PEREZ Lauriano, Romain

Par Daniel Grason

Né le 18 novembre 1917 à Luena province de Cantabrie (Espagne), mort le 15 mai 1945 à Bergen-Belsen (Allemagne) ; ouvrier spécialisé ; interné ; déporté.

Lauriano Perez était le fils de Frutas et de Constantina, née Rebuelta, ils arrivèrent en France en 1919. La famille respecta la législation sur le séjour des étrangers, ils habitèrent Porte de Clignancourt à Paris XVIIIe arr., puis 46 bd de Reims, XVIIe arr. une artère limitrophe de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Il fut scolarisé dans cette ville, à l’école primaire Marjolin, obtint son CEP. Il entra en apprentissage de chaudronnerie, travailla à l’entreprise Chromage rapide à Levallois-Perret.
Le 18 janvier 1940, il fut embauché comme ouvrier spécialisé chez Chausson à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), une usine de la métallurgie spécialisée dans la fabrication des radiateurs d’automobiles et camions, de carrosseries pour Ford et Matford. En juin 1940 son activité professionnelle fut interrompue du fait de l’exode, puis reprit son poste. Le 28 mars 1942, il obtint de la préfecture de police sa carte d’identité au titre de « travailleur industriel ».
Le 26 mai 1942 vers 7 heures 15 du matin, trois inspecteurs de la Brigade spéciale n° 1 étaient en surveillance place Voltaire à Asnières. Ils arrêtèrent Jean Kerfest* tôlier chez Chausson à Gennevilliers. Il portait sur lui une liste de onze militants communistes ou supposés tels, Lauriano Perez y figurait, tous furent arrêtés le lendemain. Quatre furent disculpés, deux libérés dès le 31 mai, deux autres bénéficièrent d’un non-lieu le 25 juillet.
Interrogé le 28 mai dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il déclara qu’il n’avait jamais adhéré aux parti communiste avant-guerre et depuis sa dissolution : « jamais aucun militant ne m’a sollicité [à] prendre une part quelconque à l’activité communiste clandestine. […] Je ne connais pas le sieur Kerfest […] Je n’ai jamais appartenu à la cellule reconstituée des usines Chausson ». Il fut incarcéré à la prison de la Santé.
Sous le coup d’une inculpation pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, Lauriano Perez bénéficia comme deux autres ouvriers de l’entreprise d’un non-lieu le 25 juillet 1942. Lui ne fut pas libéré, mais probablement du fait de sa qualité de travailleur étranger, interné dès le lendemain, administrativement à la caserne des Tourelles, à Paris XXe arr. Le 25 septembre, un avocat écrivait à André Baillet, directeur des Renseignements généraux, l’appelant familièrement « Mon cher Directeur ». Il rappelait que Lauriano Perez était « reconnu innocent », il lui demandait : « Croyez-vous qu’il puisse sortir de la Caserne des Tourelles où il s’ennuie passablement alors que sa famille à besoin a besoin du fruit de son travail ».
Le 22 octobre 1942, il était transféré au camp d’internement de Rouillé (Vienne). Le 11 janvier 1943, Lauriano Perez s’adressa au préfet, rappelant les faits : « Après confrontation avec les autres inculpés qui affirmèrent ne pas me connaître, et plusieurs enquêtes il fut prouvé que j’étais innocent et j’obtins un non-lieu, après avoir fait deux mois de prison. […] J’attire votre attention sur le fait que je n’ai jamais appartenu à aucune organisation politique et ne fréquentait pas ces milieux ». Il concluait en espérant que sa demande serait prise en considération.
Dans un rapport rédigé le 5 mars 1943 les Renseignements généraux estimèrent que bien qu’il n’appartenait pas à une « organisation extrémiste on peut cependant supposer qu’il était sympathisant du parti communiste. D’ailleurs une annotation du camp de Rouillé portée au verso de sa demande de libération le signale comme indésirable et propagandiste actif. En conséquence, la libération de Perez, à moins d’un rapatriement immédiat, paraît inopportune dans les circonstances actuelles ».
Le 22 novembre 1943, il était transféré au camp de séjour surveillé de Voves (Eure-et-Loir). Il était dans le convoi de neuf cent quatre-vingt-dix-sept hommes qui partit de Compiègne (Oise) à destination de Neuengamme (Allemagne) le 21 mai 1944, ils arrivèrent trois jours plus tard. Probablement malade Lauriano Perez fut envoyé en août 1944 au camp mouroir de Bergen-Belsen. Les SS quittèrent le camp le 12 avril 1945, en confiant la garde à mille cinq cents Hongrois sous le commandement d’officiers de la Wehrmacht. Les troupes Britanniques le libérèrent sans combat le 15 avril, une épidémie de typhus sévissait, l’évacuation des survivants ne s’effectua qu’à partir du 1er mai 1945. L’épidémie décima dix- sept mille déportés dont Lauriano Perez, matricule 31273, le 15 mai 1945. Les Britanniques détruisirent le camp aux lances flammes le 20 mai.
Les parents de Lauriano Perez devinrent Français par naturalisation le 14 février 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138756, notice PEREZ Lauriano, Romain par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 mars 2012, dernière modification le 17 avril 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/59 dossier 408. – Arch. PPo. BA 1928, 77W 70. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – JO n° 57, 8 mars 1997. – Bureau Résistance dossier 466496 (non homologué).

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