CRUEL Gaston, Édouard

Par Daniel Grason

Né le 4 septembre 1902 à Paris, VIIIe arr. (Seine), mort le 1er juin 1983 à Paris XIIIe arrondissement ; peintre en automobile ; communiste ; interné ; déporté.

Gaston Cruel fils de Gaston, journalier et de Marie, née Leroux chevilleuse, épousa le 29 mars 1924 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) Germaine Casteras. Le couple eut une fille Suzanne, née le 6 octobre 1924, il demeurait dans la ville rue Danton. Peintre en automobile, il travailla aux usines Rowell, puis aux Ets Repusseau fabriquant de pièces détachées pour les automobiles, il se syndiqua à la CGT. Ces entreprises étaient installées dans la rue où il habitait. Il adhéra au parti communiste en 1935, fut secrétaire adjoint de la cellule 725.

Mobilisé au 212e Régiment d’infanterie le 2 septembre 1939, il était démobilisé au Mas-d’Agenais (Lot-et-Garonne) en août 1940. Il reprit son travail chez Repusseau, devint manœuvre, certainement porteur chez Borniol, une entreprise de pompes funèbres installée rue Mademoiselle, dans le XVe arr. Le 21 mars 1941, deux policiers du commissariat de Levallois-Perret perquisitionnaient son domicile, aucun tract ou papillon ne fut trouvé. Le rapport fut succinct : « Ne paraît plus avoir d’activité politique. Cette perquisition est demeurée vaine ».

Le 27 juin, cinq jours après l’attaque des troupes allemandes contre l’Union soviétique la police arrêtaient et internaient administrativement des militants communistes en application du décret-loi du 18 novembre 1939 : « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». Cette arrestation était effectuée à la demande du commissaire de Levallois-Perret qui le considérait comme « un propagandiste et un meneur très actif », six autres militants communistes de la ville furent appréhendés. Des opérations identiques furent menées dans toute la région parisienne en juin, juillet et août 1941.

Conduit au commissariat de Levallois-Perret, livré aux allemands à l’hôtel Matignon, ceux-ci l’envoyèrent au fort de Romainville, puis interné au Fronstalag 122 à Compiègne (Oise). Germaine Cruel, sa femme s’adressa par courrier au préfet à deux reprises pour demander sa libération, le 4 mai 1942 et le 1er février 1943. Dans la seconde lettre elle écrivit : « mon mari subit depuis dix-neuf mois une détention non motivée. […] il n’a jamais subit de condamnation, et n’a absolument rien fait, ni en actes, ni en politique qui puissent justifier cet internement ».

Gaston Cruel était dans le convoi de huit cent soixante-seize hommes qui prit le 28 avril 1943 la destination d’Orianenburg-Sachsenhausen (Allemagne). Le matricule 65003 travailla au Kommando des usines du constructeur d’avions Ernst Heinkel, huit mille déportés y travaillèrent en 1944. En février, il était envoyé au camp de Mauthausen (Autriche).

Sa femme témoigna devant la commission d’épuration de la police en octobre 1944, elle fit part de son inquiétude étant sans nouvelle de son mari depuis qu’il était déporté. Les membres de la commission indiquèrent qu’un des policiers : « fit preuve de zèle dans la répression et l’arrestation des patriotes », qu’il était « détenu à la Santé », où il purgeait « une peine de trois ans de prison pour escroquerie ».

Gaston Cruel fut rapatrié par la Croix Rouge internationale à la libération du camp par l’armée américaine début mai 1945. Il parla devant la commission d’épuration de la police, déclara que son arrestation était due à ses « attaches avec le parti communiste ». Les allemands l’interrogèrent à l’hôtel Matignon avant de l’interner.

Il vécut à Levallois-Perret, habita avec sa famille 127 rue Edouard-Vaillant, son état de santé ne lui permit pas de reprendre immédiatement un travail. En octobre 1947, il fut employé en qualité de chef peintre au laboratoire Radio-Électrique, dans le XVe arr. La direction interdépartementale des Anciens combattant et victimes de guerre s’adressa en 1951 à la direction des Renseignements généraux à son sujet. Dans un rapport daté du mois de mars, le parcours de Gaston Cruel était retracé, le policier relevait que : « depuis son retour de déportation il ne parait plus militer au sein du parti communiste ».
Gaston Cruel a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF). Il mourut dans le XIIIe arrondissement de Paris le 1er juin 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138674, notice CRUEL Gaston, Édouard par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 octobre 2011, dernière modification le 9 septembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2397, KB 102, 77W 43. – Bureau Résistance dossier 152020. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Arch. de Paris, État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable