LAFITTE Marcel, Henri

Par Daniel Grason

Né le 20 novembre 1908 à Paris Ve arr. (Seine), mort le 8 décembre 1981 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ; ouvrier spécialisé sur machine ; communiste ; interné ; déporté.

Marcel Lafitte fils de Jeanne Dechavanne, journalière fut légitimé par Jean-Baptiste Lafitte, le 26 janvier 1916 à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Il épousa le 28 mars 1931 à Levallois-Perret Charline Etton, née le 9 novembre 1910 à Liévin (Pas-de-Calais). Le couple demeura en mai 1935, 36 rue Kléber, un fils Guy naquit en avril 1940 à Clichy.

Du 15 octobre 1930 au 15 mars 1934, il travailla comme ouvrier aux ateliers Creste à Courbevoie ; polisseur à l’usine Chromage rapide à Levallois-Perret d’avril 1934 à mai 1938 ; ouvrier spécialisé sur machines à l’usine d’aéronautique Hispano-Suiza à Bois-Colombes à partir du 24 mai 1938. Il adhéra au parti communiste, milita à Levallois-Perret, il n’était pas connu comme tel dans les entreprises il travaillait, notamment chez Hispano-Suiza où il était considéré par la direction comme un bon ouvrier.

De la classe 1928, mobilisé le 26 août 1939, il devint affecté spécial chez Hispano-Suiza, usine qui fabriquait des moteurs d’avions. Le 29 mai 1940, le personnel était muté dans l’établissement annexe de Tarbes (Hautes-Pyrénées). Démobilisé il regagna son domicile en septembre 1940. Il fut embauché aux usines Matford à Poissy (Seine-et-Oise, Yvelines) en novembre 1940.

Considéré comme un « meneur communiste très actif » par le commissaire de la ville, une perquisition eut lieu le 10 janvier ou le 13 février 1941 à son domicile selon les sources, les policiers ne découvrirent rien de suspect. Une ex-responsable de l’association des Amis de l’Union soviétique (AUS) le dénonça par lettre à la police ainsi que cinq autres militants communistes.

Le 22 juin 1941 les troupes allemandes attaquaient l’Union soviétique, cinq jours plus tard la police arrêtait et internait administrativement des militants communistes en application du décret-loi du 18 novembre 1939 : « individus dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ». D’autres militants de la ville furent appréhendés, des opérations identiques furent menées dans toute la région parisienne en juin, juillet et août 1941. Il fut conduit successivement, au commissariat, à l’Hôtel Matignon dans un service allemand, enfin au Frontstalag 122 à Compiègne (Oise). Le 25 mars 1942 une enquête des Renseignements généraux émettait un avis favorable à sa libération. Celle-ci était transmise à la Feldkommandantur de Courbevoie.

Charline Lafitte, sa femme écrivit au préfet le 2 juillet 1942 : « mon mari subit une détention non motivée, son arrestation est due à une lettre anonyme.
Pour obtenir la libération de mon mari, je me suis adressée à beaucoup de personnes et j’ai un petit garçon qui a deux ans, qui appelle toujours son papa, il est tout notre joie, mon mari souffre beaucoup de cette punition qu’il n’a pas méritée ». Elle demandait que son « mari revienne ».

La démarche de sa femme, comme l’avis après enquête des policiers n’eurent aucun effet sur les autorités allemandes. Le 24 janvier 1943, il était dans le convoi de mille quatre cent soixante-six hommes qui partait à destination de Sachsenhausen (Allemagne). Après le transport du 6 juillet 1942, composé principalement d’otages communistes, c’est le second, formé de déportés arrêtés par mesure de répression. Il fut affecté au Kommando des usines du constructeur d’avions Ernst Heinkel, huit mille déportés y travaillèrent en 1944.

Après la Libération, alors qu’elle était sans nouvelle de son mari Charline Etton témoigna devant la commission d’épuration de la police. Il fut reconnu que l’un des policiers de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat de Levallois-Perret : « fit preuve de zèle dans la répression et l’arrestation des patriotes ». Il était détenu à la Santé où il purgeait une peine de trois ans de prison pour escroquerie.

Le camp d’Orianenbürg-Sachsenhausen fut libéré par l’Armée rouge à la fin du mois d’avril 1945, Marcel Lafitte matricule 58745 était parmi les survivants, il rentra au cours du mois de mai. Il mourut le 8 décembre 1981 à Montfermeil (Seine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138691, notice LAFITTE Marcel, Henri par Daniel Grason, version mise en ligne le 6 novembre 2011, dernière modification le 9 septembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2397, KB 102, 77W 43. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil, Paris Ve arr.

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