POUZOL Pierre, Florentin

Par Daniel Grason

Né le 21 Février 1902 à Saint-Martin-de-Fugères (Haute-Loire), mort le 30 janvier 1973 à Saint-Germer-de-Fly (Oise) ; plombier couvreur ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; déporté.

Pierre Pouzol fils d’Alibert et de Victoire, née Gabriel, il se maria avec Jeanne Joannès le 6 novembre 1928 à Longuyon (Meurthe-et-Moselle). Une fille Pierrette naquit en 1932, ils demeuraient 3 rue de la Liberté à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Militants communistes tous les deux, Pierre était secrétaire de cellule. Il partit combattre en Espagne le 21 février 1938, incorporé comme soldat dans la XIVe Brigade internationale. Mal équipé, il souffrit de gelures aux pieds, fut hospitalisé, son rapatriement eut lieu en novembre 1938. Il exprima des désaccords sur la façon dont les brigades étaient dirigées, notamment à l’égard d’André Marty. Menacé d’exclusion du parti communiste, sa femme Jeanne réagit, elle alla voir Henri Neveu, conseiller général de Colombes, ex-commissaire politique des hôpitaux. Elle lui déclara que si son mari était exclu, elle dénoncerait ce qui s’était passé en Espagne dans un autre journal que l’Humanité. L’affaire en resta là. « Henri Neveu en voulut beaucoup à ma mère » témoigna Pierrette Pouzol, sa fille, « Mon père disait toujours, certains faisaient la fête et d’autres combattaient. Il eut longtemps des séquelles de ses blessures ».

Le couple travaillait, Pierre plombier couvreur chez Lioré Olivier à Argenteuil et chez Ericsson à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Jeanne employée à la SIPA à Argenteuil, puis pointeau comptable à l’Alsthom et chez Ericsson. Jeanne militait au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Lors de la déclaration de guerre, mobilisé, fait prisonnier, il s’évada et détruisit son livret militaire. Pierre Pouzol était fiché par la police comme communiste depuis décembre 1939. Dans le pavillon d’Argenteuil pour améliorer l’ordinaire, le couple élevait des lapins dans le grenier, et s’approvisionnaient aidé par leur fille qui coupait l’herbe lors de promenade.

Dès 1941, ils prirent contact avec des militants communistes de Colombes, notamment René Appéré* (Irenée, Jean). Tous les deux participaient à diffuser les tracts et brochures édités par le parti communiste. Dans la nuit du 19 au 20 juin 1942, une bicyclette sur laquelle était attachée trois paquets de tracts était trouvée dans une rue de Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Les paquets contenaient des exemplaires de l’Humanité, n° spécial de mai 1942 ; L’Étincelle n° 2, journal du comité populaire de chez Lavalette à Saint-Ouen ; un tract en langue italienne s’adressant aux italiens de France ; la couverture les mémoires de Napoléon, Le Vol de l’Aigle, dissimulait Les Cahiers du bolchevisme des deux premiers trimestres de 1942. La plaque d’identité du vélo « n° 1042 YC 2 » portait le nom de Pierre Pouzol, les policiers se rendirent immédiatement à Argenteuil, le pavillon était vide. Des policiers restèrent en surveillance.

Le couple Pouzol était réfugié dans de la famille à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) chez Georges et Marie Millet. Cette dernière, sœur de Jeanne Pouzol se rendit rue de la Liberté pour chercher du linge, erreur fatale, elle fut suivie lors de son retour. Les policiers les appréhendèrent le 22 juillet 1942, Pierre Pouzol assuma la totale responsabilité de l’activité de propagande. Pierre était incarcéré à la prison de la Santé et Jeanne à La Roquette.

Le 12 juin 1943, ils comparurent devant le Tribunal de la Section spéciale de Paris. Selon l’enquête policière, Jeanne Pouzol était informée de l’activité de son mari, elle-même diffusait le journal Femmes sur son lieu de travail. Tous les deux furent condamnés, elle un an de prison et mille deux cents francs d’amende sera internée à la caserne des Tourelles, à Paris XXe arr., lui à deux ans de prison et à mille deux cents francs d’amende.

Lors de son incarcération à la Santé, Pierre Pouzol et d’autres détenus politiques mirent au point un plan d’évasion avec la complicité active de plusieurs prisonniers de droits communs, incarcérés pour du marché noir. Un gardien était soudoyé, tout était prêt pour faire la belle, consultée, la direction du parti communiste mis son veto.

Le 12 mai 1944, un convoi de deux mille soixante-treize hommes partit de Compiègne à destination du camp de concentration de Buchenwald (Allemagne), 55 % des déportés de ce convoi rentrèrent. Pierre Pouzol matricule 51034, fut dirigé sur Dora, puis Ellrich, où il assista impuissant à l’assassinat d’un militant communiste d’Argenteuil, Édouard Piveteau*. Libéré le 9 mai 1945, il transita par l’hôtel Lutétia. Extrêmement affaibli par les épreuves de la vie concentrationnaire, il eut des insomnies et des douleurs toute sa vie.

La famille Pouzol habita 32, rue du Général-Ferrié à Colombes, Jeanne resta membre du parti communiste, Pierre le quitta, il considérait que la non tentative d’évasion était la cause de sa déportation. Reconnu comme déporté politique, il fut homologué au titre de la résistance intérieure française du 1er juin 1942 au 9 mai 1945. La Médaille militaire et la Croix de guerre avec palme lui furent attribuées en tant que mutilé de guerre, pensionné à plus de 50 %, le décret du 15 novembre 1966 était signé de : Charles de Gaulle, Président de la République ; Georges Pompidou, Premier ministre et Pierre Messmer, ministre des armées, il était écrit : « A été déporté en Allemagne pour son action dans la résistance contre l’ennemi au cours de la période d’occupation. En est revenu grand invalide à la suite des privations et sévices subis. A bien servi la cause de la Libération ». Il eut une retraite du combattant à l’âge de 65 ans, Pierre Pouzol mourut le 30 janvier 1973.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138564, notice POUZOL Pierre, Florentin par Daniel Grason , version mise en ligne le 18 octobre 2011, dernière modification le 4 octobre 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. RGASPI 545.6.1044, BDIC mfm 880/2 bis. – Arch. PPo, BA 2056, PCF carton 21. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Entretien avec Pierrette Pouzol, l7 et 27 juin 2011. – États civils Saint-Martin-de-Fugères, Saint-Germer-de-Fly, Billy les Mangiennes.

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