CAPRON Auguste. [Belgique]

Par Jean Puissant

Jemappes (aujourd’hui commune de Mons, pr. Hainaut, arr. Mons), 1er février 1864 − Flénu (aujourd’hui commune de Mons), 14 février 1946. Ouvrier mineur, puis vendeur de journaux, fondateur puis dirigeant de plusieurs organisations ouvrières socialistes de Flénu, conseiller communal socialiste puis bourgmestre de Flénu, conseiller provincial du Hainaut.

Fils de mineur, mineur à l’âge de onze ans, Auguste Capron ne quitte pas son lieu de naissance : Flénu est en effet constitué en commune autonome en 1870, sous la pression de l’important charbonnage des Produits qui cherche à contrôler plus étroitement l’administration communale.

Auguste Capron participe pourtant en 1885 à la fondation de la coopérative de Cuesmes (aujourd’hui commune de Mons) avant de fonder celle de Flénu en 1895. Aucune des deux ne parvient à se maintenir. Il participe à la création de la Fanfare socialiste en 1894 à celle de la Jeune garde socialiste (JGS) en 1895. Il est candidat aux élections communales. Tout cela apparaît intolérable au charbonnage qui l’emploie et dirige la commune, il est congédié en 1894 et ne retrouve pas de travail. La JGS lance un appel le 25 mai afin qu’on achète Le Peuple, L’Écho du peuple, au citoyen Capron « qui n’a plus d’autres ressources pour donner du pain à ses enfants ». Devenu vendeur de journaux, Auguste Capron est donc devenu une sorte de propagandiste permanent mais bien mal payé.

Bien que la population soit exclusivement composée de mineurs, les organisations socialistes ne parviennent pas à se développer ni à remporter de succès jusqu’en 1912, date à laquelle trois conseillers communaux socialistes sont élus et s’opposent aux huit conseillers, élus grâce au charbonnage. Auguste Capron siège dans cette première délégation.
Auguste Capron est conseiller provincial du Hainaut. Seul le suffrage universel, instauré en 1919, permet, lors des élections communales de 1921, la victoire « sociologique » du Parti ouvrier belge (POB) qui remporte à son tour huit sièges sur onze. Capron devient bourgmestre et le dirigeant de toutes les organisations socialistes de Flénu.

Animateur de la coopérative de Flénu rétablie en 1912, Auguste Capron devient employé de l’Union des coopérateurs borains fusionnée, après la guerre. Il est membre du Comité fédéral du POB de 1924 à 1932. Son autorité, établie sur un incontestable militantisme ancien mais maintenue en raison de la tradition, est contestée durant la crise des années 1930 par une nouvelle génération JGS menée par un enfant de Flénu, Walter Dauge*.

Auguste Capron devient alors une sorte de « tête de turc réformiste » pour l’extrême gauche socialiste de l’arrondissement. Il est sévèrement battu aux élections communales de 1938, les partisans de Dauge emportant six sièges sur onze. Plus qu’un échec politique, il s’agit du succès de la jeunesse brillante sur l’ancienneté coutumière.

Bourgmestre jusque fin 1939, Auguste Capron démissionne de son siège de conseiller en janvier 1940, « comme un père chassé par des fils ingrats ».
Son fils, Oscar, ouvrier métallurgiste, syndiqué, membre de la Libre pensée, président du cercle dramatique de la jeunesse socialiste, musicien solo (bugle) à la fanfare et secrétaire de la Fédération locale du POB, est tué le 15 juillet 1916 sur le front de l’Yser.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138898, notice CAPRON Auguste. [Belgique] par Jean Puissant, version mise en ligne le 15 novembre 2011, dernière modification le 26 mars 2024.

Par Jean Puissant

SOURCE : PUISSANT J., L’évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage, Bruxelles, 1993.

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