MER Chana, Gilda

Par Daniel Grason

Née le 23 mars 1900 à Piaski, région de Lublin (Pologne), morte en octobre 1943 à Auschwitz (Pologne) ; marchande ambulante.

Chana Mer arriva en France le 3 septembre 1931, elle était porteuse d’un passeport délivré à Lublin et visé par le consulat de France à Varsovie. Elle habita dans les, Ve, Xe, XIe, XIXe arrondissements de Paris et en dernier lieu 18 rue de Loos Xe arr. Elle était titulaire d’une carte d’identité délivrée par la préfecture de police, s’inscrivit au Registre du commerce de la Seine, titulaire d’une patente. Le gouvernement de Vichy, promulgua le statut des juifs le 3 octobre 1940, puis le 2 juin 1941. L’article 4, indiquait : « Les juifs ne peuvent exercer une profession commerciale, industrielle ou artisanale, ou une profession libre ». Elle obtint une dérogation, elle fut autorisée à vendre des épices sur les marchés de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne. Dans les faits, elle installait son étal sur les marchés proches de Paris. Un commissaire aryen était désigné pour gérer son commerce.

Au cours du mois de mai 1941, les policiers de la 3e section des Renseignements généraux effectuèrent quatre cents enquêtes au sujet de juifs considérés comme suspects. Cinq cents juifs furent contrôlés dans les établissements publics, cafés, restaurants. Les domiciles de certains interpellés firent l’objet de perquisitions. Ces opérations se déroulèrent dans sept arrondissements de Paris où tracts et papillons en français et en yiddish édités par le parti communiste étaient distribués et collés.

Le 23 mai 1941 les policiers investissaient le 58 rue Crozatier XIIe arr., selon des renseignements parvenus à la police des réunions de militants communistes s’y tenaient deux à trois fois par mois. Les domiciles d’une vingtaine de locataires juifs de l’immeuble étaient perquisitionnés. Ils arrêtaient Adolf Pivolski, en fait Abraham Trzebrucki, militant communiste, membre de l’organisation Solidarité, créée par l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) ; Josef Fridman et Jankiel Minsky porteurs de tickets de cotisation du parti communiste ; ainsi que Léon Jolles qui livrait de la marchandise dont il ne put expliquer la provenance.

Chana Mer se trouvait chez Josef Fridman, ils étaient tous les deux natifs de Piaski, elle avait deux valises contenant des produits alimentaires contingentés, elle ne put ni justifier la provenance ni présenter les factures d’achat.
Du fait de ses « relations avec des propagandistes juifs », elle fut considérée comme « suspecte du point de vue politique et susceptible de constituer un élément trouble au bon ordre intérieur ». Les policiers recommandèrent une mesure d’éloignement, son internement eut lieu à Pithiviers.

Le 20 octobre 1943, Chana Mer était transférée au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis), elle devint le matricule 6862, déposa contre reçu huit cent trente -cinq francs à l’administration du camp. Le 28 octobre elle partait dans le convoi n° 61 qui comptait un millier d’hommes et de femmes pour Auschwitz (Pologne). Quand l’Armée Rouge libéra le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que quarante-deux survivants dont trois femmes.

La destinée des quatre autres arrêtés fut tout aussi dramatique, Abraham Trzebrucki* guillotiné dans la cour de la Santé, Josef Fridman, Jankiel Minsky et Léon Jolles furent fusillés comme otages au Mont Valérien à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138673, notice MER Chana, Gilda par Daniel Grason, version mise en ligne le 29 octobre 2011, dernière modification le 9 septembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 7, 77W 12. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. – Site Internet CDJC.

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