MATHIS Frédéric

Par Léon Strauss

Né le 4 juin 1902 à Muttersholtz (Basse-Alsace annexée), mort le 6 décembre 1969 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; instituteur dans le Bas-Rhin ; syndicaliste SNI ; secrétaire des SMI du Bas-Rhin (1926-1933), secrétaire général de la section du Bas-Rhin du SNI (1932-1939, 1945-1950).

Frédéric Mathis était le fils de Jacques Mathis, inspecteur de police, et de Madeleine Stahl : sa famille était protestante. Après son brevet élémentaire, il entra à l’École normale protestante de Strasbourg (1920-1922), où il fut sans doute élève de Marcel-Edmond Naegelen*. À la suite de son service militaire (1922-1923), comme la plupart des jeunes instituteurs alsaciens de l’époque, il accomplit un stage dans une école normale de l’Intérieur, celle de Beauvais (Oise). Après sa titularisation, il enseigna à Struth de 1924 à 1931 (il y était aussi secrétaire de mairie), puis à Kolbsheim, à proximité de Strasbourg. Lieutenant de réserve, il fut mobilisé le 23 août 1939, fait prisonnier le 21 juin 1940, mais les Allemands le libérèrent en tant qu’Alsacien, donc Volksdeutscher (Allemand ethnique) le 17 juillet 1940. Il rentra alors en Alsace annexée de fait et nazifiée. La Gestapo le contraignit à prendre l’engagement de cesser toute activité syndicale. Envoyé en octobre 1940 en Umschulung (rééducation) en Bade comme la plupart des enseignants alsaciens, il fut affecté ensuite successivement dans plusieurs écoles de cette région allemande jusqu’en novembre 1944, moment où il parvint à rentrer en Alsace juste avant la Libération. Il servit dans les FFI à partir du 1er décembre 1944, puis fut mobilisé dans la Première Armée du 1er mai au 22 juin 1945. Il retrouva ensuite son poste de Kolbsheim qu’il conserva jusqu’à son départ en retraite en 1964. Il avait épousé en 1928 Fanny Hirn . Le couple eut deux enfants, dont Roland, né en 1933, devenu professeur d’éducation physique, qui a été secrétaire régional du SNEP pour l’académie de Strasbourg.

Son activité syndicale commença lorsque se créa en 1926, au sein de la section départementale du Bas-Rhin du SNI, un groupe de jeunes, dont Mathis fut le secrétaire, qui compta rapidement 60 membres. Il n’avait pas été élu au Comité syndical départemental, mais il était convoqué à ses réunions. En octobre 1926, le Comité créa des commissions de travail : Mathis devint responsable de trois d’entre elles : jeunes, secrétaires de mairie, organistes. Dans un article du Bulletin de la section départementale, il prenait position pour le maintien de l’enseignement de l’allemand dans les écoles primaires d’Alsace et de Moselle : « Que la France laisse l’allemand aux Alsaciens, les encourage même comme Napoléon III…, tout en soignant la langue nationale qui n’en souffrira pas ». En décembre 1926, une section du Syndicat des Secrétaires de Mairie-Instituteurs (SMI) naquit dans le Bas-Rhin : Mathis en fut le secrétaire général et le restera jusqu’en 1933. En février 1927, sa présence au Conseil syndical fut régularisée par son élection. Louis Claude Klein* démissionna du secrétariat général de la section départementale du SNI pour raisons de santé. Lors de la réunion du conseil syndical du 13 octobre 1932, Bertrand et Seiler refusèrent de lui succéder. Mathis accepta pour un an seulement, mais il allait occuper la fonction jusqu’en 1950, sauf pendant la guerre. Le maintien à ce poste supposait une bonne entente avec Naegelen , qui porta le titre de président de la section jusqu’en 1939. Des difficultés nouvelles les attendaient. La section avait progressé de 1920 à 1933 passant de 300 à 900 membres malgré la présence d’un syndicat concurrent majoritaire, le « Groupement « de Joseph Rossé, qui se prétendait « neutre », mais était dirigé par l’aile cléricale de l’autonomisme. Les motions pacifistes votées à chaque congrès du Syndicat national à partir de 1933 hérissèrent la plupart des Alsaciens et des Mosellans, conscients de la menace hitlérienne. La section vota un texte signalant le danger qu’il y aurait à désarmer unilatéralement et prématurément. Les démissions commencèrent dès l’automne 1933. L’effectif passa de 900 en 1933 à 602 en avril 1937. Par la suite, il y eut une petite remontée jusqu’à 700, mais les démissions continuèrent jusqu’en 1939.

Après la Libération de Strasbourg (23 novembre 1944), Mathis entreprit rapidement de reconstituer le SNI dans le Bas-Rhin. Dès le mois de décembre, il réunit un bureau provisoire de quatre membres : Terrisse et Bernhard* étaient secrétaires adjoints et Marcel Scheidecker trésorier. À l’automne 1945, il fit reparaître de Bulletin départemental. L’Assemblée générale du 13 décembre 1945 le confirma dans sa fonction de secrétaire général alors que le président d’honneur Naegelen allait devenir ministre de l’Éducation nationale. Il fut élu suppléant de la commission nationale des conflits lors de la réunion du conseil national du SNI , le 30 décembre 1945 et renouvelé par celle du 28 décembre 1947. Elu au Conseil départemental de l’enseignement primaire en 1951, il démissionna collectivement à la demande du SNI pour protester contre la politique répressive du gouvernement et sa politique antilaïque à la fin de 1953. Il fut réélu en janvier 1954 avec beaucoup plus de voix qu’en 1951. En octobre 1950, Mathis, en mauvaise santé depuis le printemps 1950, demanda à être remplacé au secrétariat général. Jacques Lienhard* le remplaça, mais Mathis continua à faire partie du conseil syndical jusqu’en 1955 et à siéger au Conseil départemental du 1er degré.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138643, notice MATHIS Frédéric par Léon Strauss, version mise en ligne le 26 octobre 2011, dernière modification le 26 avril 2021.

Par Léon Strauss

Sources : Presse syndicale nationale : L’Ecole libératrice. — Bulletin de la section départementale du Bas-Rhin du SNI. — Notes de Jacques Girault.

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