BERNARD Louis.

Par Jean Puissant

Lobbes (pr. Hainaut, arr. Thuin), 26 novembre 1878 – Lobbes, 2 mai 1959. Ouvrier métallurgiste puis dirigeant de coopérative, militant socialiste, militant syndical, dirigeant de la mutualité La Fraternité, bourgmestre socialiste de Lobbes, sénateur représentant l’arrondissement de Charleroi-Thuin.

Les parents de Louis Bernard tiennent la cantine des usines d’Hourpes (commune de Lobbes). « Naturellement », il devient ouvrier métallurgiste, tourneur en laminoir. Il poursuit ce travail dans la région de Charleroi, puis dans le Nord de la France jusqu’en 1912.

Louis Bernard participe à la fondation du Syndicat des tourneurs en cylindre du bassin de Charleroi. Il n’est pas actif lors de la grève de 1902. Il devient président du syndicat en 1905, fonction qu’il assume jusqu’en 1913. Après la Première Guerre mondiale, répondant à la demande de vingt-cinq anciens compagnons de travail, Bernard entreprend la reconstruction du syndicat et le dirige jusqu’à son adhésion à la Centrale des métallurgistes de Belgique (CMB) et au Parti ouvrier belge (POB).

Le 30 avril 1911, avec un cultivateur, D. Delforge, et quelques ouvriers, Louis Bernard crée un magasin coopératif - épicerie et textile - aux Bonniers à Lobbes et en devient le responsable. Le 12 mars 1912, il abandonne définitivement l’usine pour se consacrer à la coopérative qui compte septante membres. Une succursale est créée en 1922, La Maison du peuple en 1923, la salle des fêtes en 1927. Une pharmacie est envisagée en 1930, à la suite d’un conflit de la mutualité avec les pharmaciens. La petite coopérative se rapproche d’abord de la boulangerie coopérative de Boussu-lez-Walcourt (aujourd’hui commune de Froidchapelle, pr. Hainaut, arr. Thuin) puis s’intègre aux Magasins généraux de Philippeville (pr. Namur). Bernard siège au Conseil d’administration de cette grande union coopérative de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il est également inspecteur des coopératives. En 1932, il est appelé à la présidence du Conseil d’administration.

En 1901, Louis Bernard est cofondateur, avec Émile Clause*, notamment, de la mutualité, La Fraternité, à Lobbes. Il devient secrétaire de cette section en 1913, vice-président en 1919 et président en 1928. La Fraternité est alors l’une des trois grandes mutualités régionales qui composent la Fédération des mutualités socialistes du Centre (pr. Hainaut).

Personnalité importante, au confluent des trois sources constitutives du mouvement socialiste : syndicat, coopérative, mutualité, Louis Bernard entre en politique en 1911, lors d’une élection communale partielle. Il est le premier conseiller socialiste de la petite localité sambrienne. En 1913, il propose la création d’un cours de coupe couture, acceptée par la majorité catholique, mais réalisé au couvent des Sœurs de la Visitation. Avec des subsides de la Province, l’opposition fonde, à son tour, un cours libre qui sera repris par la Commune en 1922.

Louis Bernard est bourgmestre de Lobbes de 1921 à 1926, échevin de l’Instruction de 1933 à 1938 et à nouveau bourgmestre de 1939 à 1958, sauf du 5 mars 1942, date de sa destitution par l’occupant allemand, en raison de son refus de respecter l’ordonnance qui limite la fonction à l’âge de soixante ans, jusqu’à la Libération. C’est donc surtout comme municipaliste que se marque la personnalité de Louis Bernard. Il est à la base des grandes phases de modernisation de la commune : les routes, la distribution d’eau, l’électricité, le réseau des écoles, la construction de logements à loyer modéré, les problèmes de remise en activité de l’administration et de l’économie après les combats de mai 1940. Il propose un prêt de l’Union coopérative pour assurer le ravitaillement de la population.

Louis Bernard contribue incontestablement à assurer l’influence du POB et de son successeur dès 1945, le Parti socialiste belge (PSB), dans une région qui ne leur est pas sociologiquement favorable mais qui peut s’appuyer sur un noyau de familles ouvrières travaillant, soit à Jeumont (département du Nord, France), soit dans le bassin de Charleroi.

Louis Bernard est élu sénateur de l’arrondissement Thuin-Charleroi en 1936 malgré le recul socialiste. Même s’il n’est pas un ténor de la Haute Assemblée, il intervient régulièrement sur des questions régionales, les problèmes de pension des chômeurs, des travailleurs frontaliers. Il défend les intérêts des instituteurs intérimaires réduits au chômage, propose l’octroi de primes pour la construction d’habitations à bon marché. Toujours candidat en 1950, à l’âge de septante-deux ans, il n’est pas réélu et se consacre entièrement à la gestion de sa commune. Il a été secrétaire du Comité de patronage des habitations ouvrières de Thuin, Beaumont (pr. Hainaut, arr. Thuin) et Chimay (pr. Hainaut, arr. Thuin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138867, notice BERNARD Louis. par Jean Puissant, version mise en ligne le 14 novembre 2011, dernière modification le 15 novembre 2020.

Par Jean Puissant

SOURCES : JORIS F., 1885-1985. Histoire des fédérations. Soignies-Thuin, Bruxelles, 1985 (Mémoire ouvrière, 10) – SERWY V., La coopération en Belgique, t. III : Le développement de la coopération 1914-1944, Bruxelles, 1946 – Notice réalisée par Liliane Deck, section Journalisme de l’Université libre de Bruxelles, 1983.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable