous les maîtres de conférence à la Sorbonne, alors qu’il devait percevoir un salaire de professeur (indice 750) depuis sa nomination. Cette différence importait pour le calcul de sa retraite d’autant que, s’il était resté professeur de province, il serait en classe exceptionnelle et devrait percevoir un salaire correspondant aussi à l’indice 750. Marié en décembre 1946 à Paris (XIVe arr.), habitant toujours cet arrondissement, hospitalisé à Villecresnes, il demandait cette régularisation par lettre, le 5 juillet 1957, la veille de son décès.

Membre du Parti communiste français, Le Rolland était membre de l’association des Anciens combattants de la résistance de l’Éducation nationale. Il témoigna notamment par lettre en faveur d’Edmond Lablénie, le 17 mars 1949

Son nom fut donné au lycée professionnel de Drancy (Seine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138529, notice LE ROLLAND Paul, Marcel par Jacques Girault, version mise en ligne le 7 octobre 2011, dernière modification le 17 mai 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. : F17 26687, 27599 (dossier Lablénie), F60 1554. ― Le Travailleur de l’enseignement technique. ― PELPEL (Patrice) et TROGER (Vincent), 2ème alinéa, Histoire de l’enseignement technique, Paris, L’Harmattan, Paris, 2001.

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