Par Alain Dalançon, Jacques Girault, Jacques Ungerer
Né le 20 janvier 1902 à Bétaucourt (Haute-Saône), mort le 16 mai 1991 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; professeur de mathématiques spéciales à Strasbourg ; résistant ; militant syndicaliste, secrétaire de la section académique de Strasbourg du SNES de 1945 à 1951, secrétaire départemental de la section FEN du Bas-Rhin de 1947 à 1962.
Fils d’Eugène Marvillet, 39 ans, adjudant retraité, et de Marie-Léonie Maire, institutrice, Joseph Marvillet (prénommé souvent Henri-Joseph), formé à l’École normale d’instituteurs de Vesoul (Haute-Saône) de 1918 à 1921, devint maître d’internat au lycée de Vesoul où il prépara et obtint le baccalauréat en 1921. Elève de la classe de mathématiques spéciales du lycée Saint-Louis à Paris, il entra en 1924 à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Licencié en 1926, boursier de la ville de Paris, il réussit à l’agrégation de mathématiques en 1927. Après son service militaire à Metz (Moselle), terminé au grade de sous-lieutenant d’artillerie dans la DCA, il fut nommé professeur de mathématiques aux lycées de Chaumont (Haute-Marne) en 1928, de Troyes (Aube) en 1929, puis de Douai (Nord) en 1930 en classe de mathématiques spéciales. Il obtint sa mutation pour la classe de mathématiques spéciales au lycée Kléber de Strasbourg en 1935. Il s’était marié en 1929. Le couple eut sept enfants.
Mobilisé en septembre 1939 à l’état-major des forces terrestres antiaériennes, il fut démobilisé en septembre 1940. À la suite de l’évacuation de Strasbourg, puis de l’annexion de fait de l’Alsace en 1940, il enseigna au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand à partir d’octobre 1940 et y demeura durant toute la guerre. Il participa à la Résistance en relations avec le 2e bureau. Membre du réseau de camouflage du matériel militaire, agent P1 (novembre 1942-novembre 1944), il effectua un travail résistant dans la faculté de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. Il fit notamment établir de fausses attestations de scolarité pour éviter le service du travail obligatoire à des étudiants, et fut un des organisateurs de la section personnel lors de la création de l’Organisation de résistance de l’armée. Le directeur de l’ORA, dans une lettre de félicitations, indiquait que, bien que menacé d’arrestations, il n’avait pas interrompu son service.
En 1945, Joseph Marvillet reprit son enseignement à Strasbourg. Il fut un des principaux organisateurs de la section académique du nouveau Syndicat national de l’enseignement secondaire, ainsi que dans les deux départements alsaciens et en Moselle. Il siégea à sa commission exécutive nationale de 1945 à 1947 au titre des agrégés, puis fut élu sur la liste A (« Autonomes ») de 1948 à 1952. Il fut élu suppléant au Conseil de l’enseignement de Second degré sur la liste du SNES en 1946 et en 1950.
Joseph Marvillet avait une très grande autorité dans le syndicat national et présidait très souvent les CE et les congrès nationaux. Partisan de l’autonomie en 1948, il fit partie de la commission du congrès du SNES de 1948 sur le choix d’affiliation qui proposa la double affiliation individuelle.
Après quelques années, Joseph Marvillet renonça au secrétariat de la section académique (S3) du nouveau SNES (classique, moderne) qui passa à Marie-Thérèse Benoit* en 1951. Cependant il demeura secrétaire départemental de la FEN de 1949 à 1962, secrétaire régional Alsace-Moselle (1953-1956) et siégea à la commission administrative nationale fédérale de 1948 à 1960. Il fut membre des commissions corporatives (1948-1949), laïque (1948-1955), pédagogique (1948-1955). Dans plusieurs articles parus dans L’Enseignement public en 1950, il prit nettement position contre l’introduction du bilinguisme à l’école primaire en Alsace-Moselle, que souhaitait une partie du conseil général du Haut-Rhin, des personnalités du MRP et même des élus communistes. Réintroduire l’enseignement de l’allemand à l’école primaire, que le bureau national du SNI qualifiait de « nouvelle offensive cléricalo-particulariste », c’eût été condamner les enfants arrivant à l’école en ne parlant que le dialecte, à ne maîtriser ni le français ni l’allemand, et les handicaper par rapport à leurs camarades « de l’intérieur » pour en faire d’authentiques Français.
Marvillet avait une activité énergique, en particulier lors des grèves de la Fonction publique. Orateur clair et vigoureux, il quitta ses fonctions syndicales en 1961-1962 : Jules Longechal lui succéda au secrétariat départemental de la FEN. Il prit sa retraite administrative en janvier 1968.
Chevalier (1948) puis officier (1954) de la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, il fut félicité pour cette promotion dans L’Université syndicaliste.
Henri-Joseph Marvillet dirigea une collection de manuels scolaires de mathématiques pour les classes de premier cycle chez Armand Colin au début des années 1960. Il en signa les ouvrages (Algèbre, géométrie ou mathématiques) seul ou avec Alphonse Adam et Lucette Chopard-Lallier.
Par Alain Dalançon, Jacques Girault, Jacques Ungerer
ŒUVRE : Le fichier de la BNF comprend 8 manuels. S’ajoute Girard R., Fournier P.-M., Initiation aux mathématiques - Classe de sixième des lycées et collèges d’enseignement général, 5e édition, publié sous la direction de J. Marvillet, Paris, Armand Colin, 1961, 256 p.
SOURCES : Arch. Nat., F17/ 29223. — SHD, dossier GP 16 P/400483. — Arch. IRHSES (Congrès SNES, CA, L’Université syndicaliste, L’Enseignement public).