ROSSI Ugo

Par Daniel Grason, Michel Thébault

Né le 22 novembre 1892 à San Vittorio (Italie), exécuté sommairement le 27 juin 1944 à Vaugeton, commune de Celle-l’Evescault (Vienne)  ; cimentier, charpentier ; communiste ; antifasciste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné ; résistant FTPF.

Nécropole de Saint-Anne-d’Auray
Nécropole de Saint-Anne-d’Auray

Ugo Rossi fils d’Enrico et de Cesarina, née Greffini entra en France en 1923, il demeura 34, rue de la Roquette, et au 39, rue Popincourt, 86, rue de Montreuil à Paris XIe arr. Il était en règle avec la législation sur le séjour des étrangers, vivait de son métier de cimentier. En 1936, il participa au recrutement avec le parti communiste italien de militants antifascistes pour aller combattre en Espagne. Il n’eut pas un rôle de premier plan, il était avant tout un militant antifasciste convaincu.

Célibataire, au chômage, il partit en août 1937 dans les Brigades internationales où se trouvait déjà son frère Adamo Rossi depuis septembre 1936. En raison d’une amputation de trois doigts de la main gauche, suite à un accident en Italie, il aurait participé à des travaux à l’arrière du front et ne prit pas part aux combats. Son rapatriement eut lieu en février 1939 lors de la retraite de la Catalogne. Il fut interné au camp d’Argelès (Pyrénées-Orientales), puis de Gurs (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), son nom figurait dans une brochure déposée sur le bureau du président de la chambre des députés, le parti communiste français exigeait la libération des ex-Brigadistes et des républicains espagnols. La Ligue française des droits de l’homme demanda sa libération en tant que « défenseur de la République espagnole ». Quant à La ligue italienne des droits de l’homme dont il était membre, elle se porta garante du « loyalisme de ce réfugié politique ».

Libéré en février 1940, il s’engagea dans l’armée française, affecté à la 27e Compagnie de travailleurs étrangers (CTE), il fut légèrement blessé à Saint-Quentin (Aisne) le 13 mai 1940. L’armée allemande le fit prisonnier le 12 juin, l’internat au stalag X B, près de Sandbostel, en Basse-Saxe (Allemagne). Libéré, il revint en France le 21 mars 1941, travailla dans diverses entreprises du bâtiment de la région parisienne. Il signa un contrat de six mois, alla travailler dans la Sarre en Allemagne, à Sarrebrück dans l’entreprise Emil Angel, puis à la Rochelle (Charente-Maritime) en tant que charpentier pour l’organisation Todt. Victime d’un accident du travail (contusion à l’épaule droite) le 13 novembre 1942, il arriva le 22 pour des soins à l’hôpital Tenon, à Paris XXe arr.

Lors des perquisitions dans les locaux du parti communiste en septembre 1939, le nom d’Ugo Rossi figurait sur des listes saisies d’anciens miliciens des Brigades internationales. Des policiers l’arrêtèrent le 3 décembre 1942 à son domicile 18, rue de Ménilmontant, à Paris XXe arr. Remis à la 3e section des renseignements généraux, il fut interné à la caserne des Tourelles, XXe arr. conformément aux instructions de Karl Boemelburg, chef de toutes les polices allemandes en France. Il écrivit au préfet de la Seine le 17 janvier 1943, il s’étonnait de son internement comme « politique ». « N’ayant jamais appartenu à aucune formation politique, j’ose espérer qu’il s’agit d’une erreur ». Sur son enrôlement dans les Brigades internationales, il déclarait je « n’ai, à aucun moment, pris les armes. Si je suis allé en Espagne de 1937 à 1939, c’est poussé par le chômage. Je travaillais comme charpentier à Barcelone ».

Le 6 mai 1944, il était transféré au camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne), sa carte d’identité était valable jusqu’au 24 octobre 1944. Le débarquement du 6 juin 1944 suscita chez les internés l’espoir d’une prochaine libération, et l’inquiétude d’une possible déportation. Dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, des maquis FTPF de la région obtinrent l’ouverture après l’avoir encerclé, du camp d’internement de Rouillé (Vienne) qui enfermait essentiellement des communistes, républicains espagnols et « étrangers indésirables ». Ils emmenèrent avec eux quarante-sept internés dont trente politiques. Un rapport du préfet annonça soixante-trois « disparus ». La police édita un bulletin de recherche avec un signalement détaillé d’Ugo Rossi. Cette note signée du « Préfet de Police était suivie d’une précision « par ordre des Autorités allemandes ».
Une partie des détenus libérés dont Ugo Rossi forma sous la direction de Marcel Papineau un maquis dont l’effectif augmenta très rapidement avec l’arrivée de nouveaux résistants. Après avoir dû quitter un premier cantonnement dans le bois des Cartes près de Rouillé, le maquis s’était établi le 14 juin 1944 en forêt de Saint Sauvant.
Le 27 juin 1944, une colonne de répression motorisée de plus de 1500 hommes de la SS et de la Wehrmacht, renforcée par des miliciens français, encercla le maquis de Saint-Sauvant. Au cours d’un dur combat, cinq maquisards furent tués, les autres dont Ugo Rossi au nombre de 27 durent se rendre. Capturés et maltraités, ils furent exécutés sommairement en fin d’après-midi au lieu-dit Vaugeton, commune de Celle-Lévescault (Vienne). Les fermes de La Branlerie furent incendiées. Inhumé à Celle-Lévescault, le corps d’Ugo Rossi fut reconnu le 20 juillet 1945 et l’acte de décès établi à ce moment. Son corps fut ensuite transféré dans la nécropole nationale de Saint-Anne-d’Auray (Morbihan).

Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué FFI. Son nom est inscrit sur la stèle commémorative de Vaugeton.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138554, notice ROSSI Ugo par Daniel Grason, Michel Thébault, version mise en ligne le 12 octobre 2011, dernière modification le 20 février 2022.

Par Daniel Grason, Michel Thébault

Nécropole de Saint-Anne-d'Auray
Nécropole de Saint-Anne-d’Auray

SOURCES : Arch. PPo, 77 W 449. — SHD Vincennes GR 16 P 520922 et SHD Caen AVCC cote AC 21 P 145361 (à consulter) — Denis Peschanski, La France des camps. L’internement 1938-1946, Éd. Gallimard, 2002. — site internet VRID (Vienne Résistance Internement Déportation) — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb. — Recherches photographiques Jocelyne et Jean Pierre Husson — État civil, mairie de Celle-l’Evescault, registre des décès 1945 acte n° 16.

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